De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Alger, marche-pied pour l'Elysée et pour étouffer Sarkozy et faire oublier Mitterrand sur la question de l'ex-FIS. François Hollande est en campagne électorale pour la présidentielle de 2017. En face de lui, il y aura Marine Le Pen de l'extrême droite et Sarkozy (si les juges n'entrent pas dans l'arène et le rattrapent dans l'une ou l'autre des affaires où il est régulièrement cité) de la droite-extrême. Le pire pour Hollande serait que la droite républicaine et le centre choisissent Alain Juppé comme candidat. Là, la question algérienne se corse en France et l'actuel locataire de l'Elysée aura du mal à capter, presque exclusivement les voix des Algériens de France ou des Français d'Algérie. Juppé, dans les années noires qu'a traversées l'Algérie, était du côté du droit, de la morale, du combat contre l'extrémisme. Ministre des AE dans le gouvernement de cohabitation d'Edouard Balladur, il s'opposait avec véhémence à son chef de gouvernement et au président de la République, François Mitterrand qui privilégiaient le soutien à l'ex-FIS et tablaient, en y militant, sur l'effondrement de l'Etat algérien. Qui ne se souvient pas du fameux «le processus démocratique doit aller au bout en Algérie» de Mitterrand lorsque des militaires républicains, la société civile et de larges franges de la population avaient pris parti pour l'arrêt des législatives mortifières, menant droit l'Algérie soit à l'éclatement, soit à la soumission d'une dictature islamiste, soutenue et préparée par les forces les plus obscures du monde arabe, Arabie Saoudite au premier rang. Pour ceux qui ont oublié ou pour les plus jeunes, il suffit de regarder du côté de Daesh pour comprendre ce qu'il serait advenu si cette option lâchement légaliste de permettre un 2e tour pour la mise à mort de l'Algérie avait suivi son cours. La suite, le refus des janviéristes de coupler la lutte antiterroriste à un combat sans merci contre l'intégrisme, la «bêtise» d'avoir cru possible un compromis avec des franges de la bête immonde et les ratages successifs ont, il est vrai, fait perdre beaucoup de temps, d'espoir, d'argent au pays. Liamine Zeroual, officier supérieur républicain, au sens de l'honneur avéré, a certes pris la tête du mouvement de résistance contre les fossoyeurs, a fait ce qu'il a pu pour préserver l'Etat, mais des forces obscures et des intérêts contradictoires ont empêché l'ex-Président d'aller au bout de sa mission salvatrice. La suite, tout le monde la connaît, d'un mot, elle se résume à la piteuse situation à laquelle quatre mandats successifs de Bouteflika ont réduit le pays... Hollande était donc à Alger, avant-hier, pour signifier aux électeurs «Algériens» de France, de 3 à 5 millions, c'est énorme ! qu'il aimait, comme eux, l'Algérie et qu'il comptait sur eux pour barrer la route au FN, aux Républicains et à l'éventuel candidat de la droite et du centre. Et pour faire oublier les prises de position calamiteuses de Mitterrand, socialiste comme lui, des années 90. Avant sa virée algéroise, Hollande avait déclaré «l'Algérie me manque». Traduire, j'ai besoin de vos voix en 2017 lors de la présidentielle. Habile.