Parallèlement à l'action que mène, sans relâche, le groupe Belayat, c'est le «mouvement de redressement» du Front de libération nationale que conduit Abdelkrim Abada qui refait surface. Les deux groupes s'opposent certes au même secrétaire général du parti, Amar Saâdani, mais différemment. Encore une situation inédite dans cette crise à répétition qui secoue l'ex-parti unique depuis 2003 et le coup de force contre Ali Benflis. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Si le groupe Belayat, né au lendemain de l'intronisation de Amar Saâdani à la tête du FLN suite au coup de force de Bouteflika, ne reconnaît aucune légitimité à l'actuel secrétaire général qu'il qualifie tout bonnement «d'indu occupant du siège du parti», le groupe Abada, ou «les redresseurs», raisonne et agit autrement. Quand Belayat plaide pour une solution sans et contre Saâdani, Abada préfère l'y associer. Ce mouvement dit «de redressement», né, lui, à l'origine pour s'opposer à Abdelaziz Belkhadem qui, lui-même avait conduit un autre «mouvement de redressement» contre Ali Benflis, vient donc d'interpeller Amar Saâdani, via une lettre ouverte datée du 16 novembre dernier et rendue publique hier mardi. Et comme en politique chaque mot compte, l'intitulé même de la lettre se veut une ligne de démarcation par rapport au groupe d'Abderrahmane Belayat. «Lettre ouverte à Monsieur Amar Saâdani, le secrétaire général du parti», y lit-on, ce qui signifie en soi une reconnaissance de sa légitimité. Dans cette lettre ouverte, Abdelkrim Abada, «au nom du bureau national du mouvement de redressement», dresse un tableau noir s'agissant de la situation qui prévaut au sein du parti. «La marginalisation, les frictions, les divisions, des pratiques indignes du parti comme la corruption, le favoritisme ...» sont entre autres dérives constatées et que l'auteur de la lettre ouverte considère comme étant «le résultat inéluctable de pratiques qui ont été de mise, des années durant, notamment depuis le 9e congrès», c'est-à-dire sous Abdelaziz Belkhadem. «Cette gestion (de Belkhadem) a plongé le parti dans une crise multidimensionnelle : politique, doctrinale, organique, financière et morale». Ce qui amènera Abada à poursuivre que «le Comité central a fini par rectifier le tir lorsque, répondant enfin aux demandes de la base militante, avait procédé au retrait de confiance à l'ancienne direction, lors de la session tenue à l'hôtel Ryadh. Certes, le Comité central avait mis fin à la mise à mort programmée du parti sans pour autant prévoir un programme de redressement salutaire et à même de remettre le parti sur les rails, comme locomotive de la vie politique en Algérie». Pour Abada, «il est illusoire de chercher une solution à la crise qui secoue le parti sans avoir définitivement raison des causes mêmes de son avènement : tout ce qui a trait à la personnification du parti et, partant, du pouvoir en général». Puis, cette perche tendue à Saâdani : «Nous tenons à rappeler qu'une élection ou même une désignation d'un nouveau secrétaire général à quelques mois seulement de l'organisation du congrès ne constitue nullement une solution.» Autrement dit, le départ de Saâdani n'est, non seulement pas exigé, mais pas du tout souhaité ! A ce dernier, il est en revanche demandé de «saisir l'opportunité du congrès» pour mettre définitivement fin à la crise et ce, à travers la mise en place d'une commission nationale de sa préparation. Une commission «constituée de personnalités connues pour leur compétence, leur expérience, leur intégrité et qui jouissent d'une bonne réputation et bénéficient d'une large confiance auprès de la base». En filigrane, il est proposé une sorte de commission de compromis. Saâdani, qui a déjà lancé les préparatifs du congrès à travers une commission qu'il contrôle de bout en bout, acceptera-t-il une telle offre ?