Amar Saâdani n'est pas du tout convaincu par «l'initiative du FFS». Il l'a exprimé publiquement, pour la première fois jeudi dernier lorsqu'il recevait une délégation de l'Alliance nationale républicaine conduite par son secrétaire général, Belkacem Sahli, au siège du Front de libération nationale à Hydra. «Une conférence de consensus national ? Mais autour de quoi se fera ce consensus ?» lâchera le SG du FLN. Cruelle interrogation ! Kamel Amarni - Alger (Le Soir) A Belkacem Sahli qui exprimait les réserves de son parti par rapport à cette «initiative», en insistant notamment sur le «respect des institutions élues», Saâdani répondra par quelques remarques dévastatrices. «Vos réserves sont les nôtres, par rapport au FFS. Ce parti était dans l'opposition et il n'avait aucune présence sur le terrain. Il s'était marginalisé ou l'a-t-il été ? Aujourd'hui, il vient avec une grande initiative. Mais bon, faire le consensus, autour de quoi ? Pour qui est destinée cette initiative ? Aux partis du gouvernement ou à ceux de l'opposition ?» Il faut rappeler que Amar Saâdani avait reçu, à deux reprises, les dirigeants du FFS pour débattre de ce sujet. A l'issue de la deuxième rencontre, jeudi 29 janvier dernier, il avait eu à signifier à ses interlocuteurs que le FLN faisait de la légitimité de Bouteflika «une ligne rouge», un sujet qui ne doit aucunement être évoqué lors de cette «conférence». Ce que le FFS avait accepté ! Une semaine après, il rajoute une «rafale» de conditions qui cache mal un refus diplomatique. «Le FLN refuse de participer à une rencontre à laquelle prendraient part des partenaires autres que les partis politiques agréés, comme des associations ou des personnalités ou individus.» Ce n'est pas tout. «Le FLN, ajoutera encore son secrétaire général, parti majoritaire, refuse de prendre part à une quelconque rencontre ou conférence où il serait sous la présidence de quiconque.» Il apparaît clairement que les deux rencontres entre le FLN et le FFS n'auront servi absolument à rien. Amar Saâdani qui, le 29 janvier, assurait pourtant que «cette initiative du FFS jouissait du soutien de la présidence de la République», revoit considérablement sa position. «Toutes ces questions ne sont pas encore maturées», achèvera-t-il au sujet de «cette conférence du consensus du FFS» à laquelle l'autre grand parti du pouvoir, le RND, avait déjà signifié son refus, et que tous les autres partis de l'opposition, notamment ceux regroupés au sein de la CNLTD, considèrent même comme une manœuvre du pouvoir destinée à torpiller la leur. Avec son «initiative» sans contenu, il était difficile, en effet, pour le FFS de ne pas faire un grand consensus contre lui, sur la scène politique. Ce d'autant plus que nul n'ignore au sein du pouvoir ou dans le camp de l'opposition, que cette insolite trouvaille d'une rencontre «à feuille blanche», n'est en réalité qu'un emballage des négociations toujours en cours entre le pouvoir et le FFS, en vue de l'entrée de ce dernier dans le gouvernement...