Comme prévu, le match gala qui a opposé la sélection nationale au MOC des années 1970 dans le cadre du jubilé posthume de Abdelkrim Zefzef, Kerroum pour les intimes, a tenu toutes ses promesses où l'on a pu voir de belles séquences de jeu animées des deux côtés, Fendi pour le MOC et Belloumi, Menad et les autres, pour l'équipe nationale. Cependant, c'est la soirée organisée pour la circonstance, à l'hôtel El Kheyam qui a été un véritable succès avec le chantre du malouf Abbas Righi qui a emballé toute l'assistance par des mélodies qui ont fait vibrer toute la salle. Gamouh ou encore Kalem sans oublier le timide Khaïne, ont dansé sans retenue sous les youyous, dans une ambiance des grands jours. Rehaussée par la présence du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi qui dira : «Je vois ici toutes mes idoles, pour moi c'est une réelle occasion qui m'a permis d'approcher ces grands hommes qui ont marqué notre histoire. Le sport, la culture, sont les vrais moteurs d'une société, ils sont déterminants quant aux valeurs qui doivent nous imprégner tous» ; le wali, Hocine Ouaddah, présent, dira : «Les voir tous ici réunis pour honorer la mémoire de l'un d'eux est une grande leçon de vie à laquelle j'adhère, car, qui d'entre nous n'a pas été sportif un jour». La veuve du regretté Kerroum, présente avec sa petite famille, n'a pu retenir ses larmes, notamment lorsque Mokhtar Kalem a voulu faire une allocution, lui-même submergé par tant d'émotion et en sanglots ; un moment intense où la reconnaissance, le respect n'étaient pas de vains mots et tout le mérite revient aux organisateurs, notamment Nasser Eddine Megherbi ou encore, l'initiateur de ce grandiose évènement, Stopha Abboud, qui ont su, par une simple idée, réunir tout le gratin du football algérien. Tous les grands étaient donc présents dès la veille, répondant à un véritable appel du cœur, dans une atmosphère qui faisait croire que le MOC renaissait de ses cendres. Ils étaient tous là, ou presque. Ouchen, Kalem, Bachi, ou encore les anciens du MOC, Fendi, Gamouh, Sofiane et Bouriddah et la liste est encore longue, il y avait même Moussa, l'ancien médaillé olympique de boxe, venu spécialement d'Oran pour participer à une fête qui se voulait surtout une lutte contre la culture de l'oubli. Accueilli par l'actuel président du MOC dans la résidence du docteur Bencharif, une soirée leur a été offerte et c'était l'occasion pour tout ce beau monde de se retremper dans une ambiance, que seuls les footballeurs savent faire et ce ne sont pas les anecdotes, très croustillantes, qui allaient manquer pour égayer davantage la fête. Tous étaient unanimes pour dire que c'était un appel du cœur qui les a fait venir à Constantine pour honorer un illustre personnage, Abdelkrim Zefzef. Si les anciens du MOC, à l'image des Sofiane, Boudemagh ou encore Bouriddah, ne tarissent pas d'éloges à l'égard du fer de lance qu'il était, fulgurant canonnier d'une équipe qui a longtemps fait partie du cercle fermé des grands clubs d'Algérie, ceux du Centre ou de l'Ouest, ne manquent pas non plus de louer ses qualités, tant techniques que morales. Abrouk : «J'ai eu à le connaître durant des matchs de championnat mais aussi avec la sélection nationale et comme beaucoup d'autres, le respect et les valeurs morales étaient très présentes chez ce grand monsieur». Ouchen, l'ex-gardien de but du NAHD dira pour sa part : «Je remercie vivement les organisateurs de cette rencontre, elle est unique parce qu'elle a rassemblé un grand monde du football algérien, pour la plupart candidats à l'isolement et l'exclusion». Ouanès, l'autre gardien de but de Médioni d'Oran, nous raconte l'une des belles actions de Zefzef en disant : «Je me souviens d'un match où il a dribblé toute la défense et moi-même et j'ai dû aller l'embrasser pour cette prouesse qui m'est restée en mémoire parce que ce genre d'homme ne peut s'effacer de nos mémoires. Kamel Lemoui, l'ancien sélectionneur national, très ému, nous confiera : «Lorsque l'on m'a appelé, je n'ai pas réfléchi une seconde et je leur ai dit que je viendrais par mes propres moyens, parce que j'avais une envie folle de retrouver ce qui restait de la grande époque du football algérien, mais aussi pour honorer la mémoire d'un grand homme que j'ai eu en sélection nationale aux côtés d'autres, à l'image des Zerga, Lalmas. Toutefois, je tiens à remercier énormément les organisateurs qui ont le mérite de faire un regroupement national des anciens, où la plupart sont partis, alors que la fédération pouvait le faire, mais c'est sans compter sur cette culture de l'oubli qui continue de faire des ravages dans tous les milieux» ; dépité et sous le coup de l'émotion, Kamel Lemoui, ajoute : «ce qui est encore plus douloureux, c'est cette ingratitude qui caractérise le monde du sport, car comment expliquer que l'on ne nous invite même pas à des rencontres internationales, nous qui avons été les précurseurs post-indépendance et que nous avons mené à bien nos missions sans contrepartie dans la plupart du temps ?» Lakhdar Belloumi qui était présent dira pour sa part : «Je n'ai pas connu Zefzef, mais sa renommée était là à travers mes aînés et ma présence, ici à Constantine, dénote tout le respect que j'ai pour cet homme et, partant, pour ce grand club qu'est le MOC». L'autre fait saillant de cette belle soirée, tenue à la résidence du Dr Bencharif » au niveau du stade Hamlaoui, reste sans conteste les retrouvailles des anciens du MOC des années 1970 qui sont les Fendi, Krokro, Khaïne Benabdoun, Blamme, mais surtout la coqueluche, Rabah Gamouh, une génération qui a fait les beaux jours de ce club et c'était aussi une occasion pour se remémorer tant de souvenirs.