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L'entretien de la semaine KARIMA BENDERRADJ, ENSEIGNANTE DE SOCIOLOGIE À L'UNIVERSITE DE SKIKDA AU SOIRMAGAZINE :
«L'Algérien vit toujours sous l'effet d'imprévus»
Les vacances sont terminées, c'est la rentrée et les ménages sont fauchés. Une période difficile pour les familles qui ont du mal à joindre les deux enfants scolarisés par famille. Il ne faut pas oublier aussi qu'on est une société qui manque de culture organisationnelle : on ne se programme pas financièrement pour ces événements. L'Algérien a tendance aussi à vivre toujours sous l'effet d'imprévus. Il doit être présent et solidaire économiquement lors d'évènements importants comme les mariages, les cérémonies à l'occasion de réussites scolaires comme le bac, la sixième, le BEF ou la licence, et aussi à l'occasion des décès. Soirmagazine : A chaque rentrée sociale, c'est la saignée pour les ménages. Quel constat pouvez-vous faire ? Mme Benderradj Karima : Depuis plusieurs années, la rentrée scolaire coïncide avec de grandes périodes de dépenses ménagères (vacances d'été et Aïd El-Fitr) d'où la difficulté d'affronter, juste après, cette rentrée quand on a un minimum de deux importants comme les mariages, les cérémonies à l'occasion de réussites scolaires comme le bac, la sixième, le BEF ou la licence, et aussi à l'occasion des décès. En tant que sociologue, la situation que vivent les familles algériennes serait-elle due à un problème de coût des fournitures scolaires ou à un salaire indécent ? A mon avis, plusieurs facteurs se conjuguent. Mis à part les salaires indécents et les prix élevés des fournitures scolaires, on doit aussi parler d'une absence d'industrie nationale dans le domaine, ce qui a donné l'occasion aux importateurs de fournitures d'imposer leurs prix devant une absence de soutien étatique pour ces produits. Quelles solutions peut-on apporter aux problèmes du coût exorbitant des cartables, cahiers et autres fournitures ? En parlant de solution, je pense qu'on doit d'abord sensibiliser la famille algérienne, les grands pour qu'ils rationalisent leurs dépenses, les petits pour les préparer à cela. Ils ne sont pas obligés par exemple d'acheter chaque année un cartable ou un tablier, quand ils sont en bon état. Les familles, même celles dans le besoin, ont cette culture du mimétisme. On veut faire comme le voisin pour ne pas se sentir diminué et on l'inculque à son enfant. Alors qu'un tablier lavé et bien repassé ferait l'affaire. Concernant les achats de livres, on peut revenir à l'ancien système : pourquoi acheter le livre ? Aussi, on peut créer une copie de livre électronique pour les élèves qui bénéficient du Net. Socialement, les associations et tous les acteurs peuvent venir en aide avec, entre autres, une bourse étatique qui réponde aux vrais besoins de ces élèves. Ces dernières années, on a relevé que la rentrée scolaire coïncidait avec le Ramadhan et l'Aïd El Fitr, périodes reconnues pour leur caractère «budgétivore ». Dans quelques années, cette coïncidence aura à se répéter, faut-il y remédier, en décalant la rentrée, ou seulement s'y adapter ? En fait, le problème n'est pas là. Tout est question d'organisation et de gestion de budget. Je crois qu'on doit conjuguer nos forces, école, presse, université et société civile pour une culture de vie plus organisée et plus rationnelle. Bannir les dépenses inutiles et surtout ne pas succomber aux caprices des enfants. Leur apprendre à ne pas acheter pour acheter, mais acheter le nécessaire et le fondamental. Sans tomber bien sûr dans les restrictions irrationnelles. Nous sommes devenus une société de consommation, nous dépensons sans compter, beaucoup de familles vivent au-dessus de leurs moyens, résultat des courses : l'endettement. C'est le revers de la médaille quand on veut s'aligner avec la modernité». Un dernier mot.... L'important c'est d'avoir toujours présent à l'esprit que l'enfant est l'homme de demain, alors prenons soin surtout de son âme et de sa tête.