Le cancer est une maladie lourde à porter. Outre les répercussions de la maladie sur la santé, les séquelles psychologiques ont aussi leur poids. Quant au parcours du cancéreux, il est un véritable périple. Rym Nasri - Alger - (Le Soir) A partir du moment où le cancer est découvert, le malade est confronté à de pénibles démarches : prises de rendez-vous, consultations, séances de chimiothérapie, chirurgie pour certains types de cancers et enfin séances de radiothérapie. Une véritable course contre la montre, évolution rapide de la pathologie oblige. La radiothérapie est souvent l'étape la plus complexe. C'est la hantise des cancéreux. Décrocher un rendez-vous proche pour ces séances relève de l'exploit. Les rendez-vous sont très éloignés, voire renvoyés à plus d'une année, parfois reportés ou carrément annulés. Une réalité amère due au manque de centres de radiothérapie. Souvent à l'arrêt, les sept centres de radiothérapie existants en Algérie ont été dernièrement renforcés par deux nouveaux centres, un à Sétif et un autre à Batna. Pourtant, ils demeurent insuffisants face au nombre croissant des cas de cancer. Faute de radiothérapie, de nombreuses femmes atteintes de cancer du sein ont fini par subir une ablation. D'autres cas sont décédés des mois avant le jour de leur rendez-vous. Au célèbre CPMC (Centre-Pierre-Marie Curie) à Alger, la salle d'attente du service radiothérapie ne désemplit jamais. Hier encore, les lieux étaient noirs de monde. Tous les sièges sont occupés. Les patients attendent avec impatience leur tour. Les signes de fatigue sont visibles sur leurs visages. L'atmosphère est pesante. Ils se scrutent des yeux. Tous silencieux, rares sont ceux qui osent entamer une discussion. La fatidique maladie est souvent l'incontournable sujet. «J'ai un cancer au visage suite à un accident. Je suis tombé et me suis cogné le visage. Une blessure qui s'est transformée en cancer», raconte Mohand à un sexagénaire assis à côté de lui. Un voisin qui semble plutôt réservé et qui ne fait qu'acquiescer avec la tête. «Heureusement que mon médecin l'a vite diagnostiqué», ajoute-t-il. Après un long et lourd traitement, Mohand atterrit au service de radiothérapie. «Je suis à ma dixième séance de radiothérapie et j'ai hâte d'en finir. J'habite à Ighzer Amokrane, dans la wilaya de Béjaïa, et je suis hébergé chez la famille ici à Alger», dit-il, visiblement gêné par son long séjour. Enveloppée dans sa longue djellaba noire et son foulard à fleurs, laissant découvrir un soupçon de frange teinte au henné, Taous attend silencieusement son tour. Assises à ses côtés, ses deux accompagnatrices tentent de la détendre un peu. Ayant souffert d'un cancer du sein, cette quinquagénaire a subi une ablation. «Nous venons de Tizi-Ouzou et nous accompagnons notre cousine pour ses séances de radiothérapie», dira l'une de ses accompagnatrices. Les yeux hagards, Taous laisse deviner sa lassitude. Torturée et épuisée par sa maladie durant longtemps, cette mère de famille n'a qu'un seul souhait. «En finir vite avec ce traitement pour rentrer chez moi et m'occuper de mes deux filles», dit-elle.