La coalition internationale qui mène des frappes contre le groupe Etat islamique (EI) en Irak doit protéger les sites archéologiques que les jihadistes veulent détruire, a déclaré dimanche le ministre irakien du Tourisme et des Antiquités. Ces dernières semaines, l'EI a brisé d'inestimables objets conservés au musée de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, avant de viser la cité pluri-millénaire de Nimroud et, selon l'ONU, celle fortifiée de Hatra, fondée il y a plus de 2 000 ans. «Ce que je demande à la communauté internationale et à la coalition internationale, c'est de frapper le terrorisme où qu'il soit», a déclaré Adel Fahd al-Cherchab à des journalistes à Baghdad. «Nous demandons un soutien aérien», a-t-il ajouté. Car «le ciel n'est pas contrôlé par les Irakiens, le ciel n'est pas dans nos mains. Donc, la communauté internationale doit se servir des moyens qu'elle a», a-t-il ajouté. «Hatra est un site au milieu du désert où l'on peut voir (depuis les airs) n'importe quelle infiltration», a avancé le ministre irakien. Les destructions du patrimoine irakien ont lieu dans les zones contrôlées par l'EI dans la province de Ninive (nord), où le gouvernement irakien est incapable d'intervenir, faute de troupes suffisantes. D'autant que des dizaines de milliers d'hommes sont mobilisés autour de la ville de Tikrit, plus au sud, pour tenter de la reprendre aux jihadistes. Cibler les jihadistes marquerait un changement pour la coalition, qui mène jusqu'à présent des frappes visant à affaiblir les capacités militaires de l'EI en Irak et en Syrie voisine. L'Unesco a condamné dimanche la destruction de Hatra, une ville fortifiée particulièrement bien conservée où architectures orientale et occidentale se mêlent. Mais M. Cherchab a précisé que son ministère n'avait pu confirmer ces informations. «On s'attendait à ce qu'ils cherchent à la détruire», a-t-il indiqué. L'EI justifie ces destructions en arguant que les statues favorisent l'idolâtrie. Mais selon plusieurs experts, les «idoles» si vivement dénoncées dérangent moins les jihadistes lorsqu'il s'agit de les vendre au marché noir. «Ils disent «c'est haram» et en même temps ils en vendent et en profitent financièrement», a dénoncé le ministre.