«Ouyahia dit que le mode choisi pour notre initiative ne lui convient pas ? Alors qu'il nous propose un nouveau mode.» Le propos est du secrétaire général du Front de libération nationale, Ammar Saâdani, qui s'en prend une nouvelle fois à son homologue du Rassemblement national démocratique et directeur de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia. Cette fois, à l'occasion de la réunion du nouveau bureau politique, hier, au siège du parti à Hydra. «Le RND propose de revenir sur l'ancienne coalition entre le FLN, le RND et Hamas. Par contre, l'initiative du FLN se veut plus large. Nous, nous l'ouvrons à l'ensemble de la classe politique et au mouvement associatif», insistera encore le patron du FLN dans une allocution d'ouverture des travaux du bureau politique. Il annoncera même que «l'initiative qu'est le front national que nous proposons, sera doté d'un secrétariat permanent ainsi que d'un siège national, en dehors du nôtre». Saâdani ajoutera que les demandes d'adhésion à ce front, parmi la classe politique, «sont massives». Même s'il n'annonce pas la liste exacte, il est aisé de deviner de qui il s'agit : à coup sûr, la nuée de sigles de petits partis occasionnels qui encombrent le fichier du ministère de l'Intérieur ! A vrai dire, cette «initiative» étrange est un parfait prototype de ce que peut être un projet mort-né, beaucoup plus destiné, sinon exclusivement, à casser l'initiative d'Ahmed Ouyahia ! Au passage, Saâdani n'a pas manqué de lancer une autre pique à Louisa Hanoune : «Louisa dit qu'elle est contre notre initiative ? Je lui rappelle qu'elle a elle-même soutenu le programme de son excellence le président de la République», répondait-il en effet à une question d'un confrère. Un peu comme l'autre projet mort-né, celui du FFS qui se déclinait sous la définition de «feuille blanche», Saâdani a enrichi le jargon politique depuis hier en définissant son projet sous la dénomination énigmatique de «feuille... ouverte» ! Pour le reste, le secrétaire général du FLN développera son discours habituel sur «l'Etat civil» avant d'aborder la révision de la Constitution. Et sur ce plan, il se veut plus abondant en révélations. «La nouvelle Constitution prévoit beaucoup de changements. Elle va diminuer des pouvoirs du président de la République et renforcera celles du Parlement. Ce dernier va également contrôler le gouvernement.» Il fera également quelques commentaires liés à cette nouvelle Constitution «que nous attendons pour avant la fin de l'année», précisera-t-il. : «Un Etat, ce n'est pas une question de personnes. Tout le monde finira par partir», dira-t-il en allusion au départ du général Toufik. «Mais après la levée de l'état d'urgence, nous ne sommes plus dans le transitoire (...) Dans tous les pays du monde, le pouvoir est exercé par les partis politiques. Si un parti qui détient la majorité ne gouverne pas, il n'est pas un parti», lancera-t-il encore une fois, des mois après avoir abandonné ce sujet, à la suite de l'adhésion de Abdelmalek Sellal et une bonne moitié de son gouvernement de technocrates au FLN à l'occasion du congrès de juin dernier... K. A. Un gouvernement bis pour Ammar Saâdani ! Ammar Saâdani installera, demain à l'hôtel El-Aurassi, l'instance de coordination du FLN, qui sera constituée de l'ensemble des hauts cadres que compte le parti. En l'occurrence, et outre l'ensemble des membres du bureau politique, cette instance sera composée des quatorze ministres en exercice qui sont membres du Comité central, dont un de souveraineté, à savoir celui de la justice,Tayeb Louh, du président de l'APN, Larbi Ould Khelifa, ainsi que des cinq vice-présidents de l'Assemblée et des présidents des huit commissions permanentes, un vice-président du Sénat, les deux présidents des groupes parlementaires mais pas seulement. On y comptera, également, le secrétaire général de la présidence, Habba Okbi, les dirigeants de grandes sociétés nationales comme Mobilis et Air Algérie, le patron des douanes et bien d'autres encore. Ce qui en fera un vrai gouvernement-bis !