Le peuple alg�rien vit une trag�die sans nom qui a conduit les Alg�riens � s'entre-tuer entre eux sans raison. Cette trag�die a trop dur�. Comment et pourquoi en sommes-nous arriv�s � cette situation ? A l'ind�pendance, apr�s une guerre de Lib�ration qui avait dur� plus de sept longues ann�es de luttes atroces et des sacrifices �normes, le peuple alg�rien aspirait � une vie meilleure de justice, de libert� et de dignit� dont il a �t� longuement priv� par le pouvoir colonial ennemi. Il s'est vu de nouveau asservi par une clique d'usurpateurs parmi les siens, issue du coup d'Etat de l'arm�e des fronti�res avec la criminelle complicit� de Ben Bella contre l'autorit� l�gale, l�gitime du G.P.R.A (Gouvernement provisoire de la R�publique alg�rienne) qui devrait rentrer normalement au pays rendre compte de sa gestion pendant la guerre et assurer la transition pour l'instauration d'une d�mocratie r�elle en donnant la parole au peuple souverain. Ce qu'il n'a pas pu faire, malheureusement. Toutes les d�rives viennent de ce coup de force avec sa politique d�magogique, populiste, activiste, impos�e au peuple sans son consentement, qui a conduit � l'injustice, � la hogra, la mal-vie, le ch�mage et le m�contentement g�n�ral � l'origine de la r�volte, longtemps contenue et durement r�prim�e en octobre 1988. Depuis, une fuite en avant a conduit le pouvoir, contest� et discr�dit�, � user de tricherie, de mensonges et d'abus de toutes sortes sans retenue pour se maintenir en place. C'est ce pouvoir ill�gitime qui est le grand responsable de la trag�die actuelle dans laquelle se d�bat tout un peuple sans d�fense et sans espoir qui ne sait pas ce qui lui arrive. C'est ce pouvoir corrompu et corrupteur (dont les atteintes bien connues au patrimoine national, la pr�dation, la fraude et la corruption � tous les niveaux) issu d'�lections truqu�es, en complicit� avec les partis courtisans dont la mesquine ambition est l'obtention de quelques "miettes-si�ges" aux diff�rentes assembl�es pour assurer leur rente, qui occupe le champ politique actuel et emp�che l'existence d'une opposition de contre-pouvoir cr�dible n�cessaire � l'instauration et l'exercice de la d�mocratie. C'est ce syst�me avec ses responsables coupables de l'application d'une mauvaise politique qui a conduit � cette trag�die, avec ses victimes et ses bourreaux, dans laquelle continue de vivre le peuple dangereusement � bout de d�sespoir. De nouveau aujourd'hui et pour la seconde fois, le pouvoir appelle le peuple � la r�conciliation nationale. Une initiative, certes bonne et heureuse, souhait�e et d�sir�e mais qui n'a pas le droit � l'erreur. Ce qu'il faut savoir c'est : r�concilier qui avec qui pour vivre en convivialit� avec les siens ? Quels sont les antagonistes en question ? Quel est le mal objet de leur d�chirement ? Quelle est l'autorit� morale "arbitre incontest� et �cout�", susceptible d'inviter les antagonistes � se r�concilier ? Le mal qui a conduit au d�chirement est � soigner non pas dans sa manifestation superficielle mais dans les sympt�mes qui ont conduit � cette trag�die. Ces sympt�mes sont l'injustice, l'absence de libert�, la mis�re sociale, le ch�mage, le manque de logements, la hogra et la mal-vie g�n�rale. Cela dit, il y a une premi�re r�conciliation absolument indispensable : c'est celle qui consiste � r�concilier le peuple avec ses dirigeants (se repentant par une autocritique sinc�re de leurs erreurs) avant de passer � la seconde, qui facilitera certainement l'entreprise qui vise � r�concilier les victimes avec leurs bourreaux. A cela, on doit choisir, en toute honn�tet�, entre amnistie et AMNISTIE : il y a celle d�sir�e par le peuple confiant dans l'application d'une justice loyale et �quitable sans laquelle il n'y aura pas de paix possible, et il y a celle perverse, r�sultat de calculs malhonn�tes et de manipulation trompeuse qui risque de nous ramener, comme pour la premi�re, � la case d�part. A bon r�conciliateur salut. Mohamed Mechati Ancien militant du mouvement national Ancien membre du groupe des 21 dit des 22