De notre bureau de Bruxelles Aziouz Mokhtari L'islam a occupé la scène médiatique en Belgique, c'est le constat de l'Observatoire des religions et de la laïcité de l'Université Libre de Bruxelles. Pour autant, cette occupation de cet espace particulièrement pose question et interroge. Si nul n'est prophète dans son pays, les observations des experts ès religions de la prestigieuse ULB sont à prendre avec sérieux. A méditer... C'est à travers d'événements peu reluisants que l'Islam a fait parler de lui en Belgique (femme de la burka de Molenbeek, agression de deux policiers par un intégriste musulman français, incendie d'une mosquée à Bruxelles). Cette profusion d'images et de commentaires sur l'islam n'a pas, pour autant, favorisé la compréhension et la paix religieuse au royaume de Jacques Brel et d'Albert II. Selon l'étude de l'observatoire cité au début de l'article, «ces événements servent de point de départ à un débat récurrent sur l'intégration des musulmans et sur la compatibilité de l'Islam avec la laïcité à la belge». D'après la politologue Corinne Torrekens, cette façon d'aborder la religion musulmane, cette focalisation dessert plus qu'elle ne sert la communauté musulmane de Belgique. Pourtant, les études les plus sérieuses et les plus pointues indiquent un taux d'intégration très élevé des musulmans de Belgique et leurs aptitudes à bien se mouvoir dans la laïcité-neutralité de l'Etat belge. La Belgique qui, il y a à peine une cinquantaine d'années, était peuplée de catholiques pratiquants, pur jus, brassés à l'ancienne, royaume des moines trappistes et des bières artisanales au prestige reconnu universellement. La Belgique est numéro un, sans concurrent dans ce domaine, peine à comprendre et à laisser de la place aux autres croyances. Musulmanes ou même les autres, les protestantes. Si proches et si lointaines. La façon dont l'Etat a voulu organiser les musulmans de Belgique, pyramidale, selon le modèle rigoureux et sans appel de l'Eglise catholique, est un échec. L'exécutif des musulmans n'est pas une réussite, ici, loin s'en faut. Sa représentativité, ses missions et sa communication n'emportent pas l'adhésion des musulmans du royaume. Il faut dire que le mode d'élection, à nul autre pareil, est confus, brumeux, ne prétend pas à favoriser la transparence. Pour autant, les musulmans de Belgique comme ceux de toute l'Europe souffrent de maux et de phénomènes qui leur sont totalement extérieurs. Al Qaïda, le djihad, les tours-jumelles, le WTC, les attentats des métros de Londres et de Madrid, Ben-Laden, les printemps arabes devenus hivers islamistes, autant de faits que le subliminal Belge attribue à l'Islam.