De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Les drapeaux algériens laissent un grand vide en Belgique, aux Pays-Bas et dans les villes françaises frontalières avec le royaume de Philippe et de Mathilde. Marine Le Pen tombe en syncope. En Belgique, surtout, où l'ambiance créée par les Algériens, colorée, sympathique, festive et ô combien bruyante a laissé place à un vide sidéral après l'élimination des Verts. Les commerçants regrettent les bons chiffres d'affaires réalisés, les bourgmestres (équivalents de maires en France), les extraordinaires animations des principales rues et artères de leur territoire et le peuple diable rouge, la bonne tenue de ces Algériens, pour la plupart possédant la double nationalité mais viscéralement attachés à leur pays de cœur, d'émotion. Ici, pourtant, personne n'a trouvé à critiquer cette posture. Normale. Humaine. Les Italiens du royaume, nombreux, portent l'Italie, les Espagnols l'Espagne, les germanophones l'Allemagne, les Portugais, le Portugal... Tous sont comme les Algériens, belges de nationalité, d'identité et de raison. Ils ont deux pays qu'ils n'opposent pas l'un à l'autre, qu'ils aiment, avec qui ils sont en parfaite symbiose. On est loin, en Belgique, aux Pays-Bas et même en France profonde, réelle, terre de libertés et de multiculturalisme, des paroles racistes, xénophobes, porteuses de dangers du Front national, du rassemblement bleu-Marine, d'Estrosi et de tous les soi-disant «républicains de droite» qui font la danse du ventre aux nostalgiques de l'Algérie française, de l'OAS et des porteurs de haine. A Nice, le maire, UMP et aux accointances avec les Le Pen avérées, a interdit le déploiement de drapeaux étrangers. Tout le monde l'a compris, Estrosi visait exclusivement le drapeau algérien. La justice, il faut le relever, a suspendu l'arrêté de la honte et de la discrimination. A Nice, faut-il le souligner, pendant tous les matches disputés par l'Algérie, aucun incident n'était venu perturber la ville côtière sud de la France. Estrosi a opté, en la circonstance, pour la présomption de... culpabilité envers les Algériens. Dans aucun pays d'Europe de telles attitudes ne sont tolérées, pas même dans les villes ou régions dirigées par des extrêmes-droites ou des droites-extrêmes. A Maastricht (Pays-Bas - proche de Liège), à Liège, à Courtrai, à Valenciennes, Lille, et bien sûr à Bruxelles, à Paris aux Champs-Elysées après la qualification au second tour des protégés de Halilhodzic, le vert, blanc, rouge a été déployé, fier et majestueux sans incident majeur. Il est vrai, cependant, que des hommes politiques de droite comme de gauche, responsables, sincères ont dénoncé, violemment, les Le Pen et les Estrosi. Filepetti, ministre de la Culture, le président de la Fédération française de football, Jean-Pierre Elkabach, Alain Juppé, une foultitude de maires de France, le Parti communiste, les Verts, le Parti et le Front de gauche, Enrico Macias, les Juifs de France et d'Algérie, des hommes et des femmes du monde des arts et de la culture se sont levés, comme un, comme une, pour remettre à leur place les racistes, les xénophobes, l'entreprise Le Pen et ses sous-actionnaires comme Estrosi. Les Fennecs en se qualifiant au second tour ont contribué, aussi, à isoler toute cette France de la décadence et des combats d'arrière-garde. Place au prochain match amical Algérie-France ou France-Algérie. Réellement amical pour que Marine Le Pen tombe en syncope.