Ex-sélectionneur national et unique entraîneur algérien à avoir remporté une Coupe du monde, à la tête de l'EN Militaire, Abderrahmane Mehdaoui, après une saison blanche, a décidé de remettre le tablier du côté de Saïda, où il aura la lourde tâche de ressourcer un MCS qui a failli être relégué en DNA. Impressions d'un coach sous pression. Le Soir d'Algérie : Pourquoi avoir opté pour le MC Saïda, un club qui a failli rejoindre la DNA ? Abderrahmane Mehdaoui : Tout simplement parce que c'est un club qui a un projet sportif qui s'étale sur trois ans. Il y a une nouvelle équipe dirigeante très compétente qui veut construire un club performant et qui représente une région très importante de l'ouest du pays. Je travaille dans d'aussi bonnes conditions que lorsque j'étais à la tête de la sélection nationale. On dit qu'on vous a imposé l'accession en Ligue 1 dès cette saison. Non, il faut être réaliste. J'ai une équipe qui est remaniée à 80% et il faut de la patience et du temps pour mettre en point un ensemble très compétitif. Votre effectif actuel n'est pas apte à se mêler à la course pour l'accession ? J'estime que j'ai un bon effectif avec de la qualité et qui allie la jeunesse à l'expérience. Maintenant, il ne s'agit pas de s'enflammer. Il paraît que vous avez du mal à trouver des équipes pour des matches amicaux... Non, cela ne me dérange pas. Il faut dire qu'il y a des équipes qui n'ont pas encore repris, et ce n'est pas facile de trouver des sparing-partners. Mais nous sommes dans une phase de préparation physique et de précompétitivité et ce n'est pas encore le moment d'axer sur les matches amicaux. Pas de stage à l'étranger comme la plupart des clubs algériens ? Non, nous sommes en stage à Aïn-Témouchent et j'estime que l'on a ce qu'il faut en Algérie. Après avoir drivé l'EN, remporté une Coupe du monde avec l'EN militaire, croyez-vous que vous pourriez réussir à Saïda ? La réussite dans le foot a toujours été collective et je dois dire que je suis bien entouré à Saïda. Avec Mahi et Fodil le SG, je n'ai aucun souci administratif. Mon adjoint, Seloua Bachir est un ancien attaquant du MCS et il vient d'obtenir avec brio un master en préparation physique. Le coach des gardiens connaît bien la maison puisqu'il était le portier de Saïda auparavant (ndlr : Goumidi Ahmed). Quant au président, M. Bouarara, c'est un promoteur et un chef d'entreprise très respecté ici. C'est dire que je suis bien entouré et cela ne peut être que positif. Comment l'ex-sélectionneur national que vous êtes a jugé les performances de l'EN à la Coupe du monde ? C'est une sélection nationale qui nous a fait rêver et qui a réalisé l'exploit de passer au deuxième tour. J'ai beaucoup apprécié son parcours et elle ne s'est inclinée finalement que face au futur vainqueur de l'épreuve, l'Allemagne. Finalement, le président de la FAF, M. Raouraoua a eu raison de fixer dès le départ, comme objectif, le passage au deuxième tour. Et il a eu raison de faire confiance à un coach étranger ? Je vois où vous voulez venir. Moi je dis qu'avec l'état d'esprit qui règne en Algérie envers les techniciens nationaux qui sont mémestimés, il est normal que l'étranger réussisse. Mais si on faisait plus confiance à l'entraîneur algérien, cela marcherait aussi et les exemples sont là pour le prouver. Quels exemples ? Il y a deux entraîneurs algériens qui ont remporté le championnat d'Afrique de l'Ouest avec le Kenya pour ne citer que cet exemple. Nul n'est prophète dans son pays.. Si, l'entraîneur algérien peut l'être dans son pays mais à condition de ne pas le mépriser et de lui faire confiance. Moi, je dis que nous avons des compétences et si on continue de les ignorer pour en ramener d'ailleurs, à ce moment là, c'est l'Algérie qui est perdante. Vous pensez vraiment qu'un entraîneur algérien aurait pu faire aussi bien que Halilhodzic au Brésil ? Oui, certainement, et pourquoi pas ? Je vous le dis, il faut juste faire confiance aux entraîneurs locaux, mais tant qu'il n'y aura pas un changement de mentalité, ils ne pourront jamais démontrer leurs qualités. Mais les étrangers peuvent ramener un plus. A condition que les entraîneurs nationaux puissent en bénéficier. Mais à l'heure actuelle, je constate que ce sont les techniciens algériens qui aident les étrangers et non l'inverse. Saïd Amara, l'emblématique joueur du MCS et de l'EN, vous a-t-il conseillé avant de prendre en main Saïda ? Non mais dès que je suis arrivé à Saïda, je n'ai pas manqué de rendre visite à cet ancien joueur qui a marqué de son empreinte le football de cette ville et celui du pays puisqu'il ne faut pas oublier qu'il était membre de l'équipe FLN et qu'il a occupé des postes de responsabilité à la FAF.