Lundi 2 novembre, un millier de personnes venues des villages Aït Khelifa, Aït Attou, Talmat, Aït Mouhouche, Aït L'hadj Louni, Bouaidel et Ammel-Centre, dans les communes d'Aït Amrane et Ammel au sud-est de la wilaya de Boumerdès ont envahi, tôt le matin, le siège de la commune d'Aït Amrane. A la mi-journée, la foule s'est agrandie et s'est dirigée vers la RN5 (Alger-Constantine) pour fermer cet important axe routier. La situation est subitement devenue plus tendue. Elle risque de dégénérer. Les protestataires entendent rejeter fermement mais pacifiquement le projet d'implantation d'une décharge intercommunale d'ordures ménagères. «Nous voulons des usines ou des fermes agricoles pour faire travailler les jeunes, voilà qu'on nous ramène des ordures. Nous nous opposerons fermement à ce projet», dira en colère Ali président du comité de village de Talmat. Ce qui exacerbe plus la colère de ces villageois, c'est le fait que cette décharge, prévue pour accueillir environ 30 tonnes d'ordures par jour, sera implantée dans un milieu forestier pas loin des villages et par conséquent à proximité des habitations. Selon le président de l'association Assirem (Espoir), ce dépôt est prévu à 300 mètres de l'ancien complexe touristique-bungalows d'El Kalaâ, actuellement occupé par un détachement de l'armée. Ce projet sera implanté en amont du barrage d'Aït Amrane dont l'eau est pompée vers le barrage de Keddara qui alimente, rappelons-le, les wilayas de Boumerdès et Alger. La voie ferrée et la RN5 ne sont pas très éloignées du site ciblé. Faut-il rappeler par ailleurs que le piémont d'Aït Amrane est réputé pour son apiculture et pour la qualité de son miel ? Nous avons tenté à plusieurs reprises de joindre au téléphone le maire (FFS) Ahmed Afra, mais ce dernier occupé avec la protestation nous a conseillé de le rappeler plus tard. Ce qui ne pouvait pas se faire, et ce, pour des raisons techniques. Nous aurions aimé en effet le questionner sur ce communiqué qu'il a rendu public, en fin d'après-midi, la veille de cette protestation pour dénoncer ce projet. Or il est le président de la commission de choix de terrain qui a opté pour ce site alors qu'une partie a été cédée par les services des Forêts à deux citoyens pour sa mise en valeur. Les services techniques (hydraulique, environnement, forêts, agriculture, transport) et 3 élus communaux ont donné leur accord au sein de cette commission de choix de terrain qui s'est réunie, selon une source sûre, le 28 octobre. Seuls le responsable de la Slep de Thénia et un élu du RND, membres de cette commission, se seraient opposés à ce choix. Le président de l'association citée plus haut revient sur un autre aspect du problème qui aurait pu, selon lui, connaître une meilleure issue. «En 2008, nous avions écrit au P-dg de Cevital pour lui suggérer de venir investir dans cette région. Il était question à l'époque de l'implantation d'une unité de production de panneaux solaires avec à la clé la création de 3 000 emplois. Monsieur Rebrab avait envoyé une équipe de prospection avec à sa tête l'un de ses directeurs. Cevital était donc très intéressée par l'endroit. Seulement, l'Assemblée populaire communale de l'époque et la wilaya avaient rejeté la proposition de cette entreprise.» D'où le commentaire de Ali, le président du comité de village Talmat cité plus haut. Dans ce dossier, les élus locaux, qui ne s'attendaient sûrement pas à la fermeté des citoyens lorsqu'il s'agit de la protection de l'environnement et par conséquent de leur santé, ont vu tout faux. La démocratie participative n'est pas leur fort. Ces citoyens ont toutefois la loi de leur côté pour faire annuler ce projet.