Comme chaque année, le Ramadhan, période réputée budgétivore, a torpillé les budgets des ménages. Les dépenses de l'Aïd ont porté le coup de grâce aux portefeuilles déjà éprouvés par cette grande saignée. Mis sous perfusion, les comptes bancaires sont à l'agonie. Pourtant, l'été est bel et bien là avec ses appels au farniente, au repos, aux voyages et à l'évasion. Les Algériens ont-ils gardé une petite poire pour la soif ? Ont-il réussi à épargner quelques sous pour aller se dorer au soleil, crapahuter en montagne ou visiter des sites culturels sous d'autres cieux ? Ou devront-ils se contenter des quatre murs de leur maison pour tout horizon ? Témoignages des uns et des autres. Nora, 45 ans «Des vacances pour moi et ma smala cette année ? Je ne pense pas ! (Rires). Ramadhan et Aïd se sont acharnés sur moi, ne faisant qu'une bouchée de toutes mes économies. Pendant le Ramadhan, j'ai eu régulièrement des invités à ma table. Mine de rien, l'argent file vite. Viande, légumes, fruits... tout est cher. Vraiment trop ! Et dire que bientôt, il faut penser aux achats de la rentrée ! Je suis pourtant consciente que mes enfants ont besoin de changer d'air avant d'entamer une nouvelle année scolaire. Mon mari et moi pourrons leur offrir, tout au plus, deux ou trois journées en piscine ou en bord de mer. Même ces sorties ne sont pas données. Quitte à nous serrer la ceinture sur le budget alimentaire, nous allons faire cet effort afin de leur permettre de s'aérer la tête et de s'amuser un peu.» Issam, 47 ans Les dépenses du mois sacré m'ont laissé sur la paille. Ma femme n'étant pas active, je suis seul à subvenir aux besoins de ma famille. Comme l'été dernier, nous allons avoir recours au système «D» : aller squatter chez la famille au bled, pendant une semaine. Les enfants vont encore râler car il n'y a ni piscine ni plage là-bas ! Mais, bon on n'a pas le choix. C'est cela ou rien du tout. S'offrir des vacances dans un complexe touristique ou dans un autre pays coûte un bras, surtout quand Ramadhan, Aïd et rentrée scolaire s'enchaînent. Pour moi, l'essentiel est de faire une petite coupure, s'arracher de son environnement habituel et voir un autre décor !» Hanane, 32 ans «Je travaille dur toute l'année et je fais en sorte d'économiser assez d'argent tous les autres mois afin de m'offrir des vacances à l'étranger. Je suis encore célibataire et je n'ai pas de famille à charge. Raison de plus pour en profiter. J'ai programmé d'aller une semaine à Barcelone avec des amis en août et je trépigne déjà d'impatience rien qu'à cette idée.» Riad, 43 ans «Chaque année, j'embarque ma femme et mes deux enfants pour aller passer des vacances en Tunisie. Le rapport qualité-prix est très intéressant pour profiter de belles formules de séjours dans des hôtels touristiques pieds dans l'eau. L'attaque terroriste de Sousse ne m'a pas découragé. Il ne faut pas céder à la peur. Comme chaque été, ma famille et moi voyagerons en voiture afin d'économiser les prix des billets. Nous avons déjà effectué nos réservations dans un bel hôtel à la station balnéaire de Hammamet. Certes le mois de Ramadhan a été ruineux sur le plan budgétaire. Mais ma femme et moi avons pris nos précautions en mettant chaque mois un peu d'argent de côté. Cette parenthèse estivale est plus que nécessaire pour se requinquer le moral avant de reprendre le chemin de la rentrée. Nabila, 39 ans «Les multiples dépenses relatives au mois de Ramadhan nous ont mis sur la jante. C'est fou ce que des repas améliorés avec viandes et tutti quanti coûtent chers chez nous. Mes économies ont fondu comme neige au soleil. Il y a l'Aïd ensuite. Il faut acheter des vêtements neufs à mes deux enfants et racler les fonds de tiroirs pour la préparation des gâteaux. Aller en vacances, je n'y pense même pas. Chez nous, c'est un luxe que seule une minorité de privilégiés peut se permettre. Tant pis, ce sera des promenades en ville, quelques pique-niques en forêt et des jeux dans le square du quartier. A la guerre, comme à la guerre !» Boucler ses valises pour une destination de rêve n'est pas à la portée de tous, surtout lorsque l'été coïncide avec Ramadhan et Aïd. A chacun de faire preuve d'imagination pour rompre un tant soit peu avec la routine quotidienne.