Le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Sid-Ahmed Ferroukhi, a présidé, hier, au siège de son département, les travaux d'un atelier de réflexion sur l'innovation et le transfert technologique dans l'agriculture. Younès Djama - Alger (Le Soir) - Cette rencontre s'est voulue une étape «où les différents acteurs du terrain partagent les différentes expériences menées par des institutions, des opérateurs économiques, des agriculteurs ou des éleveurs pris dans le sens large (agriculture et aquaculture), et ce, en matière d'organisation et d'appui technique (formation et vulgarisation)». Cet atelier, qui regroupe les différents acteurs de la filière agricole, est l'occasion de faire le point sur certaines initiatives d'acteurs du domaine en matière d'innovation ; il se veut aussi un moyen pour redéfinir les priorités d'action de l'ensemble des institutions chargées d'apporter un appui technique aux opérateurs économiques. Car, «un appui plus efficace (aux opérateurs économiques) apparaît aujourd'hui comme une des conditions essentielles de la réalisation de la sécurité alimentaire et de la diversification de l'économie». Lors d'un point de presse, le ministre a déploré le mode opératoire actuel et annonce qu'un nouveau modèle verra le jour. Il a fixé la date du 15 décembre 2015 pour les animateurs de l'atelier précité en vue de sortir avec des propositions concrètes. «Dans l'ancien système, il y a en son cœur le public avec toutes ses capacités. Aujourd'hui, nous voulons rééquilibrer ce système en remettant en son cœur les opérateurs privés, le secteur public leur servira d'accompagnateur», a affirmé le ministre. A titre d'exemple, Ferroukhi cite le cas concret d'un opérateur privé disposant d'un grand réseau d'éleveurs mais qui fait face à une mauvaise qualité du lait, son souhait est d'améliorer la productivité de ces éleveurs. La nouvelle orientation à laquelle fait référence le ministre voudrait qu'on le laisse monter le système et à côté on l'encourage. Ainsi, il recrute lui-même des ingénieurs, les forme et entreprend un travail avec les éleveurs. «L'opérateur privé aura ainsi accompli 90% du travail. Le secteur public est disposé à lui assurer la formation de ses cadres. Ce qui n'était pas le cas dans la logique ancienne», note Ferroukhi. L'Etat a-t-il pour autant les moyens de sa mission ? Pour Sid-Ahmed Ferroukhi, ce n'est pas tant une question de moyens. «Ma propre expérience m'a appris que, même de petites équipes peuvent être plus efficaces que les grandes équipes. Ce n'est pas le nombre qui fait l'efficacité, ce sont d'abord les leaders, la démarche, la qualité, les instruments et le management, ce sont ces facteurs-là qui font l'efficacité», relève-t-il, regrettant le manque de synergie entre les différents acteurs du secteur, entre les chercheurs d'un côté et les agriculteurs et autres exploitants agricoles. «L'OAIC (Office algérien interprofessionnel des céréales) dispose aujourd'hui de 400 ingénieurs dans les différentes coopératives et exclusivement versés dans le volet lié à la production céréalière. C'est vrai qu'il en faudrait 4 000, mais je ne suis pas sûr aujourd'hui qu'avec la méthode actuelle que ces 400 ingénieurs soient utilisés à 100% de leur potentiel», explique Ferroukhi.