L'ancien Premier ministre français, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des Forces armées du Sénat français, Jean-Pierre Raffarin, est l'hôte de l'Algérie. Une visite qui revêt, en fait, plusieurs sens mais qui soulève des questionnements. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) L'ancien Premier ministre et président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat français, Jean-Pierre Raffarin, est à Alger depuis dimanche dernier, dans le cadre d'une visite de trois jours. Un déplacement effectué à «l'invitation des autorités algériennes», assure-t-on au niveau de l'ambassade de France à Alger. Selon la représentation diplomatique, Jean-Pierre Raffarin devait être reçu par les présidents des deux chambres du Parlement, le Premier ministre et des membres du gouvernement algérien. L'invité français a été également reçut par le président de la République. Chargé entre 2010 et 2014 par le président de la République française de contribuer au développement des relations économiques bilatérales, l'ancien Premier ministre français devait également rencontrer hier soir le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE). Une visite qui, relève la même source, «illustre l'intensité de la coopération interparlementaire franco-algérienne» et «manifeste la qualité exceptionnelle de la relation bilatérale et le dialogue permanent entre la France et l'Algérie sur l'ensemble des questions régionales et internationales». Le déplacement de l'ancien Premier ministre français à Alger suscite néanmoins questionnement, au regard notamment de la fonction qu'il exerce actuellement. Sénateur de la Vienne (Poitou-Charentes), Jean-Pierre Raffarin est également président de la délégation parlementaire au renseignement, une instance commune aux deux chambres du Parlement français et dont la mission est de suivre l'activité générale et les moyens des services de renseignements français. Au-delà de la consolidation de la coopération interparlementaire, évoquée lors de l'audience accordée par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, à l'illustre hôte, le déplacement de celui-ci s'inscrit-il dans le cadre de cette mission de suivi de l'activité de renseignement ? Des préoccupations internes françaises mais aussi algériennes, voire des «affaires» requièrent-elles, l'expertise de l'ancien Premier ministre français ? Autre interrogation, le président de la commission sénatoriale en charge des questions diplomatiques effectue-t-il une mission de bons offices auprès de l'Algérie, dans le contexte de la crise au Yémen (lancement d'une coalition militaire menée par l'Arabie Saoudite contre la rébellion chiite) et du règlement attendu du problème du nucléaire iranien ? Les autorités françaises escomptent-elles davantage de compréhension et d'implication de l'Algérie dans ces dossiers, nonobstant la convergence de vues sur le dossier du Mali notamment ? Jean-Pierre Raffarin qui a été reçu par le ministre des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a-t-il abordé la situation en Libye ? Au-delà de ces questions diplomatiques, la visite de l'ancien envoyé spécial du président français pour les questions économiques bilatérales, une mission qu'il a cessée d'exercer pour se consacrer à sa fonction parlementaire, s'inscrit-elle encore dans ce contexte ? Boostée par la concrétisation et lancement de plusieurs projets de partenariats industriels et de transferts d'expertise, la coopération économique algéro-française semble évoluer positivement, malgré l'affaiblissement de la position commerciale de la France. Même si la mission qu'il exerçait est confiée dorénavant à l'ancien secrétaire général de l'Elysée, Jean-Louis Bianco, le président de la commission sénatoriale française s'est-il déplacé pour préparer la prochaine réunion d'étape du comité mixte économique franco-algérien, prévue le mois prochain à Algérie en présence des ministres français des Affaires étrangères et de l'Economie ? Une réunion d'étape dont l'ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié, n'a pas manqué de faire part dimanche soir lors d'une réception en l'honneur du dirigeant français et en présence de parlementaires et d'opérateurs économiques algériens. La venue de Jean-Pierre Raffarin vise-t-elle à contribuer au règlement de certains contentieux entre pendants entre les establishments économiques et commerciaux des deux pays ?