De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Aux Nations-Unies, les chefs d'Etat montent, l'un après l'autre, au créneau (l'Algérie n'est pas présente à ce niveau pour cause de maladies institutionnelles graves). La question Bachar est omniprésente et un consensus se dessine. Les membres permanents du Conseil de sécurité admettent, tous, que la mère des batailles est à livrer contre Daesh et les groupes terroristes qui gravitent autour. Les réticences françaises, quant à une soi-disant mise hors d'état du Président syrien est destinée à la consommation interne, pas plus. La vérité est que le Président Hollande a, déjà, lâché prise en l'affaire. Son discours à la tribune de New York l'indique clairement. Le locataire de l'Elysée ne refuse plus, comme c'était le cas auparavant, à Al Assad le droit d'être du processus du dialogue inter-syrien — tout, de même ! —. Il dit, aujourd'hui, que Bachar ne peut pas être la solution, c'est tout. Si en diplomatie, cette sentence peut avoir un sens, en politique et en géostratégie, elle signifie Paris isolé, Paris lâché, Paris sous pression, cherche à s'extirper du piège dans lequel il s'est pris. Obama, cruel, remue le couteau dans la plaie en clamant haut et fort que Washington discutera avec la Russie et l'Iran de la question syrienne. Tout le monde sait, en définitive, pourtant que Damas, Moscou, Téhéran et Washington sont en parfaite coordination dans la lutte contre Daesh et que les renseignements — certains pas tous — sur lesquels travaille l'espionnage américain sont fournis, directement, par les moukhabarate damascènes. Les USA ne veulent pas guerroyer en Syrie et depuis l'accord avec l'Iran sur le nucléaire, cette option semble irréversible. Le puissant lobby pétrolier et le complexe militaro-industriel des «States» privilégient les affaires plus que l'expédition punitive dans cette partie du monde. Cette réorientation de la doctrine américaine se base, aussi, sur l'inquiétude de la CIA de voir complètement l'Iran, la Syrie, voire l'Irak et la Jordanie basculer du côté de la Russie si l'intransigeance face à Bachar persistait. Du reste, ce n'est pas nouveau aux USA qui ont habitué le monde à des changements brusques et des ajustement cruels. Les Américains voient le reste de l'univers à travers leurs propres intérêts et non pas par d'autres lectures. Ça semble être le cas, encore une fois. Les «permanents» qui détiennent le droit de veto sont donc quatre à ne pas exiger le départ de Bachar (USA, Russie, Royaume-Uni et Chine). Ces deux derniers l'ont affirmé avant même les discours de leurs chefs, le Président chinois et le Premier ministre britannique. Il ne reste à la France que de tenter de transformer un camouflet diplomatique en victoire... morale ! C'est la voie empruntée puisque l'Elysée a fait savoir qu'il n'opposerait son veto à une résolution sur la Syrie que s'il y a «crimes contre l'humanité» dans la période de transition commis par le régime. Rien à décrypter si ce n'est que la France rentre dans le rang. Elle le fait d'autant plus qu'au sein de l'Union européenne, la position française sur la question n'est prise en compte par aucun Etat. L'Allemagne, la Belgique, le Danemark, la Suède, l'Espagne, l'Italie et les ex-Est et ex-Balkans n'ont aucun mal à justifier, en politique et en droit, la recherche de solutions avec Bachar Al Assad. C'est bien ainsi.