«Le marché algérien est certes un marché francophone mais ça reste un marché complexe avec des règles qui n'existent pas ailleurs ou peut-être dans d'autres pays mais certainement pas en France, qu'il convient non pas de bannir ou de critiquer mais de comprendre». Le ton est donné par Damien Soupart chargé de développement énergie-Business France, hier lors de sa présentation à l'hôtel «Four Points» au Sheraton d'Oran, durant une rencontre économique regroupant des opérateurs économiques algériens et catalans sur le thème «Entreprendre en Algérie». Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Initiée par l'association «France Méditerranée pays catalan», en collaboration avec la Chambre de commerce et d'industrie de l'Oranie, cette manifestation a permis des rencontres des professionnels avec des opérateurs et des investisseurs des deux rives, suivies de séances «B to B» et des visites d'entreprises. Comme préambule, la partie algérienne a présenté aux participants un aperçu sur les atouts de l'Algérie, et d'Oran en particulier, mais également des notions sur le marché du foncier industriel, les modalités de création d'entreprises. Avec une conviction que la seule voie vers le développement c'est l'investissement. Celui qui aura le plus répondu aux innombrables interrogations des opérateurs économiques pour la plupart français ou algéro-français, aura été sans nul doute Damien Soupart chargé de développement énergie-Business France, qui a dressé un tableau franc, une vision purement française du marché algérien. Evoquant l'aspect «traditionnel», dit-il, de l'Algérie en tant que pays fortement importateur, il rappellera que de 2000 à 2014, les importations ont été multipliées par six. «Depuis le début de 2015, l'Algérie a été le premier importateur de véhicules, d'où la course actuelle à l'implantation en Algérie pour les constructeurs. Troisième importateur pour les céréales et les produits laitiers et cinquième importateur pour le sucre». Il précisera que pour ce dernier, «cette situation va changer puisque la première raffinerie de sucre devra être inaugurée par notre ambassadeur à la fin du mois». En abordant l'environnement des affaires en général, l'intervenant n'omettra pas de citer la règle 51/49 «il y a une obligation de participation nationale pour les entreprises qui souhaitent produire ici. C'est la fameuse règle des 51/49 qui n'est pas près de disparaître contrairement à ce que certains peuvent dire». «En Algérie, le problème de l'argent n'en est pas un parce que la plupart des crédits sont reportés faute d'engagements». Une remarque qui se veut un éclairage pour les Français en particulier. «Le plan quinquennal d'investissement public, le budget 2010-2014», ce sont 286 milliards de dollars dont 130 milliards pour parachever les grands projets non terminés. Environ 50% de ces budgets sont reportés pour les années suivantes parce qu'ils ne sont pas engagés. Donc, les entreprises notamment françaises qui nous disent qu'il n'y a pas d'argent en Algérie se trompent, il y a peut-être d'autres problèmes. C'est avec regret mais réalisme que l'intervenant parle du domaine de la sous-traitance et du marché des travaux publics. Il reconnaît qu'il y a plusieurs domaines qui sont exclus pour les entreprises françaises parce qu'ils sont absolument trustés par les entreprises chinoises, dit-il. Et d'être plus direct « c'est le cas des routes, des tunnels et des grands ouvrages. Tout simplement parce que les prix sont trop faibles et généralement même ces entreprises chinoises préfèrent travailler à perte pour occuper leur personnel plutôt que de suivre le prix du marché, alors que souvent les entreprises françaises arrivent avec un prix supérieur à 60 ou 70%». Voulant sans douter conseiller ceux intéressés par un éventuel investissement dans le tourisme en Algérie, Damien Soupart dira que dans le secteur du tourisme en Algérie tout est à faire. «Une fois encore, le gouvernement lance un millier de projets dans ses dernières déclarations, en fait ce sont des projets qui sont annoncés périodiquement mais très peu aboutissent». Dans un souci d'assurer une place importante de la France dans le marché algérien, l'intervenant dira presque solennellement que c'est là la dernière fenêtre d'opportunités pour la France et son économie pour pénétrer le marché algérien. «L'essentiel, c'est de comprendre ce marché et d'y aller parce que clairement d'ici 5 ans, ce marché sera ouvert et ceux qui prennent des positions maintenant seront certainement les grands gagnants dans les cinq prochaines années».