Pour la deuxième fois en une semaine, la chambre administrative «se refuse» à trancher dans l'affaire du Front de libération nationale, opposant le secrétaire général, Amar Saâdani, et ses contestataires. Hier mercredi, elle a renvoyé les deux parties dos à dos et reporté son verdict au 27 mai prochain, compliquant, partant, davantage la situation. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Pour cause, le 27 mai prochain coïncidera avec la veille même de la tenue du 10e congrès du parti, objet du litige entre les deux parties. Or, Amar Saâdani a déjà «finalisé» les préparatifs en vue de ce congrès avec, notamment, la location de la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, plusieurs hôtels et toute la logistique nécessaire pour accueillir plus de 5 000 délégués déjà choisis. Pourquoi alors les juges de la chambre administrative n'ont-ils pas tranchés l'affaire dans un sens ou un autre, préférant se prononcer la veille même de la date retenue par la direction ? Selon une source très bien informée, c'est simple : «Si les juges ne se sont pas prononcés, c'est parce qu'ils n'ont pas été appelés à le faire ! Et en l'occurrence, dans ce genre d'affaire, ils attendent un ordre du ministre de la Justice en personne. Comme cela avait été le cas en 2003, et même en août 2013.» Il est en effet de notoriété publique que, depuis août 2013, beaucoup de choses ont changé et, en l'occurrence, le courant ne passe plus entre Amar Saâdani et Tayeb Louh. Hier dans l'après-midi, la confusion en tout cas était totale. Au sein de la direction du parti et même dans certains rouages de l'Etat. Parti majoritaire, le FLN, également présidé par... Abdelaziz Bouteflika, reçoit, là, un sacré coup ! Ne serait-ce que pour son image. Voulant faire les choses en grand, Saâdani a invité, en plus des cinq mille délégués, une centaine d'invités étrangers, et pas des moindres. Outre toute la classe politique tunisienne, le secrétaire général de l'Internationale socialiste, la veuve de Nelson Mandela, le représentant du PS et de l'UMP français, tous les partis au pouvoir en Europe, le Parti communiste chinois, et bien d'autres personnalités étrangères. En plus de tout le corps diplomatique accrédité à Alger. Sans parler des invités nationaux. «C'est une situation des plus confuses», résume une source au parti. «Et si jamais tout ce beau monde venait pour s'entendre dire que le congrès était finalement annulé ?» Pendant ce temps, «Amar Saâdani a programmé, pour la même journée de mercredi, dans l'après-midi, une session du comité central, avec trois points à l'ordre du jour : l'adoption des résolutions du congrès, les préparatifs liés au congrès et, surtout, un point organique». Ce dernier point est tout simplement destiné à actionner la commission de discipline pour exclure les neuf membres mis sur la liste noire de Amar Saâdani. Et quels membres : Abderrahmane Belayat, Amar Tou, Rachid Harraoubia, Abdelaziz Ziari, Boualem Djaâfar, Daâdoua Ayachi... «Quand, en plus, on y ajoute la division qui frappe le groupe parlementaire du parti à l'Assemblée, la boucle est bouclée ! Le parti est en crise. Sans une intervention d'en haut, la crise peut même dégénérer et, au mieux, s'inscrire dans la durée.» Les tout prochains jours seront certainement riches en «rebondissements» car, il ne faut jamais oublier qu'il s'agit du parti de la majorité, donc celui sans qui le gouvernement ne pourra même plus travailler...