Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé son inquiétude dimanche face à l'avancée des forces kurdes sur la ville syrienne de Tal Abyad, tenue par les djihadistes de l'Etat islamique (EI), jugeant qu'ils pourraient constituer une menace à venir pour la Turquie. Face à l'exode de milliers de réfugiés fuyant les combats, la Turquie a fermé sa frontière et repousse désormais les Syriens qui cherchent à la franchir. Le Président turc a accusé les combattants kurdes de prendre pour cibles les populations arabes et turkmènes, confirmant que son pays avait accueilli environ 15 000 d'entre eux la semaine dernière avant de fermer sa frontière. «Ce n'est pas bon signe», a déclaré M. Erdogan à des journalistes de la presse turque dans l'avion présidentiel qui le ramenait d'Azerbaïdjan. «Cela pourrait conduire à la création d'une structure qui menace nos frontières», a-t-il ajouté, ajoutant que «chacun doit prendre en compte nos sensibilités sur ce sujet». Soutenues par des factions rebelles syriennes et les frappes de la coalition internationale antidjihadistes, les Unités de protection du peuple kurde (YPG) ont progressé dans leur offensive sur Tal Abyad, localité que l'EI utilise pour le passage de ses combattants. Elle est située dans la province de Raqa, le bastion du groupe extrémiste sunnite en Syrie. Samedi soir, les YPG se trouvaient à environ 5 km au sud-est de la ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La Turquie, qui a rompu avec le régime syrien du Président Bachar Al-Assad, est le principal pays d'asile des réfugiés syriens qui fuient la guerre civile. Elle en accueille aujourd'hui officiellement plus de 1,8 million. Le Président Erdogan a à plusieurs reprises exprimé sa préoccupation face au soutien occidental aux forces kurdes de Syrie, disant craindre une domination des rebelles kurdes du PKK sur le nord de la Syrie. Le PKK, dont le chef historique, Abdullah Öcalan, purge une peine de prison à perpétuité, a lancé en 1984 une insurrection armée séparatiste qui a fait quelque 40 000 morts en Turquie. En mars 2013, le PKK a décrété un cessez-le-feu unilatéral et son chef Abdullah Öcalan a demandé à ses troupes de déposer les armes. Son mouvement ne réclame plus l'indépendance, mais une large autonomie pour les 15 millions de Kurdes de Turquie (20% de la population).