Les hommages se multiplient, se succèdent d'année en année, mais pour la fondation Abdelkader Alloula, il n'est pas question qu'ils se ressemblent ou encore qu'ils soient vidés de leur sens principal de poursuivre la création et de laisser germer les graines de la passion pour l'art que nourrissait feu le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Pour le 20e anniversaire en 2014 commémorant son assassinat le 10 mars 1994, la fondation Abdelkader Alloula avait lancé «Les rencontres Abdelkader Alloula». Ce jeudi, les membres de la fondation et à leur tête Rihab Alloula feront un bilan symbolique de ces rencontres, qui furent, disent-ils, un risque gagnant. «On a risqué en se disant allez on se jette à l'eau et même si certains ne savent pas nager, on finira par s'entraider et s'en sortir. L'essentiel est que nous avons essayé, nous avons osé et l'impact a été immense pour nous et pour le public». Ces rencontres théâtrales et artistiques seront inscrites en biennale, explique Nabila Guermesli, trésorière de la fondation. «Les rencontres Abdelkader Alloula se tiendront tous les deux ans, donc la seconde édition aura lieu en mars 2016. Un programme prévisionnel pour 2016 a été dressé par les intervenants, indiquant que la nouveauté pour les prochaines rencontres sera l'organisation de résidences de créations entre troupes. «Un appel sera lancé aux troupes participantes leur permettant de travailler ensemble sur la base d'une plateforme qui consiste en un texte de Abdekader Alloula. Il va y avoir non seulement du théâtre, de la musique mais aussi de la danse qui sera présentée sur la base d'une création s'inspirant de ce même texte», explique Rihab Alloula. En préparation pour les prochaines rencontres, la restauration des affiches de scène de feu Abdelkader Alloula. A ce sujet le grand comédien du TRO Belkaïd dira qu'il s'agit des affiches datant de la fin des années 1960. Une belle initiative qui permettra au public d'admirer ces affiches lors d'une exposition. Autre projet qui concrétise la vision que se fait la fondation Abdelkader Alloula de ces hommages, à savoir rester dans la création et perpétuer l'œuvre du dramaturge et ce, en rééditant toute l'œuvre du défunt, permettant ainsi l'accès au large public à son travail. Des tables rondes seront au programme en collaboration avec l'Université d'Oran, qui n'a de cesse contribuer à commémorer la mémoire du dramaturge par des rencontres, des cours dispensés aux étudiants, des magisters... Et récemment à l'initiative du département de la Faculté des arts de l'Université d'Es-Sénia, le Dr Mansouri Lakhdar a annoncé la création d'un espace de répétition baptisé au nom de Abdelkader Alloula. Lors d'une rencontre en hommage au grand dramaturge, organisée mardi dernier au département des arts de l'Université d'Oran, un ouvrage sur «l'expérience de la mise en scène chez Abdelkader Alloula» a été présenté. Cet ouvrage, édité par le laboratoire d'archives du théâtre algérien du même département, est signé par le Dr Mansouri Lakhdar. Toutefois, tenant à marquer cette date de commémoration 21 ans après son assassinat, un après-midi symbolique a été organisé ce jeudi par la fondation, à travers une exposition photo, des rencontres de 2014 dans le hall du Théâtre régional d'Oran, ainsi qu'une projection d'un film retraçant les moments forts de la première édition. La troupe de théâtre Hamou Boutlilis tenait à prendre part à cet hommage en offrant au public la générale d'une pièce de théâtre intitulée Hajret Essabr (pierre de patience) un texte adapté par Mourad Senouci, du roman de l'Afghan Atiq Brahimi mise en scène par l'artiste française Guillemette Grobon et interprétée brillamment par la comédienne Adila Bendimerad, ainsi que le comédien Adel Bentounsi, qui n'a pas démérité lors de ce spectacle touchant.