Le secteur des hydrocarbures a repris en 2014 après avoir connu un cycle de baisse d'activité pendant 8 ans. C'est ce qu'indique l'Office national des statistiques (ONS) dans une publication sur les comptes économiques du pays en volumes pour la période 2000-2014. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Constatant que la croissance de l'économie algérienne s'est améliorée l'année dernière, en termes réels à 3,8% contre 2,8% pour 2013, l'ONS relève l'effet de la reprise du secteur des hydrocarbures. Selon l'Office, ce secteur «semble avoir rompu au cours de l'année 2014 avec le cycle de baisse d'activité». Ainsi, il a légèrement reculé de 0,6% par rapport à 2013 où il avait enregistré une forte décélération (-5,5%), la seconde plus forte après celle de 2009 (-8%) selon l'ONS. Certes, la production stagne, l'Office indiquant seulement une valeur de 4 657,8 milliards de dinars en 2014 contre 4 968,0 milliards de dinars en 2013. Hausse de 4,4% selon le ministère de l'Energie A ce propos, le ministère de l'Energie indiquait en février dernier que la production primaire d'hydrocarbures avait atteint 200 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 2014 contre 192 millions de TEP en 2013, soit une croissance de 4,4%. Ainsi, la production de pétrole brut et de condensat avait atteint 61 millions de Tep en 2014 contre 58 millions en 2013, tandis que celle de pétrole de gaz liquéfié (GPL) a augmenté de 24,3% passant à 8 millions de Tep contre 7 millions de Tep. Quant à l'extraction du gaz naturel, qui constitue la plus grande part de la production algérienne en hydrocarbures, elle a enregistré une progression de 3% en s'établissant à 131 millions de Tep en 2014 contre 127 millions une année auparavant. Grâce à l'intensification de l'effort d'exploration Selon le département de Salah Khebri, cette hausse résultait essentiellement de la mise en service de l'unité GPL de Hassi Messaoud et à l'entrée en production des gisements de gaz et d'huile de Hamra, d'El Merk et de Gassi Touil. La reprise de la croissance de la production résulte aussi de l'intensification de l'effort d'exploration et de développement, durant ces dernières années, avec une progression de 25% des activités de forage dont le nombre a atteint 116 en 2014 contre 93 en 2013. Ce qui s'est traduit par la réalisation de 32 découvertes par Sonatrach et ses associés au même niveau que l'année précédente. Expansion dans l'activité de raffinage Pour sa part, l'activité raffinage a connu une expansion appréciable de 32% du volume traité suite à l'achèvement des travaux de réhabilitation des raffineries de Skikda et d'Arzew. A cet effet, le volume produit par le parc national de raffineries a atteint 30 millions de tonnes, permettant ainsi une forte réduction des importations des produits pétroliers notamment le gasoil et l'essence. En matière de liquéfaction, la production de GNL a atteint 30 millions de m3, en hausse de 16% par rapport à 2013, et ce, à la faveur de la réception du nouveau train GNL d'Arzew. Vers une inversion de la tendance baissière ? Ainsi, l'ONS constate une «amélioration notable» et qui «ne fait pas perdre de point de croissance au PIB» (Produit intérieur brut). En effet, ce secteur, du fait de son poids important dans la structure du PIB, faisait perdre depuis 2006 régulièrement quelques points de croissance en raison du ralentissement important de son activité, rappelle l'Office. L'on note également que la baisse enregistrée en 2014 «peut être annonciatrice d'une inversion de la tendance baissière qui caractérise le secteur depuis 2006». Notons selon l'Office que «compte tenu des performances importantes enregistrées en termes de production, le marché intérieur a pris en 2014 une part importante en termes de constitution de la valeur ajoutée du secteur». Mais la consommation d'énergie a fortement progressé En effet, la consommation nationale d'énergie est passée, selon le ministère de l'Energie, à 56 millions de Tep, soit une progression de 5% par rapport à 2013. Une évolution particulièrement tirée par les industries énergétiques et des ménages et qui a touché surtout le gaz naturel avec 38 milliards de m3 (hausse de 12%) ainsi que les produits raffinés avec 18 millions de tonnes (hausse de 3%). Or, cette croissance importante de la production et notamment celle destinée au marché intérieur a bien entendu des impacts moins importants en terme de croissance globale du secteur du fait du différentiel important existant entre les prix sur le marché intérieur et les prix sur les marchés extérieurs. Mais à cause du bas prix du pétrole... En effet, le niveau des prix à l'exportation des produits des hydrocarbures a provoqué une baisse du déflateur du PIB (taux de croissance économique corrigé des effets de l'inflation), soit -0,4% comme en 2013 (‐0.1%), après avoir été de l'ordre de 18,6% en 2011 et 7,6% en 2012. Ainsi, le prix du baril de pétrole brut est passé de 110,74 dollars le baril en 2012 à 109 dollars en 2013 et à 99,1 dollars en 2014, soit une baisse de 1,6% en 2013 par rapport à 2012 et une baisse de 9,1 % en 2014 par rapport à 2013. Par conséquent, les exportations d'hydrocarbures sont de nouveau caractérisées par une baisse en volume (-1%, avec un volume exporté de 100 millions de Tep) et en valeur (-6,9%) mais beaucoup moins importante que celle enregistrée en 2013 et les années précédentes. Diminution des exportations en valeur A ce propos, l'ONS indique que les exportations se sont établies à 4 709,6 milliards de dinars en 2014 contre 5 057,5 milliards de dinars en 2013. En dollars courants, les exportations d'hydrocarbures baissent de 8% en passant de 63,7 milliards de dollars en 2013 à 58,5 milliards de dollars en 2014. Selon l'Office, les exportations du pétrole brut et condensat ont totalisé 28,355 millions de tonnes en 2014 (-16% par rapport à 2013), alors que celles des produits raffinés s'étaient établies à 16,703 millions de tonnes (+30,1%). Les exportations ont atteint un volume de 7,2 millions de tonnes pour le GPL (+24,6%), de 17,8 milliards m3 pour le GNL (+18%) et de 27,44 milliards de m3 pour le gaz naturel.(-17%). Recul des importations de produits pétroliers Notons que la valeur des exportations hors hydrocarbures, notamment les produits pétrochimiques, a atteint en 2014 un milliard de dollars, portant ainsi la valeur totale des exportations du secteur à 59,5 milliards de dollars. Par contre, les importations de produits pétroliers ont fortement baissé pour s'établir à trois millions de tonnes (recul de 40%) pour une valeur de 2,5 milliards de dollars. Concernant les revenus de l'Etat, le montant global de la fiscalité pétrolière versée au Trésor public s'était établi à 3.400 milliards de DA en 2014, en baisse de 8% par rapport à 2013.