La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) a évoqué hier la tenue d'«élections anticipées », dans le but de redonner la parole au peuple. «Le PT est un parti indépendant. Personne ne lui dicte ses positions», assure Louisa Hanoune. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) Louisa Hanoune, qui réunissait hier à l'Institut d'études et de recherches syndicales d'El-Achour, en session ordinaire, la commission nationale de la femme travailleuse du PT, a assuré que les positions et décisions du parti sont «constantes» et émanent de son «programme, de son idéologie et de ses instances dirigeantes». «Le Parti des travailleurs n'a jamais adhéré ni n'adhère à aucun clan, si jamais ils ont existé», dira Louisa Hanoune, clôturant un discours de deux heures. La dirigeante du PT récusait en fait les supputations «grotesques» et de «bas niveau», les interprétations «erronées résultant de son appel lancé récemment au frère du président de la République, Saïd Bouteflika qu'elle ne citera pourtant pas nommément. Un appel considéré comme un encouragement à la transmission «héréditaire» du pouvoir, ce qu'elle réfutera clairement en arguant que «le PT combat pour une démocratie véritable, le respect de la souveraineté du peuple et le droit du peuple à révoquer ses élus du bas au sommet de la hiérarchie». En ce sens, Mme Hanoune considérera opportun de «régler le problème de la représentation populaire», de «rendre la parole au peuple» à travers la tenue d'élections anticipées. Néanmoins, elle assurera avoir soumis aux grands responsables du pays le problème des «déviations de l'oligarchie». Une oligarchie qui tend à «gangrener» les institutions, déplorera Louisa Hanoune, hostile à «la privatisation de l'Etat», à «toute prédation». Revenant sur les déclarations récentes du ministre de l'Industrie et des Mines et qu'elle qualifiera, sans le citer nommément, de «réaction de la baltagua» et qui «confirme le bien-fondé de nos positions», la dirigeante du PT affirmera que sa formation politique poursuivra le combat contre cette oligarchie qui «amène au totalitarisme». Une prédation qui cible notamment le secteur de la santé, Louisa Hanoune contestant le bien-fondé d'un avant-projet de loi, «une bombe», qui risque de remettre en cause les principes de la gratuité de la médecine et ouvre la voie au désengagement de l'Etat par le biais du «partenariat public-privé». Comme elle déplorera les velléités d'un «homme d'affaires» activant dans le secteur des travaux publics, de disposer d'un «contrat exclusif» dans le domaine de la fourniture d'équipements de radiothérapie. De même, la secrétaire générale du PT affirmera qu'«aucun centime ne sortira» des caisses du Trésor (deniers publics) pour financer des projets d'investissements à l'extérieur, tels ceux projetés par «le président de l'oligarchie» en Grèce. Sans également le citer nommément, Louisa Hanoune ciblait en fait le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE) et président du groupe privé ETRHB, Ali Haddad. La dirigeante du PT observera en ce sens que la disposition de septembre 2014, adoptée par la Banque d'Algérie et autorisant les opérateurs nationaux à investir à l'étranger, doit être abrogée. En outre, Louisa Hanoune prônera la mise en place «systématique» des licences d'importation, la lutte contre «la dilapidation» du foncier par des opérateurs privés, hors activités de production... L'opportunité pour la dirigeante du PT de revenir sur «les scandales», les affaires de l'autoroute Est-Ouest et de Sonatrach. «Une mascarade», dira-t-elle à propos du report des deux procès relatifs à ces affaires. Considérant injuste de condamner illico presto des chômeurs ou de jeunes délinquants tandis que des auteurs de malversations sont mis à l'abri, Mme Hanoune dénoncera une «justice de deux poids, deux mesures». Certes, elle est convaincue de l'«innocence» de l'ancien secrétaire général du ministère des Travaux publics dans l'affaire de l'autoroute Est-Ouest. Pour autant, la dirigeante du PT affirme qu'«il ne saurait y avoir d'immunité» ministérielle, ni d'«impunité». Auparavant, Louisa Hanoune était longuement revenue sur la situation de la femme algérienne, une citoyenne de statut mineur, régie par des dispositions anticonstitutionnelles et antisociales et dont l'émancipation bute sur l'utilisation de la religion, l'absence de volonté institutionnelle réelle et de rupture démocratique et la perpétuation de l'oppression.