En déclamant ses «qasidate» lors d'une soirée conviviale donnée en fin de semaine à l'Office des établissements des jeunes de Tiaret, Ahmed Bouziane, ce grand chantre de la poésie populaire, a su comme à l'accoutumée emballer son public, avec ses paroles pesées mais surtout rythmées au point de laisser planer un silence assourdissant dans la salle. Ses déclamations entrecoupées d'applaudissements ont porté sur une multitude de sujets avec en prime l'amour du Prophète (QSSSL) et de la patrie, les valeurs humaines, l'amitié, les vicissitudes de la vie... Persuadé que n'est pas poète qui veut, l'invité de la soirée a fait goûter à son auditoire visiblement passionné la splendeur du verbe, non sans rendre hommage à ses aînés desquels il s'est toujours inspiré et forgé pour se faire un nom parmi les grands. Ahmed Bouziane, qui se réjouit de voir ses œuvres convoitées par les plus illustres des chanteurs chaâbi, s'intéresse plutôt à mieux, selon lui, avec le lancement dans la sphère artistique de jeunes chanteurs n'ayant pas les moyens de se faire un nom comme ça été le cas pour Adda Guerouani, un chanteur du cru qui en est à son 5e album. Faycel Boukhteche, 26 printemps à peine entamés et dont on dit beaucoup de bien, devrait faire prochainement la même percée tant que l'engagement du poète demeure immuable. Saisissant l'opportunité, l'invité de la soirée devait consacrer une bonne partie de son intervention à son nouveau projet qui consiste en l'édition de son propre «diwan», un rêve qu'il a longtemps caressé. D'un volume avoisinant les 800 pages pour une centaine de poèmes, l'ouvrage en question devrait permettre aux lecteurs et aux auditeurs de savourer autrement le chaâbi et le hawzi grâce à son lexique contemporain teinté d'une touche classique. Pour Ahmed Bouziane, ce travail de longues années se veut une parfaite réplique à la domination exercée depuis presque un siècle par des poètes marocains tels Kaddour El Allami, Benali Ould Errezine, Benslimane, Ennadjar, et ce, au détriment des Lakhdar Benkhlouf, Benmessaïb, Bentriki, Bensahla Kaddour, Benachour, tous des icônes de la poésie populaire algérienne.