Par Ahmed Halli [email protected] On ne se fait pas d'illusions sur l'efficacité de l'initiative, mais il faut en parler : quelque soixante personnalités libanaises ont lancé jeudi dernier à partir de Beyrouth une pétition «contre les guerres religieuses». Cette pétition ouverte à tous les citoyens des pays arabes (https://www.facebook.com /Petition Against ReligiousWars) est un appel contre l'utilisation de la religion en politique et dans les guerres. Elle vient en réplique à l'appel au djihad contre la «croisade» russe en Syrie, lancé une semaine auparavant par 55 imams d'Arabie Saoudite. Le texte contient aussi une condamnation sans équivoque du recours à l'argument de la «protection des chrétiens», pour justifier l'intervention militaire de la Russie dans la région. Les 63 premiers signataires de l'appel expliquent leur initiative par la tragédie que vivent les pays arabes à cause du despotisme et du terrorisme, sous toutes leurs formes. Partant de leur conviction profonde et de leur croyance en l'Etat de droit et en la citoyenneté fondée sur l'égalité, la liberté, et la dignité, ils expriment leur rejet catégorique de «l'instrumentalisation des sentiments religieux au service d'intérêts politiques». De même qu'ils refusent que soit conférée «une quelconque légitimité religieuse aux positions politiques des Etats», et que des guerres ou des actions terroristes «puissent être justifiées au nom de la religion». Evoquant justement le rôle des instances religieuses, les auteurs de l'appel estiment que les Eglises et les institutions religieuses musulmanes doivent s'abstenir d'apporter leur soutien et leur absolution aux conflits armés. Ils insistent, enfin, sur l'appartenance et l'enracinement dans l'Histoire des chrétiens du Moyen-Orient et leur attachement à leur identité nationale. Ils appellent musulmans et chrétiens à être solidaires et à rejeter toute forme d'exclusion ou de discrimination entre les hommes sur la base de l'appartenance religieuse. De son côté, la presse saoudienne qui n'a pas été émue, outre mesure, par le réveil et la montée au créneau des théoriciens du terrorisme islamiste, se montre en revanche plus diserte dans le soutien au combat contre l'Iran. Le quotidien Al-Djazira qui défend la thèse selon laquelle Daesh est un allié objectif de la «coalition chiite», liguée en faveur de Bachar, accuse : des milliers de camions 4/4 de marque Toyota, utilisés par les troupes de Daesh en Irak ont été fournis par le gouvernement de Baghdad. Ces véhicules tout-terrain de type Hilux auraient été achetés à la firme japonaise Toyota par Nouri Al-Maliki, alors Premier ministre d'Irak. Ce dernier a prétendu que ces véhicules flambant neuf étaient utilisés par l'armée irakienne et qu'ils avaient été récupérés par Daesh lors des combats à Ninive, Al-Anbar et à Saladin. Or, affirme le journal, des vidéos américaines montrent des colonnes entières de ces véhicules, avec les emblèmes de Daesh, faisant mouvement vers ces villes, avant leur chute. Ce qui démontre, ajoute Al-Djazira, que ces véhicules achetés soi-disant pour l'armée irakienne et les milices chiites ont été détournés au profit de Daesh, organisation mise sur pied pour justifier une intervention iranienne en Irak. Mais alors, qui et que devons-nous croire ? Qui a créé Daesh, ou l'Etat islamique en Irak et en Syrie ? Ce qui est certain c'est que l'idéologie ou le discours religieux doit tout à l'Islam, et principalement à sa maladie infantile le wahhabisme. Que les monarchies du Golfe qui financent et arment les partisans de l'Islam politique, dans tout le monde arabe et musulman, aient une lourde responsabilité dans l'affaire ne fait aucun doute. La réponse à la question de la recherche de la paternité est souvent fonction des opinions et convictions politiques ou religieuses des personnes interrogées. De Riyadh à Téhéran, en passant par Washington, Paris, et Doha, chacun situe les géniteurs là où il croit qu'ils sont et où ils devraient être conformément à ses propres désirs. Sur le terrain, et s'il fallait désigner un bénéficiaire, l'éternel Raminagrobis qui dévore et la belette et le petit lapin, tous les doigts qui se lèvent pour la «Chahada» montreraient Israël. Et ces «doigts»-là auraient raison, parce que ce qui saute aux yeux, ce n'est pas le répit accordé à Bachar, mais la rallonge octroyée à Netanyahou. De là à en déduire que ce dernier pourrait être soupçonné d'avoir joué un rôle actif, voire décisif, dans la grossesse qui a engendré Daesh... Netanyahou mène, en effet, au pas de charge la judaïsation de Jérusalem et la recolonisation de la Cisjordanie, comme s'il s'agissait d'opérations normales dans un paysage ordinaire et homogène. Du moins, est-ce le point de vue, en particulier, de l'Américain Obama qui oublie que ses concitoyens financent le dépeçage de la Palestine et qui ne voit le danger que dans la main d'un jeune Palestinien brandissant un couteau. Des Palestiniens qui vont finir par s'entretuer, faute d'espace et de repères, et qui ont déjà commencé en incendiant le mausolée de Joseph. Rien n'est certain, mais dans ce pays où le mythe et les légendes surclassent les réalités historiques, le tombeau supposé ou réel de «Sidna-Youssef» a fait les frais du bellicisme israélien. Pauvre Joseph, vendu par ses frères, premier monothéiste prométhéen qui a sauvé l'Egypte de la famine, lui a offert des solutions, sans demander le pouvoir en contrepartie, et qui se voit traité comme un symbole du sionisme expansionniste !