Par Kader Bakou «Les enfants blancs sont-ils tous aussi beaux ?» demanda spontanément une enfant noire américaine, qui pour la première fois de sa vie avait vu une enfant blonde des beaux quartiers de sa ville. Ça, c'était une scène d'un film américain sur les questions raciales dans l'Amérique contemporaine. Au-delà des différences ethniques, religieuses et linguistiques, il existe différents «peuples» en Algérie. Le plus important (par le nombre) est «le peuple élu», car, dit-on, infaillible et, de ce fait, a toujours raison. Ce «peuple élu» dont on a besoin, surtout lors des élections, est courtisé par pratiquement tous les politiciens au pouvoir et dans l'opposition. Ainsi, un homme politique se présente, souvent, comme étant une simple incarnation des «aspirations profondes» du peuple ou son porte- parole inné. Ces mêmes politiciens n'hésitent pas à le manipuler en douce et à parler en son nom de choses que lui- même ignore parfois. C'est aussi parmi ce «peuple élu» que se recrutent les faux dévots, les chauffards terreur des routes, les hooligans dans les stades et ailleurs, les harceleurs de femmes dans la rue, les casseurs en tous genres, etc. Le «peuple élu» est bourré de ces «qualités», sources intarissables de la violence sociale en Algérie. Le peuple est un nombre indéterminé d'individus. Une multiplication d'individus «bons» multiplie la bonté. Une multiplication d'individus «mauvais» complique la vie de tous. La classe intellectuelle, au fond, se considère comme «le vrai peuple élu». Mais, certainement par populisme, cette classe intellectuelle n'a pas voulu (ou pas su) assumer son rôle d'«élite» et de locomotive de développement dans les domaines des idées et des mentalités. Cet autre «peuple» algérien est d'une telle discrétion ! Pratiquement, on ne le voit que dans de belles voitures dans nos rues et parfois dans les galeries d'art et les salles de spectacles, notamment lors des concerts de musique classique. Ce sont des hommes et des femmes de type européen. Ils sont d'authentiques Algériens et portent des noms et des prénoms arabes, comme vous et moi (ce n'est pas d'eux que Rachid Bahri parle dans sa célèbre chanson). Ils s'expriment généralement en français. Quand on leur parle en arabe algérien, ils répondent parfois en arabe algérien, parfois en français. Ils sont, donc, d'une grande discrétion. Au volant, ils conduisent avec prudence et respectent le code de la route. Calmes, ils ne répondent pratiquement jamais aux provocations des autres automobilistes. Ils ont l'air gentil avec leurs traits apaisés. Parmi eux, il y a beaucoup d'enfants «métis», nés de mariages mixtes. Ces Algériens semblent fuir cette caricature de la «dictature du prolétariat» ambiante et vivent en communauté fermée. Il n'y a pas que les différences de classes et les lois racistes qui créent des «frontières» invisibles entre les communautés d'un seul pays. Le manque d'éducation aussi ! Les enfants de ces Algériens de type européen sont-ils tous aussi beaux que ceux que nous voyons dans leurs belles voitures ? K. B.