Fervent lecteur du quotidien Le Soir d'Algérie, je vous prie d'insérer dans vos colonnes l'article qui suit en réponse à l'écrit paru en date du mardi 13/01/2015, émanant de monsieur Lakhdar Hamidi, intitulé «Arrêtez de vous plaindre». De grâce monsieur Hamidi, ne tirez pas sur le corbillard, vous criblerez inutilement un cadavre longtemps malmené et complètement désarticulé par l'incurie administrative et l'hypocrisie des décideurs. Votre diatribe ne fait qu'accentuer ses malheurs, et le propulser directement en enfer. Le retraité ne vit pas dans l'opulence, que vous tentez de nous décrire comme une certitude absolue. Si c'est le cas, votre but est raté, il aurait été plus pertinent de piocher dans les vrais prédateurs qui rongent l'économie nationale. La digression avec laquelle le sujet est développé m'amène à douter de votre sincérité et du bien-fondé de vos dires. Peut-on sérieusement de nos jours garantir à ses enfants une vie digne, sans restriction, avec un salaire minable de 4 000 DA par semaine et, comble de l'ironie, satisfaire à l'ensemble de leurs besoins ? Avez-vous réellement mesuré l'étendue des conséquences psychologiques dues aux privations et aux désirs étouffés de votre progéniture ? Il faut être bien futé pour nous faire avaler une telle couleuvre ! A moins que vous possédiez d'autres ressources, et une rente viagère cédée probablement en monnaie forte, sonnante et trébuchante. Personnellement, ne me demandez plus de serrer la ceinture, mon estomac a totalement disparu de «l'appareil digestif». Par ailleurs, je ne comprends pas votre acharnement à vilipender les vétérans de ce pays, qui ont tout donné à la nation, sans rien exiger en retour. Durant les années de disette, et de terreur, leur seul objectif était la sauvegarde de la nation des dérives qui la menacent. Aujourd'hui, ils sont en droit d'exiger un juste partage des richesses, à la mesure des sacrifices consentis. L'analyse que vous décrivez prête à confusion, à cause de l'amalgame sciemment entretenu, et à l'affût de l'observateur averti. Sachez que le chômeur et le retraité font face à une même politique discriminatoire. Les jeunes sans emploi vivent des jours sans lendemain et les seniors se lamentent d'un passé frustrant. Dans beaucoup de familles, le pécule dérisoire du vieux reste l'unique consolation du ménage pour se soustraire à l'humiliation et au désespoir. On est loin, Monsieur de la «Qanaâ» (ni rassasié ni insatiable). Enfin, si un jour nos dirigeants consentent à nous balancer quelques miettes ne venez surtout pas «picorer» avec nous, votre fierté ne vous le permettra pas. Pour atténuer votre ardeur, je vous recommande de lire ou de relire les textes législatifs, pour cadrer à juste titre les manquements aux droits les plus élémentaires des pensionnés. Il n'est dans mon intention à travers cet écrit de recenser les justes revendications des retraités, elles feront l'objet d'un autre article, mais il est urgent de délimiter les allégations des personnes malintentionnées, du vécu réel d'une frange de citoyens, qui n'a bénéficié malheureusement ni de rente pétrolière ni de la compréhension des responsables. Sans rancune, Monsieur Hamidi, je vous dirais simplement : «Arrêtez de triturer !» Un jour, vous passerez encore à côté de la plaque. Nous continuerons néanmoins à revendiquer nos droits et les vôtres. Sadouki Ali, Ksar El-Boukhari