Avec Saïd Sadi, auteur du roman Askuti et Amar Mazdad qui a écrit Enbi, le Prophète, traduction du roman éponyme du libanais Gibran Khalil Gibran, Rachid Aliche fait partie de la génération d'auteurs précurseurs du roman d'expression kabyle qui ont accompagné l'éveil identitaire durant les années 1980. Son premier roman, Asfel (le sacrifice), a été édité en 1981. Il sera suivi par Faffa, une figure et une construction stylistique intraduisible donnant un détournement du sens cocasse, voire ridicule du mot France. Tout est mis dans cette espèce de mot-valise qui annonce le sens et la portée du roman qui raconte les affres de l'émigration. Né en 1953 à Taguemount-Azouz, commune d'Aït-Mahmoud, dans la daïra d'Aït-Douala, Rachid Aliche était diplômé en physique-chimie, exercice professionnel qu'il a mené de pair avec son engagement pour la défense et la promotion de la langue, le patrimoine et la culture amazighs. A côté de son investissement dans la production littéraire et le passage de l'expression orale au domaine écrit de la langue kabyle et amazighe, en général, Rachid Aliche a produit aussi des émissions pour enfants et des cours de langue berbère à la Radio nationale Chaîne II d'expression kabyle. Il décédera, des suites d'une longue maladie, à Alger, le 18 mars 2008. Sa disparition précoce a éteint le talent et la prodigalité créative, tout un potentiel et un gisement qu'il aurait pu mettre, s'il était encore en vie, au profit de l'enrichissement de la bibliothèque du domaine d'expression kabyle qui en a tant besoin et qui nous aurait, certainement, évité les mièvreries scripturaires qui inondent et polluent le marché de l'édition en langue kabyle. A l'occasion du septième anniversaire de sa disparition, un hommage de deux jours, lui a été rendu par l'association de culturelle Tizizwit d'Aït-Douala et la Direction de la culture de Tizi-Ouzou. L'événement a été abrité par la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou. Au programme, une exposition d'archives, livres et projection vidéo sur la vie de Rachid Aliche. La salle de spectacles a abrité une pièce théâtrale Huska, produite et jouée par les comédiens de l'association culturelle Igawawen. Il y a eu aussi du chant choral Tizizwit Dda Racid, vie de Rachid Aliche racontée par la chorale constituée par les enfants de la crèche Thiziri de Tizi-Ouzou. Un récital poétique et une conférence-débat devaient être animés par le journaliste et écrivain Rachid Oulbsir.