«Les armées arabes et les révolutions arabes». C'est la thématique de la conférence-débat organisée par l'Institut national d'études de stratégies globales (Insag) jeudi dernier et dont Jean-François Daguzan était l'animateur. Pour lui, «l'instabilité» et la «solidité» des institutions militaires des pays arabes résument à elles seules la particularité de chaque pays. Abder Bettache -Alger – (Le Soir) Devant un parterre d'experts militaires, de juristes, de politologues et d'analystes, le conférencier qui est, par ailleurs, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche scientifique (FRS), a tenté d'expliquer sur un plan de sociologie militaire et de science politique, les interactions entre institution militaire et pouvoir politique dans les pays où des «révolutions» ont abouti au renversement des régimes, chronologiquement en Tunisie, en Egypte et en Libye. Ayant déjà traité le sujet en 2013 sous le thème «armées et sociétés dans le monde arabes : entre révolte et conservatisme», l'invité de l'Insag a indiqué que «les événements qui se sont déroulés depuis 2011 en Tunisie, en Egypte, en Libye, au Yémen et en Syrie remettent en évidence le rôle de l'armée dans les pays arabes, et plus précisément dans les situations de transition politique ou de ruptures révolutionnaires». Autrement dit, essayer d'expliquer les différents comportements observés chez les militaires de ces pays, revient à rechercher les raisons qui les ont poussés dans une situation de crise antérieure, à choisir d'appliquer ou non, l'ordre du pouvoir ou s'engager avec la population. C'est à partir de cette approche que le conférencier dira que deux facteurs déterminant les caractéristiques des armées dans la région arabe, notamment lors de ces «révolutions». Selon lui, l'idée générale de la conférence est de «dire que la question des forces armées au moment des révoltes arabes révèle à la fois leur instabilité et leur solidité». Il cite à ce propos, le lien entre l'Etat et la nation et le rôle que joue l'armée, en relevant l'exemple de l'Algérie et l'Egypte ou alors le contraire, soit l'explosion sociale et le chaos qui s'installent, en mettant en exergue le cas des pays comme l'Irak, la Libye et le Yémen. Selon lui, le cas de la Syrie est situé entre ces deux exemples. Selon le conférencier, le débat sur la question mérite une longue dissertation et un large débat. Les participants à cette rencontre sont arrivés à la conclusion que la présence parfois écrasante des armées sur la scène politique arabe est le fruit des processus de constitution des Etats de la région après la Première Guerre mondiale et dans la période de décolonisation. Selon les cultures ou les histoires respectives de chaque pays, le rôle et la place des armées sont différents. Cependant, la cristallisation dictatoriale qui s'est effectuée au fil des années a fait progressivement peser une chape de plomb sur les sociétés locales. Le directeur adjoint de la Fondation pour la recherche scientifique conclut son intervention en mettant l'accent sur l'importance du renseignement, en indiquant que dans une grande partie de ces révolutions, le politique n'a pas pris en considération les alertes du militaire.