[email protected] C'est Nabil que la maîtresse a choisi pour garder la classe. Elle s'absente pour quelques instants et les élèves de la quatrième année primaire doivent obéir à Nabil. Ce dernier est fier. Il bombe le torse, joue au flic et n'hésitera pas à cafter son meilleur ami qui essaye de se rebeller. Il lève la voix et a envie de crier comme la maîtresse. Le petit Yassine qui a osé chuchoter avec son petit copain se fait prendre par notre surveillant. Il le met en garde. - si tu continues, je le dirai à la maîtresse. - Tu n'oseras pas. Je suis ton meilleur ami. - Tu crois ça ? Maintenant, c'est moi le chef. La maîtresse m'a confié la classe. - D'accord, mais tu feras moins le malin à la sortie de l'école. Nabil change de ton. Il commence à avoir peur. Il ne sait plus s'il doit «vendre son ami» ou se taire. Il essaye de faire bonne figure et poursuit la surveillance. La petite Nihad veut aller au petit coin. «Ah ! la petite chipie, enfin je vais me venger.» Il fera comme la maîtresse, il lui interdira de sortir malgré son insistance. Nihad le supplie, pleure, mais rien n'y fait. Elle n'en peut plus. Mais Nabil ne cèdera pas. Une règle en bois à la main, il fait les cent pas et demande le silence. Etre dans la peau de la maîtresse lui plaît. Il se prête parfaitement au jeu. Il jubile en exerçant son pouvoir sur ses camarades. Voilà que la maîtresse revient. - Alors Nabil, tout le monde a été sage ? Nabil rougit, il hésite, il ne veut pas avoir des remords de conscience. Il veut cafter pour faire plaisir à sa maîtresse, mais en même temps il n'a pas envie de perdre son ami. Il finit par avouer que Yassine a fait du chahut. - Yassine, c'est toujours toi qui désobéit ! Eh bien tend tes mains, tu auras deux bons coups de règle. Yassine subit le châtiment, il contient difficilement ses larmes, et fustige Nabil du regard. La cloche sonne. Les élèves accourent vers la sortie. Nabil sait ce qui l'attend. Il prend ses jambes à son cou pour échapper à Yassine, mais ce dernier, telle une flèche, le rattrape. Les deux mômes s'empoignent. Des parents venus récupérer leurs enfants les séparent. Ils les sermonnent. Yassine ajuste son tablier, ramasse son cartable, et sur un ton un peu plus qu'haineux lancera à son «adversaire» : «A partir d'aujourd'hui, je ne veux plus que tu m'adresses la parole. Tu n'es plus mon ami !»