Après la douche écossaise, que reste-t-il à l'honneur du football algérien ? C'est la question que se posent de nombreux observateurs au lendemain du camouflet réservé par la CAF à la candidature de l'Algérie pour abriter la CAN-2017, finalement attribuée au Gabon. Une interrogation qui en suscite de nombreuses autres. Comme de savoir si l'Algérie avait tout entrepris, en empruntant les voies légales, sans omettre de «forer» dans les coulisses, pour obtenir l'organisation du prochain tournoi. Le scénario-catastrophe a bel et bien eu lieu. A l'annonce du nom du Gabon comme pays organisateur de la 31e édition de la CAN, des visages se sont fermés. Par millions, ici en Algérie et même dans d'autres contrées du continent noir. L'ambition de ceux qui portaient les chances algériennes dans l'adjudication du fameux tournoi final d'une CAN de football «seniors messieurs» était grande. Les déclarations faites avant le 8 avril dernier par le ministre des Sports et d'autres personnalités du sport algérien, Mohamed Raouraoua compris, laissaient présager une issue favorable. Un raz-de-marée lors du scrutin des membres du comité exécutif de la confédération africaine que préside depuis 1988 le Camerounais Issa Hayatou. Au final, selon des indiscrétions, la CAF n'ayant pas jugé utile de s'exprimer sur le mode du scrutin, encore moins à rendre les résultats techniques détaillés de ce vote, l'Algérie n'aurait obtenu que cinq (5) voix (contre six pour le Gabon et donc 3 pour le Ghana) dont celle du président de la CAF, à en croire l'Egyptien Hani Abou Rida. Un comble pour un pays qui a investi des milliards de dollars pour rafistoler ses stades ou en construire d'autres et un considérable capital-honneur sur le plan politique pour accueillir la fête du football africain en 2017. Une année-charnière dans le calendrier politique des décideurs en Algérie mais également au... Gabon. Un pays dont le président, Ali Bongo Ondimba, se lancera en 2016 à la conquête d'un second mandat. Des présidentielles suivies par des législatives que les Gabonais, affectés par la crise économique et sociale induite par la chute des cours du pétrole, attendent avec impatience. Dossier en béton ou en carton ? L'échec, le second en quelques mois, des responsables algériens chargés de convaincre la CAF du bien-fondé de la volonté de l'Algérie à pouvoir organiser un tel événement (à Addis-Abeba, en septembre dernier, la CAF avait rejeté le dossier algérien pour l'organisation des CAN 2019 et 2021) remet sur la table nombre de questions liées à la solidité avérée ou supposée de la candidature algérienne. Les mêmes ingrédients, qui avaient conduit à l'échec d'abriter les éditions de 2019 et 2021, pouvaient-ils avoir de meilleurs effets ? Si le dossier technique présenté ce mercredi 8 avril était semblable à celui rejeté par les membres du CE de la CAF en Ethiopie, l'automne dernier, la (seule) nouveauté, côté algérien, fut le déplacement du ministre des Sports, Mohamed Tahmi (absent lors de la présentation du dossier lors du 36e congrès de la Confédération), en Egypte. Un voyage qui obéissait probablement à des assurances qu'aurait reçu le représentant de l'Etat algérien de la part du membre algérien au sein de l'exécutif de la confédération, Mohamed Raouraoua en l'occurrence. C'est le seul «fait nouveau» dans la démarche algérienne à conquérir des voix au sein du cercle de Hayatou. Ce qui a donné lieu à des «alertes» émises par des initiés à la chose sportive en Algérie à l'image du président du COA, Mustapha Berraf, ou encore le journaliste-vedette de Be In Sport, Hafid Derradji, qu'on dit encore proche du président de la FAF. Les affirmations de ces deux personnages «écoutés» par Mohamed Raouraoua mais aussi «attentifs» aux «révélations» de ce dernier avaient-elles été prises au sérieux par les responsables du secteur des sports en Algérie ? Berraf a, au lendemain de la désillusion, changé de «ton», préférant que l'on «tourne la page». Raouraoua et la CAF Dans cette équation moins intelligible qu'on le croit, la posture de Mohamed Raouraoua au sein de l'instance africaine est évidemment écorchée. Celui que tout le monde estime être «la tête pensante» de toutes les actions initiées ces dernières années par Issa Hayatou, semble avoir perdu sa dernière bataille pour la prise du pouvoir de la citadelle du football africain au Caire. L'Algérien qui se faisait discret à chaque fois que les médias le sollicitaient pour savoir s'il était intéressé par la présidence de la CAF a quitté Le Caire en étant convaincu qu'il a été trahi. Par qui et comment ? L'histoire restera muette jusqu'au prochain conclave de l'instance africaine. Ce «coup de poignard dans le dos» n'avait pourtant rien d'improbable. Les relations Raouraoua-Hayatou ayant toujours été «entretenues» par des intérêts ayant mis à carreau plusieurs personnalités influentes au sein de la structure du football africain. L'Ivoirien Jacques Anouma, le Sud-Africain Danny Jordan, le Marocain Saïd Belkhayat sans oublier le Tunisien Tarek Bouchemaoui qui n'a jamais renié ses alliances avec... Slim Chiboub (l'autre ennemi-juré de Raouraoua avant qu'il ne soit englouti par la révolution des Jasmins) ou bien le très controversé Egyptien Hani Abou Rida, très habile dans le jeu de coulisses et de la compromission, sont autant d'éléments «perturbants» dans la démarche «apaisée» des promoteurs du dossier algérien auprès de la CAF. Le poids (réel ou supposé) du membre algérien au sein de la CAF n'aura été d'aucune utilité pour la cause algérienne. Il est vrai que la partie gabonaise a forcé le destin de cette CAN-2017 lors du rendez-vous de Guinée équatoriale au cours duquel Ali Bongo Ondimba s'est montré «généreux» aussi bien avec le pays voisin qu'avec les décideurs de la CAF.