De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari. La différence entre un chrétien et un musulman en Europe est que l'un ne fréquente pas l'église et l'autre ne va pas à la mosquée. Pourquoi donc des «exécutifs» bidon, à la solde des internationales intégristes, notamment celle des Frères musulmans, ex-l'UOIF de France ? La majorité des musulmans d'Europe ne vont pas à la mosquée, des jours, ils font, et des jours ils ne font pas Ramadhan, ne sont pas particulièrement adeptes de la salat (prière) et ne vont pas en pèlerinage à La Mecque. Par contre, concernant la zakat telle que prescrite et ordonnancée par l'islam, ils ne voient pas d'inconvénient à y souscrire. Pour beaucoup, c'est l'une des formes d'attachement les plus solides à la religion et, de ce fait, vont au-delà de ce qui est ordonné par les ouléma dans la générosité. Ceux des 3e, 4e et 5e générations, ayant la double nationalité (turque, algérienne, marocaine, tunisienne et celles du pays d'accueil des parents ou des grands-parents (Allemagne, France, Belgique, Pays-Bas, Suède, Angleterre, Irlande, Ecosse...), sont très attachés aux rites ramadanesque. Jeûneurs coriaces et fiers de l'être, le mois du «tanzil» (Révélation coranique) est pour eux un fil conducteur, une occasion inespérée de rester attachés au pays des ancêtres, celui du cœur. Ramadhan est plus, pour eux, qu'un devoir religieux, c'est une façon d'être, de se sentir dans sa peau, dans sa double identité, européenne et de là-bas. Ce n'est pas plus mal, rien n'interdit ces postures... Pourtant, des hommes politiques du Vieux-Continent ont cru bon de vouloir organiser les musulmans et de les parquer dans des structures «bidon», comme les exécutifs des musulmans de France ou de Belgique. Le concept néo-conservateur est né, précisément en France du temps de Sarkozy. Ce dernier, habile manœuvrier, entendait discriminer l'ensemble des Français d'origine maghrébine en les transformant en habitués zélés des maisons de Dieu de l'Islam, les mosquées. La ruse est dangereuse. Pour au moins trois raisons. Ancrer dans l'imaginaire collectif que tous les Français se réclamant de l'Islam sont pratiquants, fervents défenseurs de Mohamed et du Coran, fermés sur les questions de modernité et de laïcité. Alors que les réalités sont plurielles, diverses, variées. Il y va des musulmans comme de ceux des autres obédiences. Certains sont fervents, d'autres moyennement pas du tout. Il en est qui sont croyants chrétiens, juifs ou musulmans par filiation familiale, tradition ou attachement à la culture et non pas à la foi prônée par Moïse, Haroun, Jésus, Jehovah, Mohamed ou B'nou Al Ass. L'ex-chef d'Etat français voulait, parce qu'il savait ce qu'il visait ; 2e raison, installer des représentations d'islam de France intégristes, salafistes et/ou proches des Frères musulmans. Pour exclure les Algériens, sa détestation privilégiée, au profit des Qataris et Saoudiens, ses amis et alliés, financiers de ses campagnes électorales et solides atouts contre l'émancipation de l'islam de France. L'actuel chef des «Républicains» affaiblissait par la même occasion l'autorité de la Mosquée de Paris, modérée, républicaine et attachée aux valeurs de la France et à la laïcité. Dalil Boubakeur est algérien, donc pas du goût de Sarko. Dommage que la Belgique l'ait suivi dans ses plans diaboliques et opté pour le même type d'organisation du culte musulman dans le royaume de la belle Mathilde. Pourquoi, d'ailleurs, doit-on organiser la religion de Mohamed en Europe, une simple observation des règles du vivre-ensemble, valable pour tous, ne devrait-elle pas suffire ? Un musulman qui pratique doit pouvoir le faire en toute aisance sans se sentir représenté par tel ou tel organisme. Surtout si tel ou tel organisme comme l'UOIF est une annexe de l'Internationale des Frères musulmans. L'exécutif des musulmans de France, de Navarre ou d'ailleurs est un complot déstabilisateur, néfaste et porteur de dangers pour les musulmans. Pour ces raisons, les néo-conservateurs des 28 l'ont adopté et adoubé. Un projet de Sarkozy n'est jamais bon pour les musulmans d'Europe, du Maghreb ou du Machreq. Surtout pas pour les Algériens.