Les journées du film jordanien d'Alger se sont clôturées avec la projection du long-métrage The United de Amine Metalka. Une comédie où le rire est beaucoup moins présent qu'une certaine démagogie passablement métaphorisée. Comme l'idée centrale du film, le casting est composé de plusieurs nationalités arabes dont la star égyptienne Farouk El Fichaoui qui campe le rôle d'un entraîneur de football déchu, sollicité par l'un de ses anciens joueurs, devenu manager, pour former une équipe panarabe. Le film commence comme une bonne comédie loufoque où les situations les plus farfelues se suivent au grand désespoir du coach qui voit défiler devant lui des jeunes indisciplinés, arrogants et maladroits. Parmi eux, le Marocain qui parle évidemment un arabe incompréhensible des autres, le Libanais narcissique qui ne veut passer la balle à personne, le Saoudien obèse, le Soudanais taciturne, l'Egyptien frivole, et bien sûr, le Palestinien qui est le seul garçon mature, calme et, de surcroît, génie du ballon rond... La première demi-heure du film est un concentré délicieux d'humour et de scènes hilarantes grâce notamment à une palette diversifiée de jeux d'acteurs où, curieusement, Farouk El Fichaoui est le moins inspiré. En effet, le comédien, absent depuis quelques années du grand écran, s'enlise malheureusement dans tous les travers du jeu télévisuel égyptien avec l'emphase quasi théâtrale et l'interprétation rudimentaire qui le caractérisent. Or, ce sont les autres acteurs, dont la plupart sont amateurs, qui vont porter avec brio le ton satirique du film jusqu'à ce que le scénariste décide par un tour de passe-passe, et sans le moindre souci d'harmonie, de virer vers le mélo le plus pesant avec, en prime, une forte dose de moralisation. On le comprendra très vite : cette histoire aux allures fantasques d'une équipe de foot improbable et déjantée n'est que le prétexte pour un discours aussi éculé que mal adapté aux exigences du cinéma : le fameux fantasme de l'Union arabe, symbolisé ici par la représentation populiste qu'est le foot. Le discours est basique et démagogique à souhait : lorsque les joueurs prendront tous conscience qu'ils doivent s'unir et oublier leurs différences et différends pour gagner le match décisif, l'image est aussi élémentaire qu'une mauvaise caricature. C'est donc les nations arabes qui doivent suivre l'exemple de cette petite équipe de foot car «l'Union fait la force», etc. Les longs sermons de Farouk El Fichaoui ne laissent pas la moindre chance à la métaphore, aussi puérile soit-elle, d'atténuer la pesanteur du discours direct. La superficialité de la démarche atteint son comble quand on découvre que l'équipe adverse contre laquelle il faudra absolument remporter la victoire est un club... français ! Après une première défaite, l'entraîneur va tout faire pour galvaniser ses joueurs et organiser une partie de revanche à Paris : «On va venger notre fierté et les battre sur leur propre sol !» Le fameux match sera digne d'une héroïque prestation de dessin animé du type «Captain Madjed» avec coups de ciseaux et longs dribbles acrobatiques à l'appui, puis pour couronner le tout un «Allah akbar» saluant le but triomphal ! Tanguant entre les bons sentiments et la propagande la plus naïve de l'esprit panarabiste, The United est le premier film moyen-oriental produit par «Walt Disney»... Ceci expliquant cela !