L'ouverture officielle de la sixième édition du Festival international de la littérature et du livre de jeunesse (Feliv) a été «délocalisée», cette année vers la Grande-Poste au cœur du «vieux» Alger. D'une pierre deux coups, la cérémonie d'ouverture, jeudi, avait au programme le vernissage de l'exposition «Littérature algérienne au féminin : éclats de voix» à la station de métro de la Grande-Poste (littérature underground ?). L'édition 2013 du Feliv se déroulera du 13 au 23 juin à l'Esplanade de Riadh El-Feth à Alger, mais aussi à Tipasa et à Tizi-Ouzou. En 1979, Kateb Yacine a écrit dans la préface du roman La Grotte éclatée de Yamina Mechakra : «Actuellement en Algérie, une femme qui écrit vaut son pesant de poudre.» Dans la même préface, l'auteur de Nedjma écrit au sujet de Histoire de ma vie, l'autobiographie de Fadhma Aït Mansour Amrouche, la mère de Taos et de Jean El-Mouhoub Amrouche : «Il s'agit d'un défi aux bouches cousues : c'est la première fois qu'une femme d'Algérie ose écrire ce qu'elle a vécu, sans fausse pudeur et sans détour.» Atravers l'expo «Eclats de voix», c'est un hommage à dix écrivaines algériennes dont Yamina Mechakra, Zhor Ounissi, Malika Mokkedem, Maïssa Bey, Djamila Zennir et Zoulikha Saoudi. Née en 1913 à Ihgil Ali, Marie-Louise Taos Amrouche est la première romancière algérienne d'expression française. Décédée en 1976, elle est l'auteur de romans comme Jacinthe noirepublié en 1947 et L'amant imaginaire (1975). Myriam Ben, de son vrai nom Marylise Ben Haïm, est née en 1928 à Alger. En 1954-1955, elle collabore au journal Alger Républicain, puis s'engage dans la guerre de Libération algérienne en devenant agent de liaison dans les maquis de l'Ouarsenis. En 1958, elle sera condamnée par contumace à vingt ans de travaux forcés par le tribunal militaire d'Alger. Restée en Algérie après l'indépendance, elle sera contrainte de s'exiler en France lors de la décennie noire dans les années 1990. En 1999, elle publie ses mémoires sous le titre Quand les cartes sont truquées. Myriam Ben est morte le 19 novembre 2001 à l'hôpital de Marseille. Dans la biographie d'Assia Djebar, le mot «première» revient plusieurs fois. Ainsi, en 1955, elle a été la première Algérienne admise à l'Ecole normale supérieure de Sèvres (France). En 2005, elle sera la première algérienne, élue à l'Académie française. Ahlam Mosteghanemi est l'écrivaine arabophone la plus lue dans le monde arabe. Son roman le plus connu est Mémoire de chair (1993). Bestseller avec plus de deux millions d'exemplaires, ses œuvres sont traduites dans plusieurs langues. L'expo «Littéraire algérienne au féminin : éclats de voix» est ainsi un hommage à ces dix écrivaines qui valent leur pesant d'or et de poudre.