Par Maâmar Farah Outre le fait que la surprenante autosaisie par le parquet d'Alger dans l'affaire Sadi étonne par sa célérité, remettant en cause la liberté d'opinion consacrée par la Constitution, on ne manquera pas de faire remarquer, qu'au fond, l'ancien leader du RCD n'a fait qu'exprimer des idées fortement ancrées dans l'histoire officielle de l'Algérie indépendante. Finalement, M. Sadi et M. Bouteflika devraient être d'accord puisque, si le premier critique M. Ben Bella, le second l'a simplement déposé avec ses amis du futur Conseil de la Révolution. S'il ne lui trouvait pas des défauts majeurs, l'actuel président aurait-il accepté de faire partie du cercle restreint qui a mené le réajustement révolutionnaire ? Et si, sur le tard, il a songé à réhabiliter M. Ben Bella, c'est à lui qu'il faut demander des éclaircissements, pas à M. Sadi qui peut dire aujourd'hui à ses détracteurs : «Moi, je n'ai pas fait de coup d'Etat ! Et si ce bonhomme est si pur que ça, pourquoi le 19 Juin 1965 ?» Concernant l'historique de M. Messali, on conviendra qu'il n'était pas en odeur de sainteté parmi l'équipe de Boumediène dont faisait partie M. Bouteflika. Je n'ai pas le souvenir de l'avoir entendu remettre à sa place l'homme au burnous quand ce dernier traitait justement le leader historique de «traître» ! Je n'avais pas la berlue en écoutant Boumediène marteler, du haut de la tribune du lycée Benzerdjeb, à Tlemcen même, des critiques acerbes contre le chef du MNA, allant jusqu'à reprocher à certaines familles d'avoir observé le deuil à la mort de ce dernier ! C'était quelques jours après son enterrement que le pouvoir de l'époque voulait le plus discret possible. Curieusement, le parquet d'Alger ne s'autosaisit jamais quand la haine, les insultes et la diffamation se déversent sur Boumediène. Mais nous serons toujours là, avec nos petits moyens, pour défendre l'honneur du grand révolutionnaire et bâtisseur qu'il fut !