Les samedis de l'amazighité (deux fois par mois) qu'organise le HCA (Haut-Commissariat à l'amazighité) sous forme de café littéraire ont convié le comédien et humoriste Kamal Abdat (Journal El Gosto) à faire son show, prétexte aussi de distribuer au public présent les «Actes du colloque international du théâtre» tenu l'an dernier à Béjaïa. Pour Si El hachemi assad, secrétaire général du HCA : «la thématique proposée est d'évoquer le théâtre et mieux connaître les origines oubliées de cet art à l'instar du carnaval des récits populaires, des mascarades, des devinettes afin de réhabiliter un concept de théâtre typiquement algérien.» Signalons au passage qu'une minute de silence a été observée à la mémoire du cinéaste Amar Laskri décédé jeudi dernier. C'est donc naturellement que le trublion d'El gosto laissera, pour un moment, ses accoutrements de comédien au vestiaire et se mettra dans la peau d'un conférencier très au fait de son sujet. Sur son itinéraire d'abord qui commence à la télé El Djazaïria pour se poursuivre à KBC d'El Khabar, un talk show quotidien. L'expression des vocations, explique-t-il, est favorisée par la libéralisation du champ audiovisuel. Mais, dit-il, il faut une solide formation pour une production de qualité, en finir avec la médiocrité car même s'il y a une part d'improvisation dans la comédie «elle se travaille et doit se faire dans la justesse». Recalé à l'Ecole d'art dramatique de Bordj El Kiffan «parce que trop vieux» (23 ans !), il se dit déterminé à se forger sur les planches du théâtre auquel il consacre ses études de doctorat. Visiblement, Kamal Abdat prend très sérieusement et de façon réfléchie sa carrière que n'assure pas la carte d'artiste dont il n'en veut pas car c'est «au comédien de s'imposer et de se construire sur scène». Ce natif du même village que le défunt Chérif Kheddam a pour référence des noms et pas des moindres dont Fellag ou mohia. Il fait part de son admiration pour les subtilités de l'Inspecteur Tahar qui a su ainsi contourner la censure en vigueur à son époque. Il sait qu'il ne vient pas investir un no man's land quand on connaît les Bassam, le tonitruant Souilah, Mohamed Fellag ou encore Kamel Bouakaz, Abdelkader Secteur et de nombreux autres, comme quoi la tradition est bien installée chez nous. Pas plus haut que trois pommes, notre bonhomme veut se frayer un chemin, il connaît les difficultés et les ingratitudes du métier. Il dit que la seule manière de s'imposer c'est à travers l'humour montagnard. Son personnage Lla Aldjia s'inscrit dans cette logique en ayant à l'esprit Madame Serfati du Français feu Elie Kakou ou Big Mama de Eddy Murphy. La salle de cinéma El Khayyam (ex-Debussy) a donc vu ce samedi 1er mai un Kamel Abdat plein de verve se lancer dans un one man show en tamazight, pour la première fois, sa langue de travail étant l'arabe algérien, devant une assistance totalement acquise sans coup férir. Evidemment, nous retrouvons très vite le comédien de Journal El Gosto avec ses mimiques rageuses, sa gestuelle, ses transports lyriques... Il faut croire que notre jeune humoriste a de l'ambition quand bien même il est encore sous l'influence du style du regretté Mohia et de Fellag. Il caricature ainsi à l'envi nos travers à nous et par extension ceux de la société. En hommage, le HCA lui remettra un modeste présent (un tableau du commerce). Bon vent ! Nous n'oublierons pas la venue prochaine de la chanteuse finlandaise Stina, un événement en soi, qui interprétera des chansons du répertoire kabyle dont des chansons de Slimane Azem, El Hadj El Anka et l'impressionnant tube d'idir, Aya lxir inu. Il est à signaler qu'au-delà de cet intermède décrispant, Si El Hachemi Assad, le secrétaire général du HCA, reste concentré sur un événement majeur pour fin mai qui traitera une fois de plus d'Apulée de Madaure durant trois jours (du 30 mai au 1er juin). Des spécialistes algériens, tunisiens, marocains, américains, italiens et français croiseront leurs regards sur la vie et l'œuvre de ce natif de Souk Ahras qui aura marqué la chrétienté après l'introduction à ce colloque par Maâmar Farah et Arezki Metref, deux journalistes du Soir d'Algérie, intitulée : «Pourquoi Apulée ?» Nous y reviendrons.