Très attendu par l'opinion publique nationale et internationale, le procès de l'affaire Sonatrach I prévu hier au niveau de la cour d'Alger n'a pas eu lieu. Il a été reporté par le président du tribunal criminel après la décision du collectif de la défense de se retirer. Une situation inattendue qui a contraint le tribunal criminel de prendre la décision du report après délibérations. Abder Bettache - Alger (Le Soir) C'est hier en début de soirée, soit à 18 heures 30 mn, que la décision du maintien ou du report du procès de l'affaire Sonatrach I a été prise par le président du tribunal criminel après une intense bataille de procédures engagées entre les différentes parties concernées par cette affaire, soit la défense, l'accusation et le président du tribunal criminel. La défense, qui a affiché dès le début son intention de reporter le procès, a mis en place une stratégie qui a contraint le président du tribunal, M. Reguad, de renvoyer l'affaire à la prochaine session criminelle. En effet, à l'origine du retrait de la défense, la détermination du président de séance de maintenir le déroulement du procès et ce, malgré l'absence à la barre de 38 témoins sur la soixantaine concernée. Face à la «détermination» du magistrat, les avocats ont annoncé par le biais de l'avocat Sadek Chaïb, «la décision de la défense de se retirer du procès ». Un seul avocat a exprimé sa volonté du maintien du procès. Il s'agit de Me Mokrane Aït Larbi, qui a indiqué : «mon client se trouve en prison depuis cinq années et par voie de conséquence, l'absence ou la présence des témoins ne peut à aucun moment influer sur le déroulement du procès». Ainsi, si le président du tribunal criminel a été contraint de renvoyer le procès à la prochaine session, il a toutefois rejeté, après délibérations, la demande formulée par Me Miloud Brahimi de faire bénéficier les détenus de la liberté provisoire. L'audience qui a débuté dans la matinée a été suspendue durant plusieurs heures en raison de l'absence de l'interprète en italien pour l'audition du représentant de Saipem. Le tribunal a convoqué des interprètes assermentés pour l'Allemand, le Français et l'Italien afin de pouvoir auditionner toutes les parties impliquées dans cette affaire mais l'interprète d'italien ne s'est pas présenté. Pour rappel, dix-neuf personnes dont des responsables du groupe Sonatrach et de sociétés étrangères devaient répondre de faits liés à la corruption dans le cadre de l'affaire dite Sonatrach I. Les faits reprochés aux prévenus et contenus dans l'arrêt de renvoi sont, notamment, «association de malfaiteurs, passation de marchés contraires à la loi pour accorder des privilèges injustifiés à des tiers, blanchiment d'argent, augmentation de prix dans des contrats avec une entreprise publique, détournement de deniers publics, blanchiment d'argent et corruption». Huit directeurs exécutifs de Sonatrach dont Amar Zenasni, responsable du transport par pipeline, et le directeur des activités d'amont Belkacem Boumediène étaient dans le box des accusés avec quatre sociétés étrangères qui ont «bénéficié frauduleusement» de marchés publics. Selon l'arrêt de renvoi, les faits concernent cinq marchés frauduleux d'une valeur de 1 100 milliards de centimes «accordés par l'ex-P-dg de Sonatrach, Mohamed Méziane, au groupe allemand Contel Algérie Funkwerk Pletarc dans le cadre d'un projet d'acquisition d'équipements de télésurveillance et de protection électronique des complexes du groupe national à travers le pays». Selon la même source, le groupe Sonatrach avait conclu un marché frauduleux avec Saipem Algeria (Italie) pour la réalisation du gazoduc liant l'Algérie à l'Italie (Sardaigne).