Beaucoup de décisions mais très peu d'application sur le terrain. C'est le reproche fait par le secrétaire général de la Fédération textile et cuir de l'UGTA aux décideurs. Amar Takdjout se demande si ces derniers ne sont pas «autistes». Nawal Imès - Alger (Le Soir) C'est un constat sans appel que dresse le secrétaire général de la Fédération textile et cuir en évoquant les réformes économiques. Invité de la rédaction de la Chaîne III, Amar Takdjout a déploré le pléthore de décisions, de conférences et de rencontres entre experts sans pour autant que cela donne à des changements. Pire, dit-il, des décisions sont prises sans jamais faire l'objet d'application. Il existe, dit-il, des lois qui restent de longues années sans texte d'application. Et l'invité de la radio de se demander si les dirigeants algériens n'entendent pas ou ne sont pas tout simplement «autistes». Trop de temps, pense-t-il, a été perdu car la notion de l'acte économique est loin d'être acquise. C'est celle de la rente, déplore-t-il, qui prédomine. «Le drame, c'est qu'on essaye de gagner du temps au lieu de créer de la richesse dans d'autres secteurs», affirme-t-il, ajoutant que «le drame c'est que c'est l'ensemble social, politique et économique qui s'accroche à la rente et c'est fatal pour le futur». Amar Takdjout se demande pourquoi nos voisins ont réussi et pas nous. C'est parce que, dit-il, en Algérie, n'importe quelle décision met beaucoup trop de temps à être concrétisée. C'est le cas pour la restructuration du tissu économique et l'assainissement de l'environnement. La preuve ? «Les problèmes sont discutés et rediscutés sans résultats probants. Les choses n'avancent pas.» Inquiet, il appelle à trouver un moyen de sortir de cette situation qui l'inquiète au plus haut point. D'autres secteurs peuvent être explorés, affirme-t-il. C'est le cas du textile qu'il connaît bien. Il déplore le fait que ce secteur soit mis au placard sous prétexte que les cours du pétrole sont à leur meilleur niveau. Les filières coton et cuir sont en attente de mesures salvatrices depuis de longues années déjà. Le cuir, affirme Takdjout, est une filière d'exportation. La demande est forte à l'international mais en Algérie, dit-il, l'élevage est au stade primaire et les normes en matière d'abattage posent problème. A titre d'exemple, la Somalie exporte 2 millions d'ovins vers les pays du Golfe alors que l'Algérie importe de la viande. Dans le domaine de la fabrication de chaussures, la situation n'est guère meilleure. Il y a 30 années de cela, le secteur arrivait à produire 17 millions de paires de chaussures entre secteur privé et public. Aujourd'hui, c'est moins d'un million de paires qui sont produites. Le textile ne se porte pas mieux, avec 25 millions de mètres de fabriqués actuellement contre 150 millions de mètres, il y a quelques années. C'est pourtant dans l'économie primaire que des emplois et des richesses peuvent être créés.