Le Front de libération nationale n'aura pas d'autre candidat que Abdelaziz Bouteflika. Le secrétaire général du FLN, qui avoue ne pas avoir rencontré officiellement le président de la République depuis 2006, s'accroche à son intime «conviction» pour faire la promotion du quatrième mandat. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) Ce sera Bouteflika ou personne. Amar Saâdani s'oppose à tout soutien du Front de libération nationale en faveur d'un candidat autre que le Président sortant. «Le FLN n'a qu'un seul candidat. Que les autres (candidats) se calment, nous ne soutiendrons que lui», a déclaré, hier, le secrétaire général du FLN lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti. En fait, Saâdani base sa stratégie jusqu'au-boutiste sur... son intime «conviction». «Je suis convaincu que le Président se présentera. Je le suis d'autant plus car si l'on organise un sondage, on confirmera que le peuple souhaite que Abdelaziz Bouteflika se présente une quatrième fois. Et je ne pense pas qu'un moudjahid comme Bouteflika rejettera cet appel. Je pose la question suivante : est-ce que le Président a dit qu'il ne se présenterait pas? Eh bien, nous disons qu'il se présentera ! Il ne présentera officiellement sa candidature que lorsque le corps électoral sera convoqué, il dispose encore d'un certain délai pour faire sa déclaration.» Mais comment Saâdani peut-il savoir que Bouteflika souhaite décrocher un quatrième mandat alors qu'il ne l'a pas rencontré «dans un cadre officiel» depuis plusieurs années ? «Je n'ai pas rencontré Bouteflika dans un cadre officiel depuis 2006 ou 2007. Mais les rencontres dans un cadre privé doivent rester privées», dira-t-il. Saâdani maintient le flou en mettant en avant la confidentialité de ses entrevues avec Bouteflika. Pourtant, lorsque le président d'un parti exige de son secrétaire général de promouvoir sa candidature à une élection présidentielle, cet acte entre bien dans un «cadre officiel». Mais à en croire Saâdani, les deux hommes ont tout organisé en catimini. Le patron du FLN n'est pas à une contradiction près. Depuis son installation à la tête de ce parti, il ne cesse de claironner que la révision de la Constitution se produira avant l'élection présidentielle. Hier, il n'a pas hésité à revenir sur ses dires: «Nous n'avons jamais dit que la révision se ferait tel jour. (...) Avant ou après l'élection présidentielle, l'initiative est du ressort exclusif du chef de l'Etat.» Saâdani a également expliqué que la création du poste de vice-président n'était pas la revendication de son parti. Selon lui, le projet de révision de la Constitution proposé par le FLN se base sur le principe de garantir à la majorité de «former son gouvernement» et «l'instauration d'un Etat civil». Saâdani n'a pas échappé à une question sur son acharnement contre le Département du renseignement et de la sécurité. «Nous disons que si par le passé ils pouvaient tout faire, désormais ils ne pourront plus. Nous estimons que le président de la République, le parti majoritaire et la société civile sont passés d'une étape à une autre. Nous devons être solidaires afin de parvenir à la séparation entre les institutions. Ce service (le DRS, Ndlr) doit protéger le pays et ne pas s'immiscer dans les affaires civiles. En tant que parti politique nous sommes contre. Nous sommes pour la séparation entre les institutions.» Enfin, il semble que Amar Saâdani n'ait toujours pas accepté de s'être fait voler la vedette par Abdelaziz Belkhadem lors du meeting qu'il avait organisé samedi. Mauvais joueur, il accuse la presse d'avoir transformé la présence de son prédécesseur en «un événement». «Je ne comprends pas que l'on se focalise sur une seule personne alors qu'il y avait 15 000 militants. Si sa présence entrait dans le cadre du soutien au président de la République, sachez que c'est nous-mêmes qui l'avons invité. Par contre, s'il est venu pour autre chose, je me permets de répéter ce que lui-même disait lorsqu'il était à mon poste : le FLN n'est pas une mamelle que l'on tête ni une selle que l'on monte.»