La Cnas (Caisse nationale de sécurité sociale) a finalement décidé de maintenir sa politique de la chasse au gaspillage. La Sécurité sociale a limité la prise en charge du remboursement des bandelettes d'autosurveillance glycémique pour les diabétiques de type 2. Ces derniers doivent désormais se contenter d'une seule boîte par trimestre au lieu de trois actuellement. Pour prétendre à plus d'une boîte, le patient diabétique de type 2 doit passer par un contrôle médical, selon les instructions de la Cnas. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - La Cnas ne prendra pas en charge le remboursement de plus d'une boîte de bandelettes par trimestre pour les patients atteints du diabète de type 2. Après son gel en juillet dernier, la décision de limitation de bandelettes d'autosurveillance glycémique est finalement maintenue. La caisse de Sécurité sociale, dans sa chasse au gaspillage, a instruit depuis le début du mois en cours les pharmaciens d'officines à ne pas servir plus d'une boîte de bandelettes par trimestre aux patients diabétiques de type 2 non insulinodépendant. C'est ce qu'a déclaré hier Salah Eddine Manaa, porte-parole du Snapo (Syndicat national des pharmaciens d'officines). Le patient qui demande plus d'une boîte par trimestre, dit-il, doit passer par un contrôle médical, selon les instructions de la Sécurité sociale. Pour rappel, le directeur général de la Sécurité sociale au ministère du Travail a annoncé début-juillet dernier la décision de limitation des bandelettes glycémiques. L'objectif, selon Djaoued Bourkaïb, était de mettre fin aux abus de consommation de ce produit, disponible en tiers payant, et à la charge de la Sécurité sociale, à 100%. La décision devait être appliquée après le mois de Ramadhan et concernait les patients atteints du diabète de type 2 stabilisés et traités par voie orale exclusivement et elle exclut les patients insulinodépendants (type 1), les diabétiques (type 2) traités par voie orale et injection d'insuline en même temps, ainsi que les diabétiques traités par voie orale exclusivement et ayant des difficultés à équilibrer leur glycémie. La Sécurité sociale voulait aussi se conformer aux recommandations internationales dont la prise en charge des bandelettes glycémiques par l'assurance maladie est limitée à 200 par an. Or, cette disposition qui était sur la table de la Sécurité sociale depuis 2011 a été confrontée, encore une fois, à la colère des malades et des associations des diabétiques. Devant cette situation, la Cnas a tout de suite annoncé son gel. Mais elle n'a visiblement pas trouvé de meilleure formule pour limiter le gaspillage. Selon le docteur Bekkat, président de l'Ordre des médecins, la Cnas doit laisser la décision aux médecins pour décider du nombre de bandelettes en fonction des besoins de leurs patients. Au lieu de prendre elle-même cette décision, dit ce médecin, la Cnas a dû responsabiliser les médecins prescripteurs et les médecins contrôleurs. «Pourquoi la Cnas a décidé de ces mesures de restrictions ? S'il y a un abus de consommation, qu'elle nous donne au moins les chiffres», se demande le docteur Bekkat. Les médecins diabétologues expliquent que l'utilisation des bandelettes pour un patient, uniquement sous comprimés, dont la glycémie à jeun se situe entre 0,80 gramme par litre de sang et 1,30 gramme par litre est de trois bandelettes par semaine soit une boîte par trimestre. Ils appellent à élargir et généraliser l'éducation thérapeutique au profit des patients atteints de diabète. De cette façon, soulignent- ils, le patient saura comment se prendre en charge et l'on évitera le gaspillage en bandelettes. Selon ces spécialistes, les associations de malades qui dénoncent cette restriction doivent plutôt plaider pour le remboursement des autres médicaments nécessaires pour l'amélioration de la santé des malades comme les lancettes pour bandelettes, les aiguilles pour l'injection d'insuline, et autres médicaments pour le contrôle de glycémie comme Vectoza. Il existe 4 millions de personnes atteintes de diabète en Algérie, soit 12% de la population. 25% sont des personnes atteintes du diabète de type 1 insulino-dépendants, entre 400 000 à 500 000 diabétiques sont sous un traitement associé et le reste, environ 60%, sont des diabétiques de type 2.