Tout feu, tout bois, le ministre des Transports, Boudjemaâ Talai, l'était lors de la visite de travail qu'il a effectuée hier dans la wilaya de Annaba. Il ne s'est pas limité à relever les insuffisances organisationnelles ou structurelles de son secteur, notamment en ce qui concerne les projets en cours de réalisation, d'achèvement ou envisagés. Il a mis cette hargne à vouloir remettre les choses à leur place lors de la première étape, à savoir la nouvelle aérogare de l'aéroport Rabah-Bitat. C'était juste après les explications du représentant du bureau d'études portant sur la conception initiale et finale de cette infrastructure. «Je ne comprends pas la vision des concepteurs de ce projet socioéconomique d'importance. Tel que présenté, il ne répond pas aux aspirations de développement non seulement de la wilaya, mais de toute la région. Comment peut-on encore admettre des charpentes métalliques en guise de plafond et prévoir un nombre réduit de parkings alors que cette aérogare est appelée à accueillir 750 000 voyageurs/an et qu'elle est extensible à 1,5 million. Wilaya industrielle et touristique, Annaba mérite beaucoup mieux que ça», a argumenté le représentant du gouvernement. Faisant référence à la vieille aérogare Rabah-Bitat héritée de la période coloniale, il dira : «En tous cas c'est beaucoup mieux que le poulailler, tas de ferraille et le hangar qu'est l'actuelle aérogare». Boudjemaâ Talai devait ordonner au représentant du bureau d'études la mise en exploitation de cette infrastructure pour le mois de septembre prochain. «Quel que soit l'état d'avancement des travaux d'achèvement et de mise en place des équipements nécessaires, vous avez des entreprises locales à même d'intervenir», a-t-il précisé. Le ministre s'est ensuite rendu à la nouvelle gare routière du 1er-Mai. Prête à l'emploi, cette structure, dont la réalisation a été préfinancée par le Groupe des entreprises publiques de construction (Grepco) pour un montant de 146 millions DA, attend la mise en place des équipements nécessaires pour être opérationnelle. Faudrait-il encore que le problème du paiement des factures de l'entreprise de réalisation bloqué depuis des années soit résolu. En tout état de cause, il est certain que cette infrastructure routière deviendra réalité à sa mise en service maintes fois annoncée et maintes fois reportée au même titre que celle de l'aérogare Rabah-Bitat. Depuis 2009, date prévue pour sa réception, la mise en exploitation a constamment été annoncée par plusieurs ministres. On l'attend toujours. Au port de Annaba, la dernière étape de sa visite, le ministre a pratiquement mis le pied sur l'accélérateur. A l'issue des explications fournies par Ahmed Djebbar le premier responsable du port de Annaba en plein boom économique, Boudjemaâ Talai a quelque peu refroidi son interlocuteur. C'est le cas de le dire à la lecture des statistiques des activités présentées que ce soit dans le domaine du transport des marchandises, des voyageurs ou dans celui des logistiques et du partenariat. Il faut dire que le P-dg avait des arguments à faire valoir attestant de la solidité financière de son institution et des perspectives de développement socioéconomiques à travers la création de richesses et d'emplois. Ce qu'attestent, du reste, les accords de partenariat signés dans divers domaines d'activités portuaires. Notamment ceux que l'EPAN a signés avec le groupe «Qatari Pétrolum», Asmidal, Fertial, Ferphos pour l'exportation de divers produits pétrochimiques et miniers. «Pour l'heure, il n'est pas question d'extension du port de Annaba. Ce qui est synonyme davantage de pollution et d'asphyxie de la ville. Je m'oppose à ce projet tel que présenté. Il est nécessaire de revoir l'étude de réalisation sur la base d'un site à l'extérieur de la ville qui souffre déjà d'un véritable étranglement tant dans le domaine de la circulation routière qu'environnemental. Pourquoi ne pas retenir un site extérieur comme Sidi Salem ou un peu plus loin dans la wilaya de Tarf voisine», a estimé le ministre. Interpellé par le P/APW et le P/APC de Annaba sur la réalisation du tramway, il a invité les autorités locales à bien défendre leur dossier devant la population. «La communication est importante. Pour peu qu'il y ait une plus grande ouverture sur des expériences vécues par des villes un peu partout à travers le monde et que le chapitre de la rentabilité soit bien maîtrisé, plus rien ne s'opposerait à la réalisation du tramway de Annaba», a argumenté le représentant du gouvernement. Lors d'un point de presse qu'il a animé au siège de la Wilaya, Boudjemaâ Talai a confirmé l'acquisition d'un certain nombre de navires destinés au transport des voyageurs interwilaya côtière. Il a également annoncé le lancement d'un schéma national des transports avec pour objectif une meilleure organisation de ce secteur.