Les dés seraient-ils jetés par les gestionnaires de la société ArcelorMittal Algérie qui viennent de reconnaître leur impuissance à remettre en marche, un tant soit peu et dans l'immédiat, les machines de production grippées depuis des mois ? La réponse est donnée par ces mêmes gestionnaires. Totalement fermée à toute communication avec les médias, notamment ceux représentés par les empêcheurs de tourner en rond, ils n'ont pas pu s'empêcher de rendre publique les nombreuses difficultés de gestion auxquelles ils font face. Dans leurs déclarations contenues dans leur dernier bulletin «Info-Usine», ils ont confirmé la situation catastrophique, technique et financière que vivent le complexe sidérurgique El Hadjar et la filiale ArcelorMittal Pipes and Tubes Alegria (Ampta) ex-Tuberie Sans Soudure (TSS). Ce faisant, les mêmes gestionnaires consolident les chiffres négatifs enregistrés par le groupe leader mondial de l'acier ayant siège au Luxembourg. Dans son rapport annuel, ce dernier a souligné que : «la chute du prix du minerai de fer, le renforcement du dollar et la concurrence des importations sur le marché américain ont fortement pénalisé les résultats d'ArcelorMittal au premier trimestre 2015 qu'il y a lieu de réviser les objectifs annuels et d'élargir la fourchette de l'excédent brut d'exploitation». La même source a révélé que le groupe a multiplié par 3,5 ses pertes. Parmi les facteurs qui y sont à l'origine, il y a les 2 importantes filiales d'Algérie : le complexe sidérurgique El Hadjar et «Ampta». De débrayage en débrayage et de grève en grève dont la toute récente perlée qui perdure depuis des semaines, ces deux entités sont entrées dans le rouge. Malgré les aides financières du gouvernement algérien sous forme de crédits bonifiés, prêts et autres aides financières pour un montant de 1 milliard de dollars, la production de l'acier et celle des tubes ont stagné. Pire, depuis le début de l'année 2015, le niveau de cette production a régressé pour atteindre un chiffre presque insignifiant. La multitude de difficultés socioprofessionnelles, les promesses de révision des salaires et autres indemnités non tenues, les opérations de compression d'effectifs déguisées sous forme de stimulation des départs à la retraite, les tentatives de mise au pas des syndicalistes dont deux sont suspendus depuis des mois, sont, entre autres, des situations qui ne plaident pas pour une relance de la production. Ce sont là des faits que, sans les citer, ArcelorMittal Annaba (AMA) et ArcelorMittal Pipes and Tubes Alegria (Ampta) refusent de reconnaître tout en appelant leurs salariés à faire des efforts pour une meilleure production et productivité. L'implication de quelques syndicalistes accusés par les salariés de prendre faits et cause en faveur de la direction dans son appel aux salariés n'est pas faite pour retaper le moral des troupes. D'autant que l'employeur a, une nouvelle fois, démontré sa mauvaise foi en ne respectant pas les engagements qu'il a exprimés quant à verser à chaque travailleur mis à la retraite, une prime cumulée de 7 000 DA/mois, représentant près du tiers de l'indemnité de départ à la retraite de 125 salariés, soit quelque 250 à 300 000 dinars pour chacun. Tout comme elle refuse de payer les reliquats de congé depuis 2009. Méfiants, les salariés le sont comme jamais ils ne l'ont été même au plus fort des crises qui les avaient opposés à leur employeur les précédentes années. Ils le sont particulièrement à l'annonce de la mise à exécution du plan de réhabilitation prévu pour le mois de septembre prochain. Cette méfiance est consolidée par les projets de mise au rebut de plusieurs installations de production. C'est notamment le cas du Haut Fourneau N°2 programmé pour rejoindre le HF 1 au cimetière des illusions perdues de la sidérurgie algérienne; de la cokerie et autres aciéries pour céder la place à l'importation des brames, billettes, coke et autres produits semi-finis introduits au pays au titre de matière première pour éviter toute fiscalité. Et dire qu'il y a quelques mois, le Conseil de participation de l'Etat avait proposé de racheter la totalité des actions du capital social. De marasme en marasme et de manipulation en manipulation des données, les gestionnaires ArcelorMittal Annaba ne pouvaient maintenir sous silence la situation catastrophique de l'entreprise. Ils l'ont souligné lorsqu'ils affirment : «les indicateurs financiers de la société sont en deçà des attentes compte-tenu du niveau bas de l'activité de l'usine. La situation de l'entreprise demeure ainsi délicate».