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Cela est devenu possible grâce au phénomène de LA transhumance
Sur la route du miel de jujubier
Publié dans Le Soir d'Algérie le 06 - 07 - 2015


Reportage réalisé par Yazid Yahiaoui
Aïn Laloui. Dimanche 21 juin 2015. Au niveau de la coopérative apicole, c'est le jour J. Jour de la récolte du miel de jujubier. Un miel bio par excellence tant il est récolté à des centaines de kilomètres de là. Plus exactement à Benhar, commune de la daïra de Birine, dans la wilaya de Djelfa. Dans un endroit steppique, à l'air et aux âmes purs.
Belaïd Boussebaïne, le directeur de la coopérative apicole de Aïn Laloui, muni d'une vareuse à voile au même titre que ses travailleurs, nous en offrit une pour nous épargner les piqures des abeilles. «En fait, ce que nous faisons est un vol. Nous allons voler du miel aux abeilles. Alors, ne crois-pas que les abeilles nous feront des cadeaux si on ne se couvre pas», nous dira-t-il.
Belaïd suit ses travailleurs d'une ruche à l'autre tout en nous expliquant et nous montrant les cadres miellés cueillis au fur et à mesure, et récoltés dans une hausse vide. Les cadres qui contiennent du couvain sont automatiquement laissés dans la ruche pour permettre aux jeunes essaims de se reproduire et se renforcer... Cela dit, avant de poursuivre l'opération et vous expliquer le processus de récolte du miel de jujubier, nous allons vous transporter vers la région de Birine et vous expliquer le phénomène de transhumance apicole qui se fait depuis 2008 vers cette région, devenue depuis le royaume des abeilles par excellence.
Voyage au royaume des jujubiers... et des abeilles
Samedi 30 mai 2015. Notre véhicule roulait depuis quatre heures. Nous avons quitté Bouira à 7h. Nous avons suivi l'itinéraire des ruches de Belaïd qui avaient quitté Bouira il y a de cela 10 jours pour élire domicile à Birine, une daïra située à 120 km au nord de Djelfa, dans le cadre d'une transhumance apicole née il y a de cela plus de 6 ans.
Le 20 mai, au crépuscule, les travailleurs de la coopérative apicole de Aïn Laloui étaient là à suivre les directives de leur directeur, Belaïd. Sitôt la nuit tombée, la première opération des travailleurs consistait à obstruer les ouvertures des ruches pour empêcher les abeilles de sortir. Moins d'un quart heure plus tard, l'opération d'embarquement des ruches est lancée. Il fallait faire vite.
Au total, 100 ruches allaient être installées sur le plateau du camion, qui démarra moins d'une heure plus tard vers Birine. Quatre heures plus tard, et après avoir parcouru plus de 200 km, le camion arrivera à destination, à Benhar exactement, une commune de la daïra de Birine. Là sur la RN40B, retapée à neuf depuis peu, Mohamed, le jeune pastoureau qui sera pendant plus d'un mois le gardien des ruches, accueillera ses hôtes. Puis en empruntant un sentier rocailleux dans cet endroit steppique, sur près de deux kilomètres plus loin, le déchargement des ruches pouvait commencer.
Les dizaines de ruches sont installées à même le sol et elles seront là pendant tout un mois, avec comme seul gardien Mohamed qui veillera sur elles en leur apportant quotidiennement de l'eau, indispensable en ces contrées désertiques. Pendant tout un mois, alors que les jujubiers qui s'étalent à perte de vue fleurissaient, les abeilles butineuses s'affaireront à récoler le maximum de nectar depuis ces arbustes mellifères. Ce samedi, alors que notre véhicule s'approchait de plus en plus de Birine, appelée depuis quelques années, le royaume des abeilles, Belaïd nous relata son histoire avec ces lieux qui s'étalent à perte de vue. Des lieux qui inspirent une quiétude de l'âme et de l'esprit, et qu'on retrouve chez les gens de ces contrées, les gens du Sud, des gens au cœur large et à l'hospitalité légendaire jamais démentie. Et Mohamed qui nous accueillit à bras ouverts, qui s'est débattu comme un diable — un ange dirions-nous plutôt — pour nous offrir le gîte pour nous reposer et le repas généreux de midi, en fait partie. En fait, l'histoire de Belaïd est intimement liée à celle de Djillali.
Djillali, l'homme par qui l'aventure commença
Les faits remontent à 2008. Djillali, apiculteur de Tizi Ouzou, est depuis plusieurs heures sur la RN8, à la recherche d'un endroit propice pour ses abeilles. Là-bas, chez lui, surtout depuis les années 2000, à cause de tous ces pesticides aspergés dans les champs, essor du PNDA oblige, conjugué aux caprices de la nature qui a fait du printemps, depuis les années 1990, une saison la plus courte ne dépassant pas un mois, les ruches disparaissent une à une, et les apiculteurs qui ont tiré la sonnette d'alarme ne savaient plus comment s'y prendre.
Aussi, lorsqu'un jour, un voyageur lui avait parlé de ces vastes étendues de jujubiers, plantes mellifères par excellence, dans la région de Birine, Djillali a longtemps hésité avant de se lancer dans cette aventure dont il ne savait pas l'issue.
Finalement, Djillali avait pris la direction de Djelfa en suivant la RN8 depuis Sour-El-Ghozlane jusqu'à Aïn Lahdjal dans la wilaya de M'sila, avant de tourner à droite pour emprunter la RN40, communément appelée la rocade, puis, quelque 40 km plus loin, prendre le virage à gauche en suivant la plaque indicatrice de la daïra de Birine sur la RN40B. Arrivé au centre-ville de Birine, les gens lui ont indiqué la direction à suivre pour retrouver les fameux jujubiers. Djillali ne savait pas que le destin allait le faire rencontrer avec celui qui fera de lui le précurseur du miel de jujubier devenu depuis la marque de fabrique de beaucoup d'autres apiculteurs.
Chemin faisant et tout en contemplant les vastes paysages garnis de jujubiers, Djillali s'arrêta devant un paysan qui était là à faire du stop. C'était ammi El Mekki. Djillali qui expliqua l'objet de sa présence à son accompagnateur, en aura plus qu'il n'en faut. Mieux encore, ammi El Mekki qui lui indiquera que la région est sur plusieurs kilomètres, parsemée de jujubiers, apprendra à Djillali que le lieu n'est plus Birine, bien qu'il soit toujours dans la daïra de Birine, mais Benhar. Et mieux encore qu'il habite dans les parages. A partir de cet instant, Djillali qui ne voulait pour rien au monde le perdre, l'accompagna au chef-lieu de la commune de Benhar avant de rentrer avec lui pour voir de près la vaste étendue des jujubiers dans laquelle El Mekki vit avec sa famille, ses frères et ses cousins.
Quelques jours plus tard, une cinquantaine de ruches débarqueront depuis Tizi Ouzou vers ce lieu. Djillali ne savait pas qu'il venait de signer le premier acte de naissance d'une transhumance apicole qui sera suivie quelques années plus tard par des dizaines d'autres apiculteurs de plusieurs wilayas et de toutes les régions du pays. C'est que Djillali, qui désespérait du sort de ses ruches, sera plus que surpris par la récolte plus qu'exceptionnelle de cette année-là.
Exceptionnelle, l'année 2009 l'était et le sera encore pendant les années suivantes. Et sûrement pour une autre année, car nous le saurons plus loin, pour cette année, un orage est passée la veille. Belaïd nous dira que lors de l'année 2008, la saison était tellement bonne que le miel coulait depuis les ruches au bout d'une vingtaine de jours.
Benhar, royaume du jujubier
En ce samedi 30 mai, à notre arrivée à Benhar, aux environs de 11h, nous fûmes accueillis par Mohamed, le gardien des lieux, le digne héritier du défunt ammi El Mekki qui laissera avant sa mort en 2013, une sorte de testament pour son fils, en lui conseillant de prendre soin de Djillali et ses amis. Et Belaïd en fait partie puisque, une année après sa première expérience, Djillali appellera Belaïd et lui parlera de la région. Et depuis, le miracle du bouche à oreille ayant fait son effet, la région est devenue, pour beaucoup d'autres apiculteurs de toutes les régions d'Algérie, la plaque tournante du miel de jujubier, un véritable royaume des abeilles.
Belaïd, qui connaissait les caprices de la nature, alla directement vers un jujubier et regarda au sol où il remarqua une couche de fleurs fraîchement tombées. Ensuite il nous montra les abeilles éparses qui butinent çà et là. «Tu vois ces abeilles qui butinent. C'est faible comme activité. Dans les grandes chaleurs, au niveau d'un tel jujubier, tu te croiras dans une ruche. Et ce n'est pas le cas pour le moment», nous expliquera Belaïd qui appela Mohamed pour parler du fameux orage de la veille. «Oui, il y a eu un violent orage hier, et plusieurs ruches de certains apiculteurs dont les couvercles n'avaient pas été attachés, ont été renversées par les vents violents», dira Mohamed qui essaya de minimiser les dégâts mais Belaïd, en apiculteur avisé, ne cessait de remuer sa tête. «Non, l'orage d'hier est vraiment préjudiciable pour une meilleure récolte. C'est vrai que la période de floraison est encore longue, mais si la fraîcheur persistera d'ici quelques jours, la récolte sera mauvaise.» En s'approchant davantage des petites fleurs, Belaïd nous invitera à voir de près le nectar qui est expulsé vers l'extérieur par la chaleur. «Tu vois ces gouttes sous forme de perles, dans les grandes chaleurs, toutes les fleurs en possèdent. C'est le nectar et les abeilles butineuses n'ont qu'à l'aspirer et le transporter vers la ruche. Mais quand la chaleur n'est pas au rendez-vous, le nectar est au fond de la fleur et l'abeille met plus de temps et d'efforts pour en aspirer une petite quantité. Tu vois la différence et mon pessimisme face à cette fraîcheur et le fameux orage !»Cela dit, Belaïd et Mohamed nous invitent à visiter les différents ruchers existants sur ce vaste territoire.
Sur des dizaines d'hectares, les ruches sont installées çà et là, autour des jujubiers qui ont formé au fil des années, pour ne pas dire des siècles, de petits monticules ; les sables mouvants s'accrochant aux racines, au fil du temps, les jujubiers apparaissent comme de petites saillies visibles à perte de vue dans cette région à l'air pur que n'altère aucune impureté ou autre pollution et dont le caractère bio de ses plantes, les jujubiers particulièrement, ne pourra jamais être démentie. Mohamed nous montra des ruchers appartenant à des apiculteurs venus de Tipasa, Blida, Boumerdès, Tizi-Ouzou, Sétif, Khenchela, et, bien sûr, de Bouira.
Chaque apiculteur choisit un groupe de jujubiers et posera ses ruches tout autour. Après la pose de ces ruches, un bassin de fortune est creusé avant d'y installer une bâche ou un couvert en plastique dur pour y verser de l'eau. Dans ces bassins de fortune que Mohamed se charge de remplir régulièrement, on y met des branchages et des plaques en bois flottantes, afin que les abeilles qui s'y posent ne soient pas noyées.
Cela étant, il y a lieu de rappeler que dans cette région, des familles, qui y vivent depuis des siècles, possèdent des puits et cultivent la terre avec, certes, de petits rendements, mais la culture agropastorale y est très prisée., D'ailleurs, Mohamed qui vit dans les lieux en compagnie de son frère et leur mère, ainsi que des cousins, vivent exclusivement de l'élevage ovin. Cela dit et pour cette activité saisonnière qui ne dépasse pas un mois pendant l'année, Mohamed est rémunéré au forfait par chaque apiculteur.
Lors de notre petite halte de midi, nous avons appris que l'Etat a installé au niveau de chaque maison, un panneau solaire et que tous les habitants de la région, ont bénéficié de cette électricité gratuitement. Idem pour l'eau du robinet qui coule à flots. «Même le transport scolaire est assuré», nous dira Mohamed qui n'avait pas eu cette chance puisque, durant son enfance, il parcourait plus de 5 km quotidiennement pour rejoindre son école... Dans l'après-midi, après une petite sieste, nous avons quitté les lieux et les abeilles mais en gardant les images de l'innocence des lieux, et le large sourire de Mohamed qui devait donner le signal dès que la floraison des jujubiers sera terminée.
Le 17 juin 2015, soit moins d'un mois après leur voyage, les abeilles de Belaïd et de tous les autres apiculteurs ont fait le chemin du retour.
«Cela se fait sur simple observation. Dès que la floraison du jujubier est terminée, il fallait faire vite.» Belaïd nous explique que lorsque la période du butinage est terminée, les abeilles pourront s'attaquer à leur récolte en cas de disette. «Et puis, les abeilles, ayant suffisamment de miel dans leur ruche, elles l'utiliseront pour se reproduire davantage en formant de nouveaux essaims avec de nouvelles reines, qui quitteront à leur tour la ruche...» Ainsi, une fois l'alerte donnée par Mohamed, tous les apiculteurs s'empressent à récupérer leurs ruchers. Pour Belaïd, cela s'est passé le 17 juin 2015. Le camion avec trois ouvriers est envoyé dans l'après-midi. Au crépuscule, après le retour de toutes les abeilles dans les ruches, les issues sont obstruées et l'embarquement peut commencer. Les mêmes gestes d'il y avait un mois seront exécutés. Le déchargement au niveau de la coopérative apicole de Aïn Laloui s'est fait à 1h, le matin...
La récolte
Ce dimanche 21 juin 2015, lors de notre arrivée sur les lieux à 11h, les travailleurs qui avaient entamé l'opération de récolte du miel à 6h, étaient aux dernières ruches. Au total, 100 ruches ont été passées en revue. Belaïd nous explique que les ruches comportent de jeunes essaims et que, par conséquent, «il fallait veiller à ce que dans chaque ruche, on laisse certains cadres miellés pour permettre à la colonie de se multiplier et se fortifier».
Saoud, en bon connaisseur, n'avait pas besoin de remarques. Avec des mains alertes et des yeux d'expert, il décidera de lui-même si tel cadre est bon à prendre ou non. Généralement, on laisse les cadres qui comportent du miel et du couvain.
Les gestes sont exécutés avec une véritable hardiesse par Saoud qui est là dans cette coopérative depuis... 1977. Avant que Saoud n'inspecte les différents cadres et décider de celui ou ceux qui doivent être récoltés de ceux qui doivent être laissés pour la colonie, un autre travailleur qui tient dans sa main l'enfumoir dans lequel on avait mis des morceaux de jute qui brûlent au ralenti et qui dégagent une odeur suffisamment repoussante pour les abeilles mais ni toxiques ni trop odorantes pour imprégner une certaine odeur au miel récolté, lance des bouffées de fumée dans la ruche pour assommer les abeilles et les rendre moins agressives. Puis Saoud qui, à l'aide d'un lève-cadre, sorte de spatule métallique avec laquelle il ouvrit auparavant le couvercle supérieur de la ruche, remue le cadre pour le détacher des autres, l'inspecte et le soupèse et décide ou non de son retrait. Si tel est le cas, il exécute un geste brusque qui fait tomber les nuées d'abeilles qui s'y trouvent, avant de nettoyer le cadre à l'aide d'une brosse spéciale pour balayer celles qui s'y accrochent encore. Le cadre miellé est remis à un autre travailleur qui s'empresse de le mettre dans une hausse vide qui peut prendre jusqu'à 10 cadres.
Au total, quelque 200 cadres ont été récoltés ; soit une moyenne de deux cadres par ruche. Un chiffre qui fait sourire Belaïd qui ne s'attendait pas à une telle récolte. «Au regard du climat qui a régné pendant le mois passé avec des pics de fraîcheur et même de la pluie, je ne m'attendais pas à ce rendement», dira-t-il.
Cela étant, Belaïd nous explique que le cadre devait être totalement operculé pour parler de miel maturé.
Après cette opération, les hausses pleines de cadres miellés sont acheminées vers l'atelier d'extraction du miel. Situé sur l'étage supérieur en forme de soupente, l'atelier d'extraction du miel est composé de deux centrifugeuses électriques de 32 et 24 cadres, ainsi que d'une centrifugeuse manuelle de quatre cadres, un plateau de désoperculation, des maturateurs munis de tamis, couvercles robinets en bas. Un peu en retrait, existe une gaufreuse à cire avec laquelle sont fabriquées les feuilles de cire qui sont installés sur les cadres, eux-mêmes fabriqués en bois au niveau d'un autre atelier de menuiserie.
Il faut dire que la coopérative apicole de Aïn Laloui ne vit pas exclusivement de la production et la vente du miel, mais plutôt de la vente de ruches pleines, qu'elle produit par milliers sur commandes. Depuis les années 2000, et dans le cadre du PNDA, la coopérative apicole signe des conventions avec les services agricoles et ceux des forêts pour la livraison de centaines de ruches pleines. Parfois, ce sont de simples paysans qui viennent acheter des dizaines de ruches. Ainsi, au niveau de cette coopérative, outre l'atelier d'extraction du miel, il y a essentiellement l'atelier de menuiserie pour la fabrication des ruches. Ces dernières sont remplies pendant toute la période allant de février à mai ; dans le cadre des essaimages artificiels que la coopérative maîtrise parfaitement.
Outre les ruches fabriquées sur place, il y a également les feuilles de cire gaufrées qui sont fabriquées également sur place à l'aide d'une gaufreuse à cire. La cire est soit récupérée depuis les anciennes ruches, avant de la fondre, la filtrer et la remettre dans la gaufreuse, soit importée sous forme de pâte prête à l'emploi. Aussi, pour la production du miel et même si cela figure parmi les vocations de la coopérative, il reste que lors des saisons «sèches» où le printemps n'est pas du tout propice pour une bonne production de miel, la coopérative survit grâce à cette activité qui reste, et de loin, plus rentable.
Cela étant et pour revenir à notre atelier d'extraction du miel, là aussi, une fois les housses acheminées sur place, les travailleurs prennent les cardes miellés et les installent sur un plateau aménagé à cet effet. Un autre travailleur et à l'aide d'un couteau spécial, désopercule les cellules de cire que les abeilles avaient operculées. Un troisième travailleur installe les cadres désoperculés dans la machine à extraire le miel appelé extracteur tangentiel. Pour l'opération de ce dimanche, les travailleurs ont utilisé la machine manuelle à quatre cadres. D'après Belaïd, la machine électrique à 24 ou 36 cadres est utilisée quand la production est très importante. Le temps d'extraction dépend de la vitesse de rotation, de la température ambiante et de la viscosité du miel.
Après une vingtaine de cadres traités, une quantité assez importante de miel est visible au fond de la centrifugeuse qui est dotée d'un robinet à même le sol. Le miel est versé dans un récipient en inox et immédiatement transposé dans le grand maturateur à tamis pour séparer les impuretés composées essentiellement de cire et de restes d'abeilles mortes.
Au niveau du maturateur, le miel séjournera plusieurs jours pour assurer une très bonne décantation et là, la mise en pots du miel pourra commencer... A votre santé !


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