Se réveiller chaque matin le sourire en bandoulière. Prendre la vie du bon côté. Espérer que demain sera meilleur qu'aujourd'hui. Donner un coup de pied aux pensées négatives et garder un optimisme à toute épreuve. Plus facile à dire qu'à faire ? Alors que certaines personnes soutiennent que le verre est à moitié vide, d'autres prétendent qu'il est à moitié plein. Simple vision des choses. Et vous, êtes-vous du genre à cultiver l'espoir ou plutôt à broyer du noir ? Malik, 29 ans «En tant que jeune Algérien, je préfère rester positif. Ce serait malhonnête de ma part de trop me plaindre. Sur le plan personnel, j'ai un travail, des amis, des parents en bonne santé et une fiancée. Je voyage de temps en temps et ma vie est assez agréable. Seul bémol, je n'ai pas encore de logement. Les appartements sont hors de prix et les tarifs de location exagérés. Je dirai donc que c'est la seule ombre au tableau de ma vie actuellement. Je rêve de fonder un foyer et d'avoir des enfants mais sans toit, impossible d'avancer sur ce plan. La seule entrave à mon optimisme se situe à ce niveau-là. Mais disons que je ne perds pas espoir. Je garde bon moral et étudie toutes les possibilités afin d'aller de l'avant. Un travail et un logement, beaucoup d'Algériens n'aspirent qu'à cela pour être complètement heureux, finalement !». Nessma, 26 ans «Même avec ma licence de français, je n'arrive pas à trouver du boulot. Je n'ai qu'une idée en tête, décrocher un visa et partir à l'étranger. Mon visa d'études m'a été refusé. En tant que femme, je ne me vois pas vivre dans une société qui recule de plus en plus sur le plan des mentalités. Je ferai n'importe quoi pour me trouver une petite place de l'autre côté de la Méditerranée. Je veux vivre dans un pays de justice, d'ouverture et de démocratie. Un pays où la femme est respectée et où la religion n'est pas brandie chaque fois contre elle comme une épée de Damoclès. Je reste optimiste pour un avenir ailleurs mais pas en Algérie». Lotfi, 22 ans «Je suis en deuxième année de technologie à l'université de Bab Ezzouar et je n'ai qu'une envie : plaquer mes études et prendre un billet sans retour vers le Canada, la France ou l'Angleterre. Quand j'ai décroché mon bac, j'étais certain qu'un grand avenir m'attendait. J'ai vite déchanté en voyant des gars plus jeunes que moi sans aucun diplôme, ni aucune qualification se pavaner avec de grosses berlines. Je vais faire cinq ans d'études pour deux options au final : soit pointer au chômage ou trouver un boulot rémunéré à 30 000 DA par mois. Un salaire qui ne me suffira même pas à me nourrir. Je suis jeune mais je réalise qu'à notre époque, l'échelle des valeurs n'est plus la même. C'est le règne du fric. Très déstabilisant et inquiétant à la fois. Franchement, à mon âge, je suis déjà blasé. Je suis obsédé par une seule pensée : vivre sous d'autres cieux». Malika, 37 ans «Je préfère rester optimiste quant à mon avenir. Je suis mariée et mère d'un petit garçon. Avec mon époux, nous avons bénéficié d'un logement AADL. Certes la vie n'est pas toujours rose mais tout est relatif. Après les années noires, nous jouissons d'une certaine stabilité par rapport à d'autres pays qui ont connu leur printemps arabe dernièrement. Les jeunes Algériens ne parlent plus que d'exil, de harga et de fuite mais savent-ils seulement que l'Europe est saturée et que l'Eldorado n'existe plus ? Beaucoup de choses positives ont été réalisées dans notre pays sur le plan du logement, des loisirs et des transports par exemple. Il faut garder l'espoir et continuer à travailler. Pour ma part, je n'ai pas d'autre pays de rechange. L'Algérie c'est là ou je suis née, c'est là où se trouve toute ma famille et c'est là où mon fils grandira.» Karima, 46 ans «Je suis une éternelle optimiste. Même lorsque des tuiles me tombent sur la tête, je garde mon calme et j'essaye de résoudre mes problèmes un par un, en me disant que rien n'est grave après tout. La santé et la vie étant les biens les plus précieux, tout le reste m'indiffère. Une journée sans rire est une journée perdue pour moi. Alors, je cultive la bonne humeur et la joie de vivre au quotidien. Chaque nouvelle journée qui commence ne peut m'apporter que de bonnes choses. C'est ce que je me dis au saut du lit chaque matin et c'est ce sentiment d'optimisme que j'inculque à mes enfants». Garder un moral d'acier et une humeur joviale tout en chassant le pessimisme qui annihile toute idée d'aller de l'avant, et si c'était cela la solution ? «L'optimisme, c'est voir la vie à travers un rayon de soleil», dixit Carmen Sylva (1881-1914).