Cinq unités d'intervention de la Gendarmerie nationale ont surpris hier, dans leur sommeil, à 6h du matin, les quelque 350 manifestants de In Salah qui bloquaient la RN1, depuis jeudi. Des sources locales parlent de sept arrestations, 24 blessés et la disparition d'un citoyen âgé d'une vingtaine d'années, répondant aux initiales de M. N., et que la rumeur donne pour mort. Les cinq unités d'intervention de la Gendarmerie nationale, en provenance de Tamanrasset et Ghardaïa, ont eu des difficultés à disperser les contestataires en campement depuis jeudi, pour protester contre l'inauguration d'un puits de gaz non-conventionnel dans la région. Les affrontements ont duré un peu plus d'une heure. Les quelque 350 manifestants se sont retranchés dans les deux cités donnant sur la RN1, en l'occurrence Haï-Essalem, et les 800 Logements. «Les forces de l'ordre ont usé de matraques et de bombes lacrymogènes. Il y a eu l'arrestation de sept personnes dont un a été relâché, 24 blessés et un jeune répondant aux initiales de M. N., qui s'est évanoui et dont on a perdu la trace», affirment des sources locales qui évoquent un probable décès de la personne en question. Selon les mêmes sources, des responsables de la gendarmerie, de la Protection civile et même de l'hôpital de la ville ont été contactés mais aucune précision n'a été donnée sur le sort du jeune disparu. «D'après des protestataires présents sur les lieux, M. N. s'est évanoui sous l'effet d'une bombe lacrymogène avant de recevoir un coup de matraque sur le crâne», ajoutent-elles. Contacté, le colonel Abdelhamid Kerroud, chargé de communication à la direction de la Gendarmerie nationale, n'a ni confirmé ni infirmé l'information. Quant au colonel Farouk Achour, chargé de communication à la Protection civile, il est resté injoignable. Le centre-ville abandonné aux manifestants ! Les protestataires ont fini par abandonner les deux cités donnant sur la RN1, servant de repli, avant de rejoindre le centre-ville de In Salah. La gendarmerie, ne pouvant pas intervenir en secteur intra-muros, s'est chargée de rouvrir la RN1 à la circulation et rétablir le transport de marchandises et de personnes. C'est alors que la contestation se généralise, avec piétons et automobilistes qui sillonnaient la ville, appelant l'ensemble des citoyens à investir la rue, selon toujours les mêmes sources. «Il faut savoir que In Salah dispose d'une Sûreté de daïra qui compte tout au plus 120 policiers. Il n'y a pas une seule unité spécialisée dans le rétablissement de l'ordre public. La police a donc laissé faire. Mais il faut s'attendre à l'arrivée de renforts », précisent-elles. Grève générale à partir d'aujourd'hui La daïra de In Salah compte 70 000 habitants, alors que la commune d'In Salah compte à elle seule 45 000 habitants. Les ruelles des cités sont étroites et sinueuses, ce qui rend toute intervention sécuritaire difficile. Ce qui explique le laisser-faire de la police dont le nombre est considérablement réduit. «Les 24 blessés (cités plus haut ndlr) ne se sont pas présentés à l'hôpital de peur de poursuites judiciaires. Mais la population a prévu des salles de soins à l'intérieur des cités. Cette action de protestation a été bien préparée et la population savait que les choses allaient en arriver là.» Enfin, il est à signaler que les manifestants sillonnant la ville ont appelé à une grève générale, et la population locale s'est entendue sur un débrayage à partir d'aujourd'hui, dimanche. «Tous les secteurs seront paralysés et les enfants n'iront pas à l'école jusqu'à ce que le ministre de l'Energie se présente à In Salah et s'explique avec la population sur le premier puits de gaz de schiste inauguré samedi dernier dans la région», précisent-elles.