Les coulisses de tout festival ne consistent pas seulement en l'aspect artistique, la logistique et les difficultés que rencontrent «les faiseurs» de festivals sont au cœur de ces évènements. Une rencontre des directeurs des festivals arabes a eu lieu, hier, dans le cadre du Festival international d'Oran du film arabe. Ils étaient une quinzaine à répondre présents à cette réunion et à exposer chacun ses préoccupations et ses besoins. Le manque de financement et de distribution des films étaient au centre des débats. Même si a priori les solutions ne semblent pas être d'actualité, les participants s'entendent sur bon nombre de points communs en lien avec les difficultés rencontrées. Tout d'abord faire en sorte que le cinéma arabe puisse contribuer à redorer l'image des Arabes, qui est pour certains intervenants au rouge et pour d'autres entachée par le spectre du terrorisme. «Surtout à l'étranger, nous les Arabes sommes mal vus, certains nous perçoivent comme des criminels, alors le cinéma serait un bon ambassadeur pour améliorer cette image et présenter toute la beauté et la noblesse arabes à travers le 7e art», dira Rached Arfane, directeur du Festival arabe de Sicile. Un autre point qui est sans nul doute le plus crucial : le financement des festivals du cinéma arabe. Pour Mme Aza El-Hoceini, qui représente le Festival du cinéma africain de l'Okssor (Egypte), «le problème réside dans le financement, surtout notre région qui émerge à peine d'une situation sécuritaire délicate, d'où découlent des difficultés sociales et économiques. Nous devons penser à une sorte de caisse pour soutenir financièrement les jeunes et assurer la formation». Sabine Choucair, représentant le Festival du film arabe au Liban, partage la même préoccupation : «Notre souci est commun, le financement nous freine et, il faut le dire, les Arabes ne font rien pour contribuer à améliorer la situation, souvent ce sont des instituts privés et autres pays d'Europe qui le font.» Même difficulté que rencontre la section cinéma de l'Institut du monde arabe à Paris. A ce sujet, Mme Layane Chawaf dira : «Faute de finance, notre section cinéma a dû être interrompue durant près de 4 ou 5 ans et ce n'est que depuis deux ans que nous avons repris et je peux vous dire que les Arabes ne répondent pas aux demandes de financement. La distribution des films arabes est, quant à elle, presque inexistante, je vous citerai le film algérien 100% Hallal qui n'a été présenté que dans une seule salle de cinéma en France.» La distribution des films constitue l'un des handicaps qu'a évoqués l'assistance qui se désole de l'absence de «solidarité» entre les festivals arabes. Pour Ayda Chafei El-Hassani, «ce qui m'intéresse, c'est l'échange entre les festivals afin que les films puissent s'échanger et être diffusés. Il ne s'agit pas uniquement de se préoccuper de soutien financier mais également logistique». Le débat a tourné autour de la possibilité que les directeurs de festivals présents puissent sortir avec une feuille de route concrète, car tous s'accordent à dire que ce type de rencontres en marge des festivals ont souvent eu lieu mais n'aboutissent, en fait, à aucune mesure concrétisée sur le terrain. D'où la réitération des mêmes préoccupations : manque de communication entre les festivals arabes, absence de coordination dans la programmation des dates des festivals, sans oublier le problème de financement qui ne peut se résoudre entre directeurs de festivals.