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Amour Abdenour annonce son retour à la chanson
«On ne vient pas à la chanson par hasard, on naît artiste !»
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 11 - 2015


Entretien réalisé par Aziz Kersani
Après une absence de plus de cinq années, l'icône de la chanson kabyle, Amour Abdenour, qui avait décidé de se retirer de la chanson, est finalement revenu sur sa décision au grand bonheur de son nombreux public. Dans cet entretien, il est revenu sur les motivations à l'origine de son retrait. Abdenour, qui ouvre son cœur aux lecteurs, parle de sa riche carrière de plus de 45 ans.
Le Soir d'Algérie : Cela fait maintenant plus de 5 ans que vous vous êtes retiré de la scène artistique. C'est votre retour imminent à la chanson après une très longue absence ?
Amour Abdenour : c'est vrai, à un moment, j'ai dit que je ne reviendrai plus à la chanson, notamment à la production. Il faut dire que j'ai traversé des moments très difficiles avec des problèmes de santé. A cela s'ajoute la situation de la chanson kabyle qui est loin d'être attirante. Banalisée et à la portée de n'importe qui, on ne lui a pas accordé l'importance et l'intérêt qui devaient être les siens.
Cette absence s'explique également par des problèmes purement personnels qui ont fait que je me suis retiré de la chanson. Je me suis dit que je ne reviendrai jamais. Je pensais vraiment arrêter définitivement. Mais finalement je me suis aperçu que l'fen est une maladie dont on ne guérit jamais. Je ne vais pas dire que c'est le public qui a réclamé mon retour bien que certains amis n'aient pas cessé de réclamer que je reprenne du service.
Pour votre retour, est-ce que vous avez un produit en projet ?
Oui, bien sûr ! Pour parler de ce retrait, certains personnes ont évoqué l'absence d'inspiration et que je n'avais, selon elles, plus rien à apporter, ce qui est évidemment pas le cas. Je réponds que ces gens se trompent. les seules motivations sont celles que je viens d'énumérer.
Vous cumulez une carrière de près de 45 ans. Quel regard portez-vous sur cette riche carrière ?
Une carrière très longue et riche comme vous le dites, oui, mais je ne l'ai pas gérée comme je l'aurais voulu. La carrière d'un artiste ne se résume pas à produire des cassettes et se faire apprécier du public. Une carrière doit être artistiquement pleine, c'est-à-dire participer à de grands shows dans de très grandes salles, sur les plateaux télé. C'est l'essence même d'un artiste. Quand j'ai appris que Brel, un chanteur à texte que tout le monde connaît bien sûr, organise 280 galas par ans, soit 2 galas tous les trois jours, alors que chez nous à peine deux à trois galas par an, je dis quelle misère ! Quelle grande salle, j'ai fait moi ? Je me suis produit une fois au Zénith, une fois au Palais des congrès, le Casino de Paris, je suis peut-être le seul chanteur kabyle à s'y être produit, mais j'estime que c'est insignifiant. je n'ai pas fais l'Olympia. A Alger, je n'ai pas chanté dans une grande salle, même si c'est vrai qu'en 1985, sur invitation du Comité des fêtes de la ville d'Alger, j'ai chanté dans les stades Ouagnouni, d'Hussein-dey et d'El-harrach. Même la salle El-Mouggar de 600 places ne m'avait pas été accordée, ne parlons pas de la salle Atlas et ce n'est pas faute d'avoir essayé. J'ai tout fait pour les avoir, en vain. Donc pour un artiste qui n'arrive pas en 46 ans de carrière à se produire dans la capitale de son pays dans une salle de 600 places, cela est très décevant.
Revenons à votre style de musique. Comment fait Abdenour pour trouver tous ces thèmes aussi originaux ?
L'inspiration ne vient pas toute seule comme ça. S'agissant de la musique comme pour les textes, je fais des recherches. Je compose d'abord la musique et ensuite je lui cherche un thème approprié. Généralement, ce sont des situations vécues ou observées, mais rarement inventées. Ce sont tous des thèmes tirés de situations vécues. Chez nous, on utilise un genre d'écriture. il y a Si Mohand avec une manière d'écrire. Moi, si tu veux, je cherche toujours la puissance du verbe, des mots. J'accorde une grande importance aux mots. Je fais toujours en sorte à ce que lorsque quelqu'un entend mes textes, il voit défiler devant lui des images. C'est ma manière de composer. Quand je ne ressens pas quelque chose, je ne vois pas comment le faire partager aux autres. Il faut d'abord ressentir, vivre une situation pour que cela sorte du fond des tripes et pouvoir le partager, le faire ressentir à on public. C'est une manière d'écrire différente de celle utilisée par le passé dans la chanson kabyle.
Et si on vous demande comment vous êtes venu à la chanson, est-ce que c'est par pur hasard ?
Un hasard ? Non ! Je ne le pense pas car je reste convaincu qu'on ne vient pas à la chanson par hasard. On naît chanteur, il faut être prédisposé à cela. On peut devenir responsable d'une entreprise, médecin ou autre chose mais pas un artiste. Et puis, on peut être docteur en musique sans écrire un seul morceau de musique. Il faut au préalable avoir le don et le travailler ensuite bien sûr. Il faut l'améliorer pour en faire de très belles choses. Il faut bien sûr avoir des notions de musique comprendre ce qu'on fait car il est triste de faire de la musique sans savoir ce que l'on fait. Il existe des chanteurs qui composent sans connaître la musique, qui ont une très belle écoute musicale. Il vont trouver que c'est magnifique. Aujourd'hui, c'est vrai qu'on est dans une époque où tout le monde peut se dire chanteur, mais il ne pourra jamais être un artiste au sens noble du terme.
Ces derniers temps, on est tenté de dire qu'on n'encourage pas la création artistique...
Oui, mais cela relève aussi un peu du rôle des médias. Lorsque j'étais jeune, j'ai toujours rêvé de devenir chanteur. Je chantais déjà à l'âge de 13 ans. Je jouais déjà de la guitare, de la flûte, j'avais cela dans le sang. Je me produisais dans les fêtes, à El-Flaye, à la JFLN, on répétait jusqu'à une heure tardive de la nuit. Je faisais cela par amour de la chanson. Il m'arrivait de rentrer chez moi à une heure du matin. Je reviens aussi à ce que je disais tout à l'heure à l'époque quand on allait chanter, on trouvait des gens connaisseurs en face. Nous, on se disait qu'on était déjà accomplis. Le fait de chanter pour une centaine de personnes se faire applaudir par des gens de son village, tout ce beau monde qui parle de toi au village, untel chante bien, reprend merveilleusement la chanson d'un autre, on commençait à se prendre déjà pour des artistes accomplis. Mais ce n'est pas vrai. On s'en est aperçu plus tard à la radio.
On a trouvé presque toutes les portes fermées. Pourquoi ? On nous encourage à faire la chanson mais pas n'importe comment. Je me souviens de mon premier passage à l'émission «Les chanteurs de demain». J'avais pourtant très bien chanté, accompagné d'un grand orchestre avec Aouchiche Belaïd au luth, Mahmoud Ounza à la flûte, Aliane, Cheikh Namous au bonjo et j'avais chanté comme un grand mais je n'avais pas été retenu. On m'a rappelé plusieurs fois, il m'a fallu près de 8 ans pour intégrer la radio. C'est à ce moment-là que j'avais compris que la radio n'était pas facile car il ne fallait pas faire passer n'importe quoi. Pendant ces 8 années, j'avais appris beaucoup de choses, j allais voir Chérif Kheddam et depuis que je suis rentré à la radio à ce jour, j'apprend encore et toujours. Aujourd'hui, celui qui enregistre une cassette se dit qu'il est déjà arrivé.
Ce n'est plus comme avant ?
Malheureusement non ! Mais ces jeunes sont des victimes. Je pense qu'il ne faut pas les accabler. Il suffit d'avoir 50 000 DA, de trouver un studio, un arrangeur, reprendre un air et des paroles de quelqu'un d'autre et le tour est joué. Certains reprennent la musique, changent un peu le rythme. Je l'ai subi, j ai composé une musique avec un style et quelqu'un l'a reprise pour faire du folklore, elle est ensuite passée. Tu sais dans un studio, il y a tout un matériel ultramoderne qui peut tout faire. Par le passé, c'était plus compliqué. Avec un orchestre, si tu te trompes, tu es aussitôt rappelé à l'ordre. Ce sont des professionnels. Aujourd'hui, avec une petite somme d'argent, il ramène un arrangeur pour lui faire tout, les rythmes, les basses, il lui arrange même la voix, il prend ensuite son produit avec 10 000 DA et le tour est joué pour le mettre sur le marché. Il prend un CD à la radio qui le fait passer. Il s'écoute, se regarde à la télé. En ville, il se prend pour un artiste. C'est pour toutes ces raisons que je parlais des médias. En Algérie, il n'y a pas de gens spécialisés dans la critique artistique pour faire passer dans un tamis ces produits.
Quand un produit est bien fait, on applaudit, sinon il faut dire la vérité. Une œuvre qui n'est pas bien faite ne doit pas passer à la radio ou à la télé. Ce n'est pas de la censure, cela relève de l'éthique. La critique est nécessaire pour évoluer, elle doit être objective bien sûr. Pour ma génération, on a plus de passé que d'avenir. Je parle de la nouvelle génération. C'est vrai qu'il y a la relève mais elle passe inaperçue. Elle n'est pas visible, elle est étouffée. A notre époque, il était très difficile de se frayer un chemin. Mais une fois que tu es accepté à la radio, tout le monde te connaît parce qu'il n'y avait pas autant de chanteurs. Aujourd'hui, les médias lourds sont accessibles à tous. Et désolé de le dire, quand c'est un jeune talent, il n'est pas visible.
Revenons un peu sur une autre facette de votre parcours. Nombre de fans de la nouvelle génération ne connaissent pas votre engagement pour la cause identitaire amazighe
C'est un engagement de fait. Je ne suis pas un chanteur engagé. Je fais passer l'art avant tout. Je suis un artiste. Je chante et je dénonce tout ce qui me gêne la vue. Durant les années 70, j'ai estimé que tamazight, taqvaylit était opprimée, j'ai dénoncé cela. Je n'ai aucun regret bien sûr mais je ne tire aussi aucune fierté particulière ou un quelconque mérite. Si c'était à refaire, je ferai la même chose. Ce n'est qu'un devoir, pas plus. C'était une conviction.
Par rapport à cet engagement, on dit que vous avez été arrêtés lors de la fameuse affaire des poseurs de bombe...
Oui, effectivement mais je n'appartenais pas au groupe des poseurs de bombes. On m'avait arrêté pour avoir chanté la cause amazighe. Je peux même dire que j'étais l'un des premiers à chanter la cause amazighe en 1970. a l'époque, la cause amazighe était surtout confinée à l'université. Il n'y avait que quelques étudiants qui parlaient de la cause amazighe. On sillonnait les villages pour sensibiliser les gens, parler de ce déni identitaire. Aujourd'hui en 2015, c'est tout le monde qui se proclame de tamazight et c'est tant mieux. Cela veut dire qu'on avait raison. A l'époque, parler en kabyle à Alger était difficile, on pouvait t'arrêter pour cela. On nous disait, c'est quoi cet anglais ? A la radio, il te faut un laissez-passer pour rentrer. Un Egyptien ou un autre chanteur du Moyen-Orient, on l'attendait avec tous les honneurs à l'aéroport alors que nous, on chantait avec notre guitare. Même le chaâbi algérien subissait le même sort. Je t'apprends que El Anka n'est passé que 17 ans après à la Télévision algérienne de son pays parce qu'il chantait le chaâbi algérien et pas le moyen-oriental.
Un artiste vit avec et pour son peuple, donc tout ce qui touche son peuple, il doit toujours se mettre en avant, c'est le porte-voix des faibles, non ?
Je ne pense même pas à cela. Moi je chante encore fois ce qui me gêne la vue. Je dénonce quand j'estime que c'est injuste et ensuite que les gens suivent ou pas, c'est leur problème. Je fais mon devoir un point c'est tout. Permets-moi de revenir un peu à l'engagement dont tu parlais.
Vous faites partie d'une génération de chanteurs qui ont commencé très tôt la chanson durant une époque où chanter était un peu tabou chez nous. Comment avez-vous vécu ces moments ?
Je n'ai jamais vécu cela. Je n'ai jamais considéré que chanter était tabou mais quelque chose de noble. Pourquoi je dis cela ? Il faut dire que j'ai grandi dans un bon environnement, j'ai grandi dans un milieu d'artistes. Mon père jouait déjà du luth. Je l'ai vu jouer dans un mariage, il m'a émerveillé. J'avais à peine 5 ans, on avait déjà une radio à la maison. A l'époque, il faut le signaler, très rares étaient ceux qui en avaient une. A 6 ans, on vivait à Sétif, mon père me prenait avec lui et je chantais pour un de ses amis. Il admirait ma voix. je te fais une confidence, j'avais composé ma première chanson à 5 ou 6 ans. Durant la guerre, avant d'aller à Sétif, les Français nous rassemblaient à El-Flaye et diffuser une musique. J'étais dans les jupons de ma mère. Cette mélodie ne m'a jamais quitté. En grandissant, j'ai essayé de retrouver à qui appartenait cette mélodie. J'ai écouté toutes les chansons à la radio pour retrouver cette fameuse musique, en vain. je l'ai enregistrée en 1991, personne ne l'a revendiquée. Je me suis aperçu plus tard, en faisant des recherches, que ladite musique était celle de Djamila, mais la mélodie était composée autrement et cet air dont je t'ai parlé, c'est moi qui l'ai composé déjà tout jeune et qui est resté dans ma tête.
Aujourd'hui, c'est la chanson commerciale qui a pris le dessus. Certains disent que c'est le public qui fait l'artiste et non l'inverse. doit-il de ce fait suivre le public ?
Non, je ne suis pas d'accord avec ce raisonnement. L'artiste est celui qui travaille pour l'art et non parce qu'il doit chercher à plaire. Exprimer ce que l'on ressent. Un exemple, il a fallu des siècles à un grand monsieur de la musique universelle pour se faire connaître. Mais ses œuvres resteront pour l'éternité. Parce qu'à l'époque, le public ne le comprenait pas, mais il a continué à travailler pour la musique qu'il aimait et non pour faire plaisir. Il ne faut jamais chercher à faire du commercial.


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