Lundi après-midi, ils étaient 9, tous des cadres de la Direction de l'éducation, cités à comparaître devant les juges du tribunal de première instance de Aïn Defla poursuivis pour une affaire qui traîne depuis trois années, affaire dans laquelle ils ont été accusés d'avoir contrevenu au code des marchés publics pour l'acquisition d'équipements pour les cantines scolaires pour un montant de 5 millions de dinars. Après plusieurs reports et autres ajournements, l'affaire était en délibération. Lors d'une dernière comparution, le ministère public avait requis une peine de sept années d'emprisonnement ferme et 1 million de dinars d'amende. Lundi dernier donc, la justice a tranché en disculpant totalement les neuf accusés dont le directeur de l'éducation et ont tous été acquittés. Quelle est donc la teneur de cette «affaire de l'académie» qui a été à maintes reprises montée en épingle à cheveux par certains canaux semeurs de «bonnes nouvelles» ? Selon les informations que nous avons pu récolter auprès de sources concordantes, l'affaire a débuté en 2010, quelque temps après l'arrivée de Belaïd Meziane à la tête du secteur de l'éducation de Aïn Defla. A l'époque, devant la nécessité absolue d'acquérir des équipements pour mettre en service des cantines scolaires, pour faire face à la pression, la Direction de l'éducation, voulant gagner du temps en évitant les lourdes contraintes du comité des marchés, a scindé le marché de 500 millions de centimes en 2 lots de 250 millions de centimes chacun, et c'est ce qui fut fait, une démarche non interdite par la loi, nous a-t-on indiqué. Toujours selon nos sources, il n'y a eu aucun détournement, tous les équipements ont été reçus, inventoriés et affectés aux cantines ciblées. Alors pourquoi le directeur de l'éducation et ses adjoints, en l'occurrence, l'ex-inspecteur des cantines scolaires, les 3 membres chargés de l'ouverture des plis des soumissionnaires, les 2 membres de la commission d'évaluation, les 2 fournisseurs, se sont –ils alors retrouvés au banc des accusés ? A ce sujet, il nous a été donné d'apprendre qu'en fait, tout est parti d'une lettre anonyme émanant d'anciens cadres qui avaient été écartés et qui s'étaient jurés d'avoir la tête du directeur du secteur, quitte à recourir à ce procédé souvent mal intentionné et revanchard qui a envoyé bien des gestionnaires derrière les barreaux à tort ou à raison, un procédé d'ailleurs craint des gestionnaires qui, de peur d'être dénoncés à tort chaque fois qu'il prennent une sanction contre X, préfèrent se cantonner dans les longues procédures administratives quitte à perdre beaucoup de temps dans les méandres des procédures administratives, les lourdeurs bureaucratiques imposées par un code que ne cesse de susciter la réprobation des responsables. Comment explique-t-on cet acquittement groupé ? Selon une source proche de l'affaire, «le dossier d'accusation était vide». Le ministère public essuie, ainsi, un désaveu eu égard aux lourdes peines requises. «J'étais serein, pour n'avoir commis aucun délit, et confiant en la clairvoyance de la justice», aurait confié le directeur de l'éducation. Un épilogue donc heureux pour les neuf accusés de «l'affaire» de l'académie».