C'est dans un climat tendu et plein de suspense que le verdict de l'affaire Khalifa est tombé hier matin au tribunal criminel de Blida. Si les parents des prévenus qui ont été acquittés ont poussé un grand ouf de soulagement, ceux des accusés condamnés étaient loin d'accepter les peines prononcées. Eux qui espéraient voir leurs descendants ou ascendants, c'est selon, bénéficier de relaxes après une longue bataille juridique qui les a foncièrement affaiblis. Et pourtant, le président du tribunal avait, avant la prononciation du verdict, averti l'assistance contre tout dépassement et exigé qu'on le laisse lire sereinement les verdicts. Cependant, les parents présents notamment à l'arrière de la salle d'audience avaient l'air de n'en avoir cure dès la prononciation de la réponse «non» aux griefs retenus contre leurs parents, les embrassades et les accolades suivies de youyous prédisaient la relaxe mais ont perturbé quelque peu l'atmosphère solennelle imposée jusque-là par les agents de l'ordre. Ils ont anticipé la décision d'acquittement d'où leur joie d'en finir avec un procès qui les a tenus en haleine des années durant. La première peine annoncée officiellement par le juge a été celle de Abdelmoumène Khalifa. Il était 10 h 45. Dix-huit ans de prison ferme, assortis d'une amende d'un million de dinars était dur à avaler par la défense de ce dernier. Sur les 10 chefs d'accusation retenus contre lui, le tribunal n'a rejeté qu'un seul, celui du trafic d'influence. Les dizaines d'avocats qui suivaient, debout, le déroulement du verdict empêchaient cependant de voir la réaction du condamné. Son conseil, Me Merouane Medjhouda, a fait savoir que Khalifa a été surpris par la sentence. Il faut dire que Me Medjhouda est resté presqu'un quart d'heure à l'intérieur de la salle d'audience, assis sur les bancs réservés aux avocats avant de décider de parler aux journalistes. D'emblée, il reconnaîtra que la décision prononcée à l'encontre de son mandant était lourde mais se refuse à tout commentaire sur ce verdict. «En tant que défense, je ne peux faire de commentaire sur une décision prononcée au nom du peuple algérien d'autant plus qu'elle reste dans le cadre légal», dira Me Medjhouda qui espère introduire un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême si Khalifa accepte. «Je suis à 99,99% sûr que mon mandant va accepter surtout que nous n'avons pas pu bénéficier des circonstances atténuantes alors que Khalifa avait un casier judiciaire vierge avant cette affaire», affirmera-t-il. Me Medjhouda s'est toutefois montré à tout le moins pondéré à l'encontre du verdict notamment en ce qui concerne la réponse par «non» à l'endroit des circonstances aggravantes pouvant induire la peine de prison à perpétuité telle que requise par le ministère public. «L'instance juridique a maintenu le grief du faux et usage de faux qui selon le code pénal prévoit une peine variant entre 10 et 20 ans. Et c'est dans cette limite que le juge a décidé de la peine de 18 ans de prison ferme d'où la légalité de la décision.» Enfin, le conseil de Abdelmoumène Khalifa compte demander la grâce présidentielle une fois la peine définitive.