Mouloud Hamrouche tient à l'option du consensus national, seule voie à même «d'accompagner le système actuel vers la porte de sortie dans le calme et dans l'organisation ». Car, pour lui, l'option de la rue qu'il avoue craindre, est porteuse de dangers avec la «nouvelle tyrannie » qu'elle pourrait nous servir. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Une conviction «chevillée» sur laquelle l'ancien chef du gouvernement sous l'ère de feu Chadli Bendjedid est encore revenue. Et il ne manque pas d'arguments lui qui dit ne pas croire en l'existence ou en l'émergence d'une nouvelle force politique. «Soyons réalistes et sincères, il est impossible dans ce climat et ces entraves au sommet et même au sein des partis et dans la société qu'émerge une force nouvelle.» Et de s'interroger : comment et avec qui la créer ? La solution, selon lui, c'est de faire face à ce qu'il appelle «l'affrontement qui conduit à l'effondrement. L'absence de l'autorité de l'Etat conduit à l'effondrement général. Ceci est la responsabilité de tous, dont le régime. Une œuvre qui ne saurait se faire sans associer le pouvoir». Une contrainte à laquelle se greffe une autre, celle de «l'absence du pouvoir de l'Etat» qui peut, selon lui, «nous mener à l'effondrement général». S'exprimant dans le cadre du forum du quotidien arabophone El Khabar, Hamrouche n'a pas manqué de passer au crible la situation du pays. Pour lui, tout ce qui caractérise la scène nationale ces derniers temps, les changements opérés au FLN et au RND, les deux fers de lance du pouvoir, ne sont qu'«une tentative visant à vendre une vieille marchandise périmée» et «tromper l'opinion publique dans sa capacité à sauvegarder la stabilité de ses structures, semer l'illusion au lieu de l'espoir». Un système arrivé, estime-t-il, «à sa date de péremption non pas à cause de sa vieillesse mais parce qu'il a passé sa vie et son effort à faire barrage à l'émergence d'alternatives politiques et sociales. Et le prix a été de se jouer de l'identité nationale, de la religion, de la culture et de l'économie nationales». Il poursuit, estimant que c'est là «une tentative de retour aux arrangements d'un passé révolu. Ce qui ne conférera aucune efficacité au gouvernement et ne nourrira aucunement le pouvoir d'une quelconque légitimité. Et d'affirmer que le système n'a pas que deux issues de secours : soit un «consensus entre ses différents clans», soit «l'exclusion d'une partie par l'autre». Hamrouche estime, par ailleurs, ne pas croire en un conflit entre le Président et le DRS, l'accaparement des centres de décision par les hommes d'affaires et le retour d'anciennes figures politiques comme le prétendent certains. Pour lui, ce ne sont là que «des illusions du système pour qu'il cache une vérité, celle de sa fin». Mais s'il s'en est pris au pouvoir, Hamrouche n'a pas manqué de «titiller» quelque peu l'opposition. Du moins certaines parties de l'opposition qui «jouent» le jeu du système en nourrissant «la guerre des clans au lieu de se nourrir des problèmes et des aspirations des Algériens.» S'il lui reconnaît le mérite d'avoir restitué à l'institution présidentielle toute son autorité et tout son prestige mais avec davantage de prérogatives, Hamrouche soutient que le président de la République a «échoué dans toutes les politiques qu'il a engagées «malgré les prérogatives dont il jouit». «Nous avons été incapables de gérer les affaires du pays. C'est comme si nous étions dans une dictature. Car il est paradoxal qu'une personne qui a le pouvoir absolu dirige le pays dans cette direction», poursuit-il.